Lutter contre le dérèglement climatique ? Trop tard !

Par Philippe Cahen  |   |  422  mots
Que COP21, la conférence Paris Climat 2015, coûte près de 200 millions d'euros, n'est pas un problème en soi. Toute tribune internationale est une chance.

Que son but affiché soit le ralentissement du développement humain est un problème, car non universellement accepté. Donner comme marqueur unique le CO2 est une faute. En France, on y ajoute les particules fines, surtout celles du diesel... Cela prête à sourire.

Un exemple : la pollution à Paris était telle les 9 et 10 avril, qu'il fallait y imposer la circulation alternée. Mais personne n'a demandé la suspension du marathon de Paris le 12 avril, ni même la Course du petit-déjeuner (3 000 participants au moins) dans les rues de Paris, le 11 avril. Quelle crédibilité, sinon une démarche anti-voiture ?

Comment les braves Français que nous sommes pouvons-nous soutenir une action importante sans la comprendre ?

On nous répète chaque jour que le CO2, le gaz carbonique, contribue au réchauffement. Le méthane - l'un des six gaz à effet de serre -, aussi, voire plus. Et peu est fait pour contrecarrer son développement. Réduire l'émission d'une tonne de méthane dans l'atmosphère, c'est réduire l'équivalent de 25 tonnes de gaz carbonique. Or le méthane, c'est nos vaches, l'extraction des énergies carbone, le stockage des déchets ménagers. Le méthane est aussi enfermé dans le sous-sol de Sibérie, le pergélisol (ou permafrost, le sol gelé).

Sous 19 millions de km2, il y aurait 1.700 milliards de tonnes de carbone organique, soit deux fois la quantité de carbone de l'atmosphère. Une bombe à retardement. On nous parle aussi d'une hausse de 2°C de la température d'ici à 2100. Quelle que soit la mobilisation financière, l'élévation de la température sera plus proche de 4°C (3,6°C selon l'ONU), voire 6°C.

Même l'accord climatique de Pékin et Washington de novembre 2014, celui des deux principaux pollueurs, admet que cette prévision est trop optimiste. Il faut lutter avec le dérèglement climatique.

Rappelons-nous que le climat a, en quelques millions d'années, modelé l'homme. Lucy se tenait debout parce que la sécheresse avait fait disparaître les arbres. Aujourd'hui, la faune et la flore s'adaptent aux modifications climatiques.

Et l'on ne connaît pas tout : l'océan Antarctique retient 50 % du carbone absorbé par les océans, le niveau de profondeur futur du Gulf Stream reste inconnu... Mais l'on sait dans le monde entier que les canettes d'aluminium sont recyclables par circuit spécifique. Mais pas à Paris.

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013