Les vertus de l'emprunt forcé

Par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.
Copyright Reuters

La France a une longue tradition d'emprunts forcés. Qui ne se souvient de ces magnifiques images de coq sur fond de soleil levant appelant les Français à la souscription nationale pour participer à l'effort de guerre. On vantait alors l'emprunt comme acte patriotique. En 1993, l'emprunt Balladur, après le Pinay de 1952 et le Giscard de 1973, avait remporté le plébiscite des Français, à un coût, il est vrai, prohibitif pour les finances publiques. Rien de tel aujourd'hui : tenté en 2009 par un grand emprunt, Nicolas Sarkozy y a vite renoncé, pour ne pas courir le risque d'un échec humiliant. Cela aurait été, comme avait ironisé Denis Kessler, PDG de Scor, comme resservir un double pastis à un alcoolique qui a une énorme gueule de bois ! Les Français ne sont plus prêts à financer un Etat impécunieux par un impôt déguisé sur leur épargne.

D'autant plus que leur pouvoir d'achat s'effrite avec la crise. Comme le prouve deux mois consécutifs de décollecte sur l'assurance-vie (qui détient, soit dit en passant un cinquième de la dette française), les Français n'épargnent pas, ils désépargnent. Reste qu'à trop avoir voulu internationaliser sa dette la France s'est mise d'elle-même en risque de subir le contrecoup du départ des investisseurs étrangers dès lors que sa signature est contestée. L'Etat aurait donc intérêt à renouer avec le placement direct de sa dette auprès des particuliers. Il y a pourtant place en France pour un produit de rente publique défiscalisée, indexée sur l'inflation, qui offrirait une alternative à l'assurance-vie et aux Sicav qui ne servent plus qu'à engraisser les banques de juteuses commissions. La crise de la dette offre cette opportunité unique à l'Etat de retrouver un lien avec l'épargnant, qui est aussi un électeur et sera, dès lors, en tant que créancier, d'autant plus sensible à la bonne gestion des affaires publiques.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 29/11/2011 à 12:38
Signaler
Avant que d'employer les grands moyens pourquoi ne pas commencer par des mesures simples.Si le trésor public permettait à nouveau aux particuliers d'ouvrir des comptes auprès de ses guichet cela apporterait de l'argent frais à l'Etat Français .

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.