Autour de Veolia

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Par Jacques Rosselin, directeur de la rédaction de La Tribune.

La semaine dernière, dans l'indifférence générale, mourait un des hommes qui fut l'un des plus puissants de France, Guy Dejouany, ancien patron de la Compagnie générale des Eaux, ancêtre de Veolia. Tout a été dit ou presque sur la Compagnie et son très influent patron, notamment sur les liens qu'elle a tissés avec les collectivités locales et les élus français de tous bords. C'est par cette "grande école" des relations public-privé qu'est passée une partie de l'élite du patronat français. On pense à Jean-Marie Messier, qui devint patron de Vivendi, Antoine Zaccharias, qui plus tard dirigea Vinci ou Stéphane Richard, aujourd'hui patron de France Télécom. C'est là qu'Henri Proglio commence sa carrière dans les années 1990.

A l'époque proche de Jacques Chirac, il sera un des invités du fameux dîner du Fouquet's, organisé pour fêter la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 et nommé quelque temps plus tard à la tête d'EDF. Henri Proglio est le digne héritier de Dejouany et de ce qu'on pourrait appeler le business "à la française", caractérisé par une porosité certaine entre sphère publique et privée. Mais à l'entregent politique auprès des collectivités locales viennent depuis quelques années s'ajouter des affaires bien moins provinciales.

Le douxième chapitre du dernier livre de Pierre Péan, "la République des malettes", sobrement titré "Autour de Veolia", qui met en scène les relations de l'homme d'affaires Alexandre Djouhri avec le pouvoir et les milieux d'affaires illustre ce tournant "culturel" et laisse le lecteur pantois. Inutile de souligner l'importance stratégique de Veolia et EDF dans les secteurs de l'énergie et de l'environnement et les défis qu'elles devront relever dans les années qui viennent. Les difficultés financières de la première doivent moins à la crise qu'à ce système "à la française" avec lequel ses dirigeants seraient bien avisés de rompre.