Etre ou ne pas être un Brics...

Par froche@latribune.fr  |   |  317  mots
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Par François Roche, conseiller éditorial à La Tribune.

Au départ, les Brics étaient un concept d'économistes, un objet d'allocation d'actifs séduisant pour salles de marché en mal d'exotisme. Aujourd'hui, le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Sud, mais aussi l'Indonésie, le Nigeria, la Turquie aspirent à intervenir dans les affaires du monde, sous des formes diverses, parfois désordonnées, mais qui montrent que les équilibres économiques de la planète changent. Ces pays sont aussi des moteurs de croissance pour l'économie mondiale. Mais à mesure qu'ils s'intègrent dans les échanges commerciaux et les flux financiers, ils deviennent de plus en plus liés à la conjoncture économique de l'Europe et des Etats-Unis. D'où les craintes d'une contagion qui priverait l'Occident de marchés prometteurs et les pays émergents d'investissements industriels et financiers.

Ne théorisons pas trop vite. Dans l'économie globale, chacun de ces grands pays évolue malgré tout dans son écosystème économique et géographique. La Chine joue sa partie au coeur de l'Asie du Sud-Est et tente de faire de la mer de Chine sa "mare nostrum" en même temps qu'elle part à la conquête de l'Asie centrale. La bonne santé économique de la Russie est étroitement liée aux cours du brut de l'Oural. Elle vient de perdre dix ans dans une diversification économique ratée et il est probable que ses dirigeants en paieront un jour le prix politique. La Turquie, qui n'appartient pas officiellement au club mais qui pourrait y prétendre, s'installe comme un pôle d'influence majeur au sein du monde arabo-musulman et elle jouera un rôle décisif dans la reconstruction économique des régions touchées par les révolutions arabes. Les Brics sont tous très différents et ne recherchent pas de cohérence politique. Ils ont pourtant pris conscience de leur force collective, même s'ils ne savent pas encore comment l'utiliser.