La fin de l'Europe politique

Par latribune.fr  |   |  293  mots
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Par Jacques Rosselin, directeur de la rédaction de La Tribune.

Le silence assourdissant qui a suivi l'annonce des décisions du dernier sommet européen est-il lié à la torpeur du week-end ? A l'incrédulité que suscitent désormais les échéances "historiques" et les réunions "décisives" ? A moins qu'il ne s'agisse tout simplement d'un silence de mort : vingt ans jour pour jour après la signature du fameux traité de Maastricht, c'est bien l'oraison funèbre de l'Europe politique qui a été prononcée à Bruxelles. Rappelons-nous : il suffisait de créer l'euro, une banque centrale européenne indépendante et de donner quelques prérogatives au parlement européen pour que l'Europe politique devienne une réalité.

C'est cette même pensée magique qui reste à l'oeuvre aujourd'hui lorsque l'on présente comme une victoire pour l'Union la perspective d'un accord à vingt-six sur la rigueur budgétaire. Inscrire dans les parchemins nationaux des pays européens une "règle d'or" fera mystérieusement converger l'ensemble des pays vers un même idéal : celui d'une Europe enfin unie dans la rigueur et l'austérité. Réjouissante et ambitieuse perspective pour ce "petit coin de paradis" qui affiche aujourd'hui les taux de croissance les plus bas de la planète. A défaut de vision politique, tant sur le plan monétaire que social, budgétaire ou international, l'Europe devra se contenter d'un pilotage automatique par la Commission de Bruxelles, qui pourra appliquer des sanctions sur les pays déficitaires s'ils rechignent à activer leur "Schuldenbremse" (frein à l'endettement), une invention allemande dont l'efficacité reste à démontrer, si l'on en juge par sa dette, supérieure à celle de l'Espagne. "Un gouvernement économique à la française, une règle d'or à l'allemande", se réjouit-on l'Elysée. Voilà qui promet. Et qui reste à vendre aux électeurs.