Et si l'on osait l'Europe sociale

Par latribune.fr  |   |  369  mots
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Par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

On va donc manifester ce mardi en France contre la rigueur, dans une première réaction de la rue après les deux plans annoncés depuis l'été. Le premier n'avait pas fait bouger d'une oreille les leaders syndicaux. Le second, présenté sous la pression des agences de notation, a été pris plus au sérieux. Accélération du passage à 62 ans de l'âge du départ à la retraite, gel de certaines prestations sociales : les syndicats ne pouvaient laisser passer ces mesures sans offrir à la rue une "soupape".

Au vu de la faible mobilisation attendue, la lutte finale contre l'austérité n'est pas encore engagée. La proximité de l'élection présidentielle, la prise de conscience sans doute de la gravité de la crise rendent le terrain peu propice à un mouvement social d'ampleur. Plutôt que la rue, le "social" a peut-être aussi d'autres voies à explorer dans cette période électorale. Dans son discours de Toulon, Nicolas Sarkozy a pris garde d'inviter les partenaires sociaux à un sommet pour l'emploi en janvier. La ficelle est un peu grosse, mais cette demande de la CFDT pourrait offrir l'occasion de décanter un certain nombre de sujets avant le vote du printemps.

Le même François Chérèque, qui manifestera ce matin, participera d'ailleurs ce soir, aux côtés des leaders de la CFTC et de la CFE-CGC, à un débat sur la compétitivité à l'invitation de Laurence Parisot, au Medef. Le paradoxe n'est qu'apparent : tous les responsables, syndicaux comme politiques, voient bien que pour sortir de cette crise, on ne pourra pas se contenter d'un discours de rigueur sans fin : il faudra surtout innover, en proposant des solutions nouvelles pour débloquer l'emploi et le pouvoir d'achat. Si convergence économique, budgétaire et fiscale il doit y avoir en Europe, pourquoi ne pas l'étendre à la sphère sociale, en important en France certaines des meilleures pratiques de nos voisins comme l'Allemagne sur le chômage partiel, le Danemark sur l'emploi des jeunes et la Finlande ou la Suède sur celui des seniors ? Il y a là matière à débattre un nouveau donnant-donnant entre les entreprises et les salariés.