L'euro baisse, enfin une bonne nouvelle

Par pmabille@latribune.fr  |   |  329  mots
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Par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction de La tribune.

"L'Union pour l'instabilité et la stagnation", voici comment Martin Wolf, l'éditorialiste vedette du « Financial Times », voit l'accord européen pour un nouveau traité intergouvernemental à 26. Et pour une fois, ce n'est pas tellement le dépit britannique - il considère l'auto-exclusion de David Cameron comme une grave erreur stratégique - qu'il exprime, mais le sentiment général des économistes qu'une fois de plus l'Europe est passée à côté du sujet. Il y a bien eu un pas en avant vers l'Union fiscale, qualifié d'« irréversible » par Angela Merkel. Mais où est passée la croissance, ce fameux « deuxième pilier » de la construction européenne ? Son absence criante a été masquée par le coup de poker raté du Royaume-Uni, qui a détourné l'attention du vrai problème de la zone euro : la course à l'équilibre budgétaire, trop rapide pour Olivier Blanchard, l'économiste en chef du FMI, conduit tout droit à la déflation sans résoudre le déséquilibre de croissance entre le Nord et le Sud. Et pour y parvenir, il faudra beaucoup de temps, a martelé hier la chancelière allemande. Il n'en a pas fallu plus pour que les marchés fassent craquer la dernière digue encore solide, celle de l'euro lui-même. Jusqu'ici, la monnaie européenne avait remarquablement résisté aux attaques sur les dettes publiques. La perspective d'une longue période de stagnation en Europe, alors que les États-Unis commencent à repartir, a dopé le dollar, redevenu la seule valeur refuge dans un monde où il n'existe plus aucun actif sans risque. La dégradation de la note triple A de la France mais aussi de l'Allemagne, plombée par ses banques, va sans doute accentuer la chute de l'euro. Et à vrai dire, à défaut d'une initiative de croissance que la nouvelle Union européenne se montre incapable de prendre, cette dévaluation apparaît comme la seule vraie bonne nouvelle des derniers jours.