La peur du passage à vide

Par Eric Walther, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.
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Encore loupé. Le gouvernement français avait planifié la perte de notre AAA pour la fin de la semaine dernière, au pire pendant le week-end. Standard & Poor's en a décidé autrement. Ce sera pour plus tard. La communication sur notre "trésor national" est décidément à la peine. Après avoir tiré au bazooka sans grand succès sur ces agences de notation usurpatrices d'un pouvoir immense pour tenter d'affaiblir l'impact de leurs éventuelles dégradations, Paris avait dirigé les canons sur Londres, en emballant ses obus d'un message pas vraiment cordial : "messieurs les Anglais, votre économie est dans un bien pire état que la nôtre, alors cessez de nous donner des leçons." Entendez "messieurs des agences, vous feriez mieux d'aller jeter un coup d'oeil de l'autre côté de la Manche". Comprenez, chers Français, "les jugements de gens qui passent à côté d'un tel risque pour les emprunteurs ne valent pas tripette". Diversion ratée, donc.

L'histoire nous a certes habitués à de longs conflits avec la perfide Albion. Mais on imagine mal les deux capitales continuer de batailler ainsi, façon cour de récréation. La stratégie du bouc émissaire a montré ses limites. On se souvient de la fumeuse théorie du complot anglo-saxon contre l'Europe distillée cet été par Laurence Parisot et consorts, ou des récentes petites poussées germanophobes. Elles n'ont servi qu'à masquer, le temps d'une flammèche médiatique, cette simple et malheureuse réalité : les pouvoirs politiques sont sans voix. Sans voix face à la crise, sans voix vers ceux qui en souffrent, sans voix pour ceux qui demandent des comptes ou de nouvelles... voies.

Nicolas Sarkozy ne craint rien plus que ces passages à vide discursifs. Il est en la matière un champion du changement de pied pour effacer les mauvaises "séquences". Que l'on nous annonce un nouveau temps politique début janvier sur le thème de l'emploi n'a donc rien de surprenant. Il va falloir cette fois au président-candidat un pouvoir de conviction exceptionnel.

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Commentaire 1
à écrit le 19/12/2011 à 10:08
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qu'est-ce qu'on rigole : la situation est grave ??? les politiques n'ont pas de solution ??? MAIS TOUT SIMPLEMENT CAR ILS NE PEUVENT RIEN F A I R E !! ils ne savent que créer des impôts !!!!

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