La petite mort de l'assurance-vie

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Par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Ne nous affolons pas ! Avec près de 1.375 milliards d'euros d'encours à fin octobre, l'assurance-vie reste le placement préféré des Français. La crise commence toutefois à lui porter un coup sévère, comme en témoignent les trois mois consécutifs de baisse de la collecte nette. La diminution des versements concerne surtout les contrats obligataires, en euros, victimes de la défiance des Français sur les dettes souveraines et de la chute des rendements, qui devraient tomber en dessous de 3% cette année. Les contrats en unités de compte, en revanche, résistent mieux à ce désamour.

Depuis l'été, les épargnants français sont devenus hyper-prudents. La menace que font peser les agences de notation sur la signature Triple A de la France montre qu'il n'y a plus placement sans risque. N'étant garantie qu'à hauteur de 70.000 euros en cas de coup dur, l'assurance-vie n'apparaît plus comme une assurance tous risques. A cela s'ajoute la concurrence d'autres placements, comme le livret A, dont le rendement défiscalisé pourrait remonter à 2,75% en février, mais aussi l'or et l'immobilier. Il faut dire que les frais d'entrée, de sortie et de gestion de l'assurance-vie sont aujourd'hui devenus scandaleusement élevés au regard du faible rendement de ce produit. Et certains de rêver à l'invention d'un nouveau produit d'épargne, sûr et combinant revenus réguliers et préparation de la retraite. Ce produit pourrait avoir un nom : la rente perpétuelle, comme sous l'ancien régime.

De fait, l'assurance-vie ne doit sa prééminence qu'aux avantages fiscaux exorbitants que lui accorde l'Etat. Celui-ci est bien bon car il a ainsi fabriqué une poule aux oeufs d'or pour les établissements financiers. Il suffirait que le même Etat mette fin à ces privilèges et émette lui-même directement des emprunts indexés sur l'inflation à destination des particuliers pour remplir le même objectif. Et alors, adieu les juteuses commissions...