La TVA sur le tapis de poker électoral

Par pmabille@latribune.fr  |   |  373  mots
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Par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Président jusqu'au bout, Nicolas Sarkozy a un incontestable talent de candidat. En faisant annoncer hier que la TVA sociale (pardon, la « taxe sur les importations »...) sera votée avant le premier tour de la présidentielle, le chef de l'Etat joue tapis dans la partie de poker qui va bientôt commencer contre François Hollande. Placer sa réélection au défi de la compréhension par les Français d'une réforme aussi complexe, qui associe la baisse des cotisations sociales de la branche famille et une hausse de plusieurs points de la TVA, l'impôt probablement le plus impopulaire, n'en déplaise à Alain Juppé, il fallait oser. Une réforme à laquelle il avait renoncé en début de mandat, parce qu'elle avait fait perdre cinquante sièges de députés à l'UMP et qui revient en boomerang.

Sachant son destin lié à celui de Nicolas Sarkozy, la majorité soutient aujourd'hui la TVA sociale sans état d'âme. Piégé, comme par la règle d'or ou la Scop de SeaFrance, ce sera au Parti socialiste de se positionner, sur un terrain qui le met mal à l'aise (surtout sur son aile gauche). Rien n'est pourtant réglé sur le fond : le sommet social du 18 janvier permettra juste de constater le rejet par les syndicats de cette réforme portée par le patronat. La question est simple : qui bénéficiera de cette fiscalisation de la branche famille ?

C'est là que Nicolas Sarkozy jouera peut-être son coup de maître. Car, selon le partage choisi entre la baisse des cotisations salariés et/ou de celles des employeurs, la "TVA sociale" sera plus ou moins avantageuse pour la feuille de paie. Gageons que Nicolas Sarkozy choisira la répartition la plus favorable au pouvoir d'achat. Après tout, la gauche l'a bien fait en 1997 en transférant une partie des cotisations maladie sur la CSG. Cette TVA sociale est donc un coup bien plus politique qu'économique. Par rapport aux Chinois, l'impact sur le coût du travail sera imperceptible. Mais par rapport à notre principal concurrent, l'Allemagne, qui l'a déjà expérimentée avant nous, le jeu en vaut peut-être la chandelle. Reste à en convaincre les Français.