Le miracle américain ? Un rêve

Par ewalther@latribune.fr  |   |  289  mots
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Par Eric Walther, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Les spécialistes ont longtemps été formels : l'Amérique s'en sort quoi qu'il advienne et émerge d'une crise "plus forte que jamais". Le cliché semblait avoir jauni. Que n'a-t-on entendu cet été sur cette économie minée par des dérives financières délirantes, désemparée face à une mondialisation galopante et détruisant des pans entiers de son industrie ? Que n'a-t-on asséné de ce côté de l'Atlantique sur le sombre avenir d'une superpuissance fatiguée, devenue une simple machine à consommer et à créer des déficits ? La descente aux enfers de ses constructeurs automobiles constituait un formidable symbole de cette désespérance. GM en faillite, Chrysler repris par Fiat après sa énième quasi-disparition...

Et voilà que la bagnole américaine pète à nouveau la forme. Certes, beaucoup de ménage a été fait. Les usines de Detroit ont payé cher les vagues de délocalisations. Et ce sont les gros 4×4 qui tirent le marché, au mépris de toutes les contraintes environnementales que les Big Three devront bien un jour réellement prendre en compte. Mais l'essentiel est ailleurs. Un essentiel que les apôtres de cette "formidable Amérique qui ne cessera jamais de nous donner des leçons" oublient trop facilement : cette Amérique, c'est aussi et surtout 300 millions de consommateurs riches et de culture commune. Une situation encore unique au monde qui génère des effets d'échelle considérables. L'impact d'une progression de 5% sur un marché de 12 millions de véhicules, c'est autre chose que sur le "petit" marché français (2 millions). Le rêve d'un grand marché européen unifié s'était bien évidemment nourri de ce miracle américain. L'histoire est loin d'en être là.