Du Parthénon au Capitole

Par François Roche, conseiller éditorial à La Tribune.
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Avec la meilleure volonté du monde, et tout le respect que l'on doit au peuple qui a inventé la démocratie - comme les Grecs aiment à le rappeler -, il est difficile de ne pas s'interroger sur l'attitude de la classe politique et plus généralement, des élites de ce pays, face au désastre qui s'annonce. Certes, on est en droit de reprocher aux gouvernements de la zone euro de n'avoir pas su, lorsqu'il en était encore temps, mettre en place un plan de sauvetage de la Grèce volontaire dans sa conception et rapide dans sa mise en oeuvre. Ce manque de détermination et de solidarité aura une nouvelle fois illustré jusqu'à l'absurde le fol adage d'Henri Queuille : "il n'est pas de problème qu'une absence prolongée de solution ne finisse par résoudre."

De fait, le problème grec est en train de se résoudre, sous la forme d'un défaut pur et simple. Mais on ne saurait passer sous silence l'extraordinaire manquement de la gouvernance grecque à ses responsabilités. Il a fallu plusieurs mois pour que les deux principaux partis politiques du pays, le Pasok de Georges Papandréou et Nouvelle Démocratie d'Antonis Samaras, ne se résignent à former un gouvernement de salut public, sous la direction de Lucas Papademos. Mais cette coalition est incapable de mettre sur pied le plan de redressement que la Troïka attend de lui.

Les décisions sont annoncées mais non mises en pratique. Sur la partie "recettes" du plan, les privatisations, le gouvernement et l'administration sont d'un immobilisme coupable. Le projet de "geler" l'emploi de 30.000 fonctionnaires n'a été appliqué que très partiellement. La dérégulation d'un certain nombre de professions, décidée en 2010, n'est toujours pas entrée en vigueur. Seules les augmentations d'impôts ont été mises en oeuvre, mais frappent les ménages les plus modestes et les petites entreprises, qui n'ont pas pu mettre leur épargne à l'abri hors de Grèce (l'équivalent de 75 milliards de dollars auraient quitté le pays depuis les débuts de la crise). L'élite politique grecque semble compter sur une sorte de "deus ex machina" pour tout à la fois annuler la plus grande partie de la dette, renégocier l'émission de nouvelles obligations dans des conditions favorables, préserver leurs positions acquises et leurs rentes de situation. Cela ne se produira pas.

Si la Grèce fait défaut, ce ne sont pas les élites économiques, dont les actifs et les revenus sont sécurisés, qui souffriront. La Grèce se paupérise, sans réformes structurelles, donc sans espoir de rebond à court terme. De l'autre côté de l'Adriatique, Mario Monti donne un autre exemple, dont les Grecs pourraient s'inspirer. Certes la situation économique de l'Italie n'est pas comparable, mais il existe à Rome une volonté de sortir le pays du surendettement au moyen de réformes de structure, avec le soutien d'une partie de la classe politique. C'est le minimum dans les circonstances actuelles, pourrait-on dire. Peut-être, mais ce minimum n'est pas atteint à Athènes...

En Italie, Mario Monti donne un exemple dont les Grecs pourraient s'inspirer.

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