Etre ou ne pas être élu, voilà la question

Par pmabille@latribune.fr  |   |  373  mots
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Par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

François Hollande était très attendu pour ce premier grand discours de campagne. Par les militants socialistes, qui commençaient à douter de la pertinence de leur choix, après le long faux plat depuis les primaires de l'automne. Par les électeurs, inquiets du flou savamment entretenu par ce candidat sans programme. Hollande est-il vraiment capable de gouverner la France ? La question était jusqu'à hier légitime. Elle l'est moins ce matin. François Hollande était attendu enfin par Nicolas Sarkozy, qui, tout en entretenant un faux suspense sur sa propre candidature, manquait de prise sur un adversaire insaisissable.

La réponse du Bourget est claire et nette : Hollande sera pour le président sortant un adversaire redoutable, compétent et ferme sur ses positions. Ceux qui tablaient sur un Parti socialiste divisé en seront pour leurs frais. Tous unis derrière leur candidat, les ténors et autres éléphants du PS ont soutenu hier sans ambiguïtés celui qui défendra les couleurs de la gauche. Cela fait une grosse différence avec l'élection de 2007, où Ségolène Royal avait fait campagne à l'écart de son parti. Mais François Hollande est loin d'avoir levé hier toutes les ambiguïtés. En faisant de la finance son "principal adversaire", il satisfait le populisme ambiant qui fait des marchés le bouc émissaire de nos propres erreurs.

Mais en dénonçant, comme Nicolas Sarkozy avant lui, un ennemi imaginaire, sans visage comme il le reconnaît lui-même, il détourne l'attention du peuple d'autres problèmes aussi importants que celui de la dette, du chômage, de la désindustrialisation ou de la compétitivité. Et là, il faut bien le constater, François Hollande n'a pas développé hier de réponses plus convaincantes que celles envisagées par le camp d'en face. Alors, puisque François Hollande aime bien Shakespeare, peut-être devrait-il méditer ces deux citations du même auteur : "les paroles sonnent bien, quand celui qui les dit plaît à qui les écoute" et "c'est un malheur du temps que les fous guident les aveugles". Commencer par le rêve, c'est bien. A condition de ne pas le finir sur un cauchemar...