Une révolution fiscale en marche

Par François Roche, conseiller éditorial de La Tribune.
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C'est à un exercice particulièrement difficile auquel s'est livré François Hollande hier. S'inscrivant dans la logique de baisse des déficits publics vis-à-vis de Bruxelles et de nos partenaires européens, il acceptait d'emblée de se plier à la contrainte d'augmenter les prélèvements obligatoires et de se soumettre ainsi, lui aussi, à la pression des marchés financiers. Il ne cherche donc pas à échapper aux pressions extérieures.

En revanche, ce qu'il a présenté hier s'apparente bel et bien à une petite révolution fiscale qui ne dit pas son nom. Frapper davantage les revenus de l'épargne salariale, aligner l'imposition des plus-values en capital sur le taux de l'impôt sur le revenu sont des ruptures importantes avec les stratégies fiscales antérieures. Adopter une approche très ciblée des augmentations de prélèvements, en gros viser les "gros" (grandes entreprises, revenus élevés...) au bénéfice des "petits" (PME, ménages les plus modestes...) témoigne d'une volonté de lancer des messages clairs à l'électorat. Taxer davantage les revenus du capital ne suscite en général guère l'enthousiasme des professions financières, des investisseurs, des capital-risqueurs et des actionnaires. Mais ces derniers n'étaient de toute façon pas acquis d'emblée à la cause. Il faudra bien mesurer, si François Hollande est élu, les effets macrofinanciers de ces mesures, en termes de déplacement de flux de capitaux ou d'épargne.

Globalement, on peut juger que la barque fiscale est un peu chargée, et que, sur certains sujets, la limite entre les "gros" et les "petits" est un peu subtile. Mais, on ne pourra pas reprocher à François Hollande de n'avoir pas tenu le langage de la vérité et du sérieux. Il n'est pas en train de tromper son monde, il assume le risque de ne pas faire rêver Billancourt. Ce faisant, il s'épargne, en cas de victoire, un rendez-vous difficile avec la réalité, ce que n'ont pas su éviter certains de ses prédécesseurs.

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Commentaires 5
à écrit le 12/02/2012 à 1:53
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François Hollande sait de quoi il parle. Taxer les autres et continuer comme c'est son cas à bénéficier d'un maximum d'indemnités non-imposables. Ce Monsieur touche plus de 30.OOO euros par mois d'indemnités en cumulant les fonctions plus tous les pr...

à écrit le 09/02/2012 à 12:32
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taxer les revenus sans distinction d'origine est un retour au principe premier de contribution égalitaire .cela ne nuit en rien à l'esprit d'entreprise, car le succès d'une entreprise avant tout sur la combinaison intime et équilibrée de moyens humai...

à écrit le 04/02/2012 à 11:19
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Taxer les revenus du capital au même niveau que les salaires ressemble à une mesure de justice fiscale. Mais c'est oublier que seul l'investissement et l'innovation créent la richesse et les emplois, il faut taxer la rente sans risque, mais au contra...

à écrit le 03/02/2012 à 9:50
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non nous allons juste suivre la voie de l'Espagne - RDV en 2017

à écrit le 28/01/2012 à 9:47
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Toujours pas de prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu. La France, comme toujours, est lanterne rouge.

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