Une révolution fiscale en marche

Par François Roche  |   |  344  mots
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Par François Roche, conseiller éditorial de La Tribune.

C'est à un exercice particulièrement difficile auquel s'est livré François Hollande hier. S'inscrivant dans la logique de baisse des déficits publics vis-à-vis de Bruxelles et de nos partenaires européens, il acceptait d'emblée de se plier à la contrainte d'augmenter les prélèvements obligatoires et de se soumettre ainsi, lui aussi, à la pression des marchés financiers. Il ne cherche donc pas à échapper aux pressions extérieures.

En revanche, ce qu'il a présenté hier s'apparente bel et bien à une petite révolution fiscale qui ne dit pas son nom. Frapper davantage les revenus de l'épargne salariale, aligner l'imposition des plus-values en capital sur le taux de l'impôt sur le revenu sont des ruptures importantes avec les stratégies fiscales antérieures. Adopter une approche très ciblée des augmentations de prélèvements, en gros viser les "gros" (grandes entreprises, revenus élevés...) au bénéfice des "petits" (PME, ménages les plus modestes...) témoigne d'une volonté de lancer des messages clairs à l'électorat. Taxer davantage les revenus du capital ne suscite en général guère l'enthousiasme des professions financières, des investisseurs, des capital-risqueurs et des actionnaires. Mais ces derniers n'étaient de toute façon pas acquis d'emblée à la cause. Il faudra bien mesurer, si François Hollande est élu, les effets macrofinanciers de ces mesures, en termes de déplacement de flux de capitaux ou d'épargne.

Globalement, on peut juger que la barque fiscale est un peu chargée, et que, sur certains sujets, la limite entre les "gros" et les "petits" est un peu subtile. Mais, on ne pourra pas reprocher à François Hollande de n'avoir pas tenu le langage de la vérité et du sérieux. Il n'est pas en train de tromper son monde, il assume le risque de ne pas faire rêver Billancourt. Ce faisant, il s'épargne, en cas de victoire, un rendez-vous difficile avec la réalité, ce que n'ont pas su éviter certains de ses prédécesseurs.