Les marchés dansent autour du volcan grec

Par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction  |   |  570  mots
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Le trop long épisode de la crise grecque est-il proche de l?épilogue ? Voté avec une courte majorité, dans un climat de crise politique et sociale sans précédent en temps de paix, le programme d?austérité adopté dimanche à Athènes va permettre, enfin, le déblocage du plan de sauvetage de la Grèce. Le gouvernement Papademos doit encore donner quelques gages de sa volonté de réformer vraiment le pays d?ici à la réunion de l?Eurogroupe, mercredi. Mais on peut espérer que la punition infligée aux Grecs touche à son terme, au moins pour cette fois. Ne serait-ce que parce que le pays, au bord de la révolte, ne supporterait plus d?autres exigences.

Pas d'alternative

Malgré la brutalité des mesures de rigueur et la violence de la réaction de la rue à Athènes, ce plan de la dernière chance est une bonne nouvelle, saluée, avec prudence encore, par les marchés. Il n?y avait guère d?autre alternative. La patience des Européens et des créanciers privés à l?égard du gouvernement grec était proche de la rupture et le risque d?un défaut non ordonné du pays avant la fin mars, réel. Si cela avait été le cas, cela aurait été une catastrophe, pire encore que la cure d?austérité actuelle, pour les Grecs. Mais aussi pour l?ensemble de la zone euro, parce que la crise se serait de nouveau étendue par contagion aux autres pays fragiles, comme le Portugal, l?Espagne et l?Italie, et aurait au final coûté encore plus cher à la France, l?Allemagne et aux autres pays créanciers.

Les marchés d'actions rétablis

Or, plusieurs signaux positifs montrent que la confiance revient peu à peu : en dehors de la Grèce, tous les Etats de la zone euro parviennent à se refinancer sur les marchés à des conditions de taux beaucoup moins tendues qu?en fin d?année dernière. Les banques, grâce à l?action décisive de la BCE fin 2011, n?ont plus de problèmes immédiats de liquidité, au moins pour un certain temps. Les marchés d?actions se sont rétablis, soutenus par la bonne santé de la bourse américaine. Dernier indice d?une sortie de crise, en France, l?AMF vient de lever l?interdiction de vendre à découvert les titres bancaires : même si celle-ci n?a pas servi à grand-chose pour empêcher la spéculation, le seul fait d?y mettre fin laisse entendre que les autorités financières sont suffisamment sereines pour adresser ce message avant tout politique.

Une pause dans la crise?

Bien sûr, ce n?est certainement pas la fin de l?histoire. En sauvant la Grèce, une fois de plus, l?Europe achète du temps et va devoir désormais engager une deuxième bataille, celle de la croissance. Si la perspective d?un défaut souverain au sein de l?Europe s?éloigne. C?est que, sous le volcan grec, les germes d?un rebond de l?activité commencent à se faire sentir. Aux Etats-Unis, au Japon, l?économie va mieux. En Allemagne, elle ne va pas mal. Une pause, même temporaire, dans la crise européenne, ne peut que redonner de la visibilité aux investisseurs et de l?espoir aux consommateurs.
pmabille@latribune.fr