Europe : la prise d'otage de Nicolas Sarkozy

Le président de 2007 a été européen. Le candidat de 2012 fait un virage à 180 degrés en prenant en otage l'Europe de Schengen et du libre-échange.
Copyright Reuters

L'Europe a été au c?ur du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Dés son élection en mai 2007, ses premiers mots ont été de dire que "La France est de retour en Europe". Son premier acte, peut-être ce que l'histoire retiendra de lui dans cinquante ans, a été de renégocier et de faire adopter, un nouveau traité européen, celui de Lisbonne, pour effacer le "non" français qui avait littéralement bloqué les institutions européennes et affaibli l'influence de la France. Chacun le reconnaît aujourd'hui, même ses opposants, Nicolas Sarkozy a assuré en 2008 une présidence efficace de l'Union européenne. Même s'il a parfois agacé, en bousculant les institutions et ses partenaires, Nicolas Sarkozy l'Européen a su prendre les bonnes décisions, au bon moment, sur la crise financière. Il a très certainement joué un rôle décisif pour éviter que le déni de réalité empêche les Etats de prendre la mesure de la gravité des événements et d'y répondre de façon appropriée.

Le même Nicolas Sarkozy a été à la pointe du combat pour sauver l'euro, lorsque la crise a traversé l'Atlantique, et a su convaincre et l'Allemagne, et les Français, hésitants, que la bonne stratégie était de sauver la Grèce et d'empêcher la spéculation financière de détruire, par effet de contagion, l'ensemble de la zone euro. Ce Nicolas Sarkozy là a été un des héraults de l'Europe de Maastricht. Il y a laissé des plumes, lorsqu'une France elle-même affaiblie a dû céder le leadership à une Allemagne au faîte de sa puissance.

Mais c'est un tout autre Nicolas Sarkozy qui s'est exprimé ce dimanche à Villepinte. On attendait de lui un programme d'avenir sur la France, on a eu droit à un discours régressif sur l'Europe, de la part d'un candidat qui a visiblement choisi de jouer le tout pour le tout en s'appuyant sur les clivages qui opposent encore les Français sur ce sujet. Au lieu de faire la pédagogie du "Oui", il a fait l'apologie du "Non", en attaquant les "technocrates" de Bruxelles, les accords de Schengen et le principe d'une économie de marché ouverte sur le monde. Marine le Pen n'attendait sans doute pas que le président-candidat lui donne à ce point raison. A courir à tout prix après les voix perdues de 2007, ce Nicolas Sarkozy-ci semble se précipiter sur une pente dangereuse en prenant l'Europe en otage de sa réélection.

Passons sur le fait qu'il y a quelque contradiction à dénoncer la volonté de François Hollande de renégocier le traité budgétaire avec l'Allemagne pour y inclure un volet « croissance » plus musclé, et à réclamer soi-même la renégociation de traités existants. Le plus surprenant, dans la vision qu'a formulée dimanche Nicolas Sarkozy est l'utilisation qu'il a faite, à plusieurs reprises, du mot « unilatéral ». C'est la menace de la politique de la chaise vide à la De Gaulle que Nicolas Sarkozy brandit devant l'Europe stupéfaite. A moins qu'il pense faire campagne pour la présidence de l'Europe...

Angela Merkel, à la tête d'une Allemagne favorable au libre échange et qui serait la principale perdante d'un tel protectionnisme européen, doit se demander ce soir si elle a bien fait de soutenir comme elle l'a fait le candidat Sarkozy. Elle avait réussi à s'accommoder du président, mais il est peu probable qu'elle le suive sur ce programme là. A moins qu'il ne s'agisse, une fois de plus, que de propos de tribune destinés à cajoler l'électeur en lui disant ce qu'il a envie d'entendre, sans avoir aucune intention de l'appliquer.

[email protected]

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 43
à écrit le 12/03/2012 à 17:34
Signaler
Le clivage politique d'aujourd'hui n'est pas droit/gauche, mais ne pas changer de cadre/changer de cadre. Ne pas changer de cadre c'est BCE indépendante l'oeil fixé sur l'inflation, libre circulation des capitaux, concurrence libre et non faussée (mo...

à écrit le 12/03/2012 à 16:35
Signaler
Le rédacteur de l'article a une tendance à tout mélanger. La renégociation du traité de Schengen est actée par Bruxelles. Les discussions sont en cours. Chacun sait que Bruxelles a une tendance à faire durer les chose. Sarko fixe une date d'exécution...

le 12/03/2012 à 17:32
Signaler
Visiblement vous ne fréquentez pas beaucoup cette capitale...

à écrit le 12/03/2012 à 16:19
Signaler
Ce monsieur n'est pas à une contradiction près, une girouette, (qui grince), et les bruits produits font mal aux nerfs. Une bonne chasse sur les terres du FN, l'argent n'a pas d'odeur dit on, mais les suffrages non plus. Ma grande peur, si deuxième q...

à écrit le 12/03/2012 à 16:08
Signaler
Sur Schengen, Bruxelles est en discussion. Quant on connait Bruxelles, on sait ce que ça signifie : les calendes grecques. Sarko a fixé une date d'application pour la France et c'est parfait!

à écrit le 12/03/2012 à 16:05
Signaler
Cf article précédent: Pour Hugues Portelli, sénateur appartenant à l'aile centriste de l'UMP, "c'est de la bonne politique électorale". Ça plait à l'électorat sur lequel le président table - la droite et les électeurs peu politisés", "Ça va indispose...

à écrit le 12/03/2012 à 15:54
Signaler
Que sarkozy se contredise, ce n'est pas nouveau. Mais le critiquer systématiquement sur ce qu'il dit sur l'Europe est injuste. Hélas! Je pensais que les journalistes de la Tribune étaient un peu plus objectifs. Je ne regrette pas de ne plus l'acheter...

le 25/03/2012 à 21:50
Signaler
je fais partie de ceux qui majoritairement nt dit non à Lisbonne et à qui on a imposé ce traité ! pas de gouvernance en europe et c'est le chaos ! donc STOP - Sarko ne nous a pas respectés MARRE.....

à écrit le 12/03/2012 à 15:21
Signaler
Tout le monde sait que l'Europe ne fonctionne pas correctement.Nicolas Sarkozy en a pris acte.Ses propositions de Villepinte le prouvent.Ses idées n'ont rien à voir avec la prétendue renégociation voulue par M.Hollande.Il s'agit en effet d'un traité ...

le 13/03/2012 à 4:41
Signaler
Je suis d'accord sur le fond mais se coucher devant Mme Merkel est le meilleur moyen de montrer que notre pays n'est plus un grand pays mais un pays sur le déclin .M. Sarkozy nous fait une campagne qui contre dit tous ses actes depuis 2007 et bien av...

à écrit le 12/03/2012 à 13:36
Signaler
L'Europe est le dindon de la farce de la mondialisation et il est grand temps que ça change, n'en déplaise à Mr Mabille

à écrit le 12/03/2012 à 13:33
Signaler
Pauvre petit monarque il a beau faire tous les tours de passe-passe inimaginables rien n'y fera, son bilan exécrable lui colle aux baskets comme un boulet et les Français n'ont pas digéré son quinquénnat.

le 12/03/2012 à 16:05
Signaler
A rost - Et cependant la France se porte moins mal que beaucoup d'autres pays occidentaux. Prévision FMI pour 2012 : récession pour la zone euro sauf Allemagne +0.3% et France +0.2%. Vous servez du slogan. J'oubliais de vous dire. Le soir de son élec...

le 12/03/2012 à 18:15
Signaler
oui, mais il faut rappeler à Rost que Sarko n'est pas allé seul au Fouquet's. il y avait emmené ses riches copains qui avaient financé sa campagne et qui attendaient bien d'autres cadeaux. Sarko n'a pas l 'habitude décevoir les copains, si ce n'est A...

à écrit le 12/03/2012 à 13:18
Signaler
Sarkozy n'est pas à une contradiction, à un revirement, à une palinodie près. Mais, hier, il s'est surpassé. Ainsi, après avoir, comme il le dit, "travaillé jour et nuit avec Merkel pour sauver l'Europe", voilà qu'il la stigmatise sur deux points ess...

à écrit le 12/03/2012 à 13:18
Signaler
Il n'ya que vous qui voyez des contradictions à cette demande. La defense de l' Euro et la circulation des personnes et des biens sont des choses différentes. Beacoup d'états européens critiquent les accords de Schengen , une belle sottise . Les an...

à écrit le 12/03/2012 à 12:29
Signaler
Les accords de Schengen sont souvent critiqués dans la presse allemande. N. Sarkozy ne sera probablement pas isolé pour la mise en oeuvre d'un espace restreint et renforcé. Les anglais ont définitivement résolu le problème et ne s'en portent pas plus...

à écrit le 12/03/2012 à 12:23
Signaler
.. j'attendais cette campagne avec impatience, vu la qualité de l'actuel personnel politique français, mais là je dois avouer que je suis gâté et que je déguste tout cela comme du petit lait ! Enfoncés, Helzapoppin, la Vérité si je mens et le Diner d...

à écrit le 12/03/2012 à 12:19
Signaler
Le disocurs de N.S. se résume en un slogan : "je suis ma propre alternative

à écrit le 12/03/2012 à 12:16
Signaler
pour être réélu Sarko est prêtà toutes les contorsions. il veut être populaire dont acte et cela peut être louable. mais il y a deux façons d'être populaire soit en aspirant à elever le niveau du peuple soit en flattant ses bas instincts comme le fai...

à écrit le 12/03/2012 à 11:56
Signaler
sarko ou pas sarko, europe ou pas europe, la verite est que France est un endroit on se fait chier.

le 12/03/2012 à 12:20
Signaler
à français de Londres. Bien vous êtes passé aux actes mais restez à Londres ne revenez pas en France et ne votez pas pour la présidentielle ou les législatives. Depuis que vous êtes parti le Pays ne se porte ni mieux ni plus mal preuve que nul n'es...

à écrit le 12/03/2012 à 11:01
Signaler
j ai tjours cru en democratie a l alternance mais alors la......................plus que jamais

le 12/03/2012 à 12:03
Signaler
il devient istérique ,il devient fou et va surrement nous faire un infractus si cela continu,c'est une girouette. Une fois il dit vert et ensuite il dit jaune;

à écrit le 12/03/2012 à 8:31
Signaler
Ce discours a un mérite: Il démontre que Sarkozy est prêt à toutes les contorsions pour être réélu. Sarkozy est dans la pire démagogie, car depuis la sortie de Berlusconni sur Shengen, la commission européenne a entamé une révision de ces accords afi...

à écrit le 12/03/2012 à 7:55
Signaler
Bonjour. Nicolas Sarkozy a ENFIN parlé de la réciprocité des échanges dans le commerce mondial. C?est crucial. C?est la BASE MEME du libéralisme. Qui ne voit que nous sommes grands perdants avec la Chine ? Mais mieux vaut tard que jamais. Voici ce...

à écrit le 12/03/2012 à 7:33
Signaler
En bonne logique machiavélienne, le Prince peut se permettre des revirements, voire des reniements, à condition toutefois de ne jamais manquer de grandeur. C'est là que le bât blesse pour Nicolas Sarkozy, dont les rodomontades anti-européennes senten...

à écrit le 12/03/2012 à 7:20
Signaler
D'accord avec Danii : la messe est dite pour la presse, chaque intervention de Sarkozy est au mieux une erreur de jugement, au pire une tentative de manipulation. Et chaque proposition de Hollande est intelligente et bien trouvée. Pourquoi une telle ...

à écrit le 12/03/2012 à 7:03
Signaler
continuez a etre politiques(anti droite bien sur) et plus economiques et vous finirez comme france soir

à écrit le 12/03/2012 à 6:18
Signaler
Gesticulation èlectorale improvisée qui n'échappe pas à la raison de l'opinion qui le sanctionnera bientôt pour ces manoeuvres en tous genre indignes d'un vrai grand président qui n'aurai pas besoin de lécher les bottes du FN si son bilan très nègati...

à écrit le 12/03/2012 à 4:58
Signaler
Sarkozy a toujours été dans sa droite ligne, en cohérence contrairement à ce que vous voulez dire dans votre tribune, archi-malhonnête. Il veut re-dynamiser, et faire des réformes nécessaires, lui donner des moyen de se battre à armes égales avec les...

le 12/03/2012 à 13:46
Signaler
je suis entièrement d'accord; mai les journalistes font de antisarko pour nous faire croire des choses qui ne sont pas. on n'est pas aussi bête qu'ils ne le epnsent.

à écrit le 12/03/2012 à 4:35
Signaler
Ce n'est rien qu'un énieme changement de politique, bientot il va en rajouter une couche sur les immigrés, les accuser d'etre a l'origine de la crise , prommettre ce qu'il ne tiendra jamais et il dira le lendemain du 6 mai : ( vous ne voulez quand me...

à écrit le 11/03/2012 à 22:45
Signaler
De toute les façons quoi qu'il dise vous critiquez... Et l'autre petit sans expérience vous lui donnez l'absolution...NUL

le 12/03/2012 à 6:42
Signaler
N'oubliez pas que l'autre PETIT en place aujourd'hui n'avez aucune expérience et que cette inexpérience a conduit la FRANCE à la "faillite"

le 12/03/2012 à 7:54
Signaler
La France conduite à la faillite par Nicolas Sarkozy ? Soyons honnêtes, et disons plutôt, qu'il a contribué à rendre la curée un peu moins violente pour nous que pour les autres.

le 12/03/2012 à 12:29
Signaler
Je crois que le premier petit fut à plusieurs reprises ministre avant d'etre president, le second petit n'a jamais fait parti d'aucun gouvernement... Par ailleurs vous m'avEZ fait mal aux yeux avec cette belle faute de grammaire !

à écrit le 11/03/2012 à 22:18
Signaler
"discours régressif sur l'Europe", !!!! Enfin une vrai vision pour ce que doit être une Europe proche de ses citoyens, loin des fonctionnaires et journalistes qui feraient mieux d'interroger sur ce que pensent les électeurs, au lieu de rester dans l...

à écrit le 11/03/2012 à 20:54
Signaler
Sauver l'euro ? Sauver surtout les avoir des riches sur le dos des pauvres.....

le 12/03/2012 à 7:11
Signaler
Pourquoi ? Vous êtes pauvre ?

à écrit le 11/03/2012 à 20:34
Signaler
tribune intéressante. Je crains que la dernière phrase ne soit vraie. Sarkozy prend aussi un risque : la perte de voix d'européens convaincus.

à écrit le 11/03/2012 à 19:59
Signaler
vous ne connaissez pas = un coup je te vois, un coup je ne te vois pas. En décodé = je ne ferai pas ce que je dis ou alors qui sait je le ferait .... peut-être ! Dit par un m'avez-vous vu ......

à écrit le 11/03/2012 à 19:48
Signaler
Il ne sait plus quoi trouver pour conserver le pouvoir. Comment le croire une seconde alors qu'il change d'avis chaque jour ?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.