Des riches et autres millionnaires....

Par François Roche  |   |  488  mots
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Le haro général sur les riches confine à l'absurde. Voici pourquoi....

Toutes les campagnes électorales donnent lieu à des excès, à des simplifications, à des effets de manche. Celle-ci ne fait pas exception à la règle et on peut même affirmer qu?elle en use et abuse. Au milieu du flot d?approximations, de contre-vérités, de chiffres faux, d?empoignades, un sujet, un seul, fait l?unanimité : les riches. Une belle harangue sur les privilégiés, les millionnaires, les exilés fiscaux garantit en général des succès d?audience facile, à gauche mais aussi à droite, ce qui est un tout petit peu plus surprenant. La foi du converti en quelque sorte? Que l?on se comprenne bien : lutter contre l?évasion fiscale, à plus forte raison contre la fraude, est pleinement dans le rôle d?un Etat responsable et soucieux de l?efficacité de son système fiscal. Pointer du doigt les « exilés » en dénonçant leur volonté de se soustraire à l?impôt en France et projeter de les imposer tout de même, peut se justifier. Leur retirer la nationalité française est absurde?et probablement impraticable. Rivaliser de créativité en matière de taxation des hauts revenus ou des revenus du capital peut s?expliquer, notamment en période de crise économique profonde, et au nom de la solidarité nationale. Mais à la fin, une question délicate se posera au nouveau gouvernement : faut-il que la France devienne un pays pauvre et/ou un pays de pauvres, pour qu?elle réussisse ?
Dans les pays émergents, le signe de la réussite d?une économie est le nombre de milliardaires qu?elle produit. Pour une bonne raison : ce sont en général des entrepreneurs, ils ont érigé leur fortune en même temps que leurs entreprises, ils sont en général devenus des « icônes » dans leur pays et parfois à l?étranger et s?ils mènent grand train, « mansion » à Londres, jet privé, propriétés sur la Côte d?Azur ou en Sardaigne, « penthouse » sur Central Park pour les plus exhibitionnistes d?entre eux. La question n?est pas de savoir si ces personnages sont « moraux » ou si leur style de vie est « décent » comparé aux salaires de ceux qu?ils emploient en Chine, en Inde, en Russie ou au Brésil. Ils jouent un rôle économique déterminant en tant que créateurs de richesses et accumulateur de capital.
La France n?est pas une économie émergente. Elle est une économie mature en perte de compétitivité. Elle est en panne de capital et de capitalistes. Elle manque d?entrepreneurs et d?investisseurs. Et il n?est pas certain que de canaliser l?ire populaire vers ceux « qui en ont », les transformer en personnages malfaisants et suspects d?anti-France, n?est peut-être pas le meilleur moyen de faire vivre dans l?esprit des jeunes générations le goût d?entreprendre.