Changer de logiciel....

Par Par François Roche  |   |  421  mots
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Le premier tour a produit un vote de crise, qui exprime les peurs et la colère d'une partie de la société française. Rien de plus normal: la campagne électorale n'a produit aucune perspective, aucune projection positive de la France dans le futur. Il serait temps de changer de logique.

A force de labourer les terres du Front National, Nicolas Sarkozy a fait de Marine Le Pen la grande gagnante du premier tour de l'élection présidentielle. Il est désormais dans un piège : s'il veut remporter l'élection, il ne peut que chercher à s'attirer les voix qui se sont portées sur le Front National au premier tour. Il a commencé dimanche soir, lors de son allocution et tout indique qu'il développera encore cette argumentation dans les jours qui viennent. Il ne pourra que se présenter comme le porteur des valeurs défendues par le Front National. Ce sera un affrontement de personnalités et de valeurs que le président sortant va chercher à durcir, en jouant sur les peurs exprimées par le vote de l'extrême droite : le refus de l'étranger, de l'Europe, de l'immigration....A nouveau, on noircira le tableau de la situation économique du pays, de la décomposition de son tissu social. Avec le danger d'opposer les Français les uns contre les autres, en invoquant une « vraie » France, laissant entendre que « l'autre » n'est pas digne du drapeau tricolore.

Ce vote est l'expression de la crise économique et sociale. La France n'est d'ailleurs ni le premier ni le seul pays d'Europe à faire l'expérience de la montée des extrêmes dans le débat politique national. Mais on peut néanmoins regretter que la campagne du premier tour n'ait permis de dégager aucune perspective, aucune vision à long terme, aucune projection de la France vers le futur, aucune une réflexion sur la façon dont elle va pouvoir se déployer dans le nouveau monde qui se prépare. Tout a été posé en termes de contraintes : la dette, les équilibres extérieurs, le chômage, la désindustrialisation, le communautarisme, la finance, les multinationales. De tout côté on a caricaturé, simplifié, déformé la réalité pour n'insister que sur nos défaillances, nos faiblesses, nos échecs. Le résultat est là : une France coupée en deux ou en trois, qui doute de tout et qui cherche des solutions dans l'isolement et l'enfermement sur elle-même. Il serait temps de changer de logiciel.