Hollande constitue son noyau dur

Par François Roche  |   |  377  mots
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Le gouvernement de Jean-Jacques Ayrault est moins ouvert qu'il y paraît. Même si de nouveaux venus prometteurs vont avoir l'occasion de démontrer leurs talents, le coeur du dispositif reste aux mains des fidèles.

Ceux qui attendaient un gouvernement où les pouvoirs allaient être partagés entre tous les caciques du Parti socialiste, sont amèrement déçus. François Hollande montre qu'il a une certaine conception du pouvoir et de l'autorité. Certes, il fait apparaître dans son équipe des personnages nouveaux, dont beaucoup de femmes. On pourra sourire à l'énoncé de certains ministères qui fleurent bon les thèmes récurrents des travaux du parti socialiste (le redressement productif, la réussite éducative, l'égalité des territoires...) mais c'est une sorte de coutume, depuis François Mitterrand et son ministère du temps libre, à laquelle on s'habitue sans peine, d'autant que les libellés ont beau être ampoulés, les réalités qu'ils recouvrent sont assez brutales et s'imposent assez vite aux nouveaux ministres.  Pour autant, on ne peut pas dire que la philosophie qui inspire la composition de cette équipe échappe à la logique du pouvoir présidentiel. Les postes clés sont tenus par des cadres d'expérience, Jean-Marc Ayrault en tête et  Laurent Fabius, Michel Sapin, Pierre Moscovoci, Stéphane Le Foll, Yves Le Drian, Manuel Valls, Jérome Cahuzac. Ils concentrent les postes clés, ceux autour desquels sont regroupés les enjeux majeurs du mandat de François Hollande: la croissance, les comptes publics, la politique européenne, la sécurité, la défense, le social. Deux électrons libres ou assimilés héritent de missions bien difficiles: Arnaud Montebourg au redressement productif qui aura la lourde tâche de freiner le mouvement de délocalisation et de faire renaître en France des activités industrielles qui ont tendance à la fuir. Et Cécile Duflot, en charge de l'Egalité des territoires et du Logement, deux sujets sur lesquels les enjeux économiques et financiers sont lourds, les acteurs divers et puissants, et la liberté de manoeuvre du ministre pas aussi grande que l'on croit. Enfin, celles que l'on nomme déjà les "hollandaises", sont récompensées: Fleur Pellerin, Najat Vallaud-Belkacem, Marisol Touraine, Aurélie Filippetti, Nicole Bricq, accèdent au gouvernement pour la première fois et dans des postes importants. Ce sera donc l'occasion de constater en quoi la politique peut être différente lorsqu'elle est confiée aux femmes.