Traité budgétaire : le Vert est dans le fruit

Par Eric Walther, directeur de la rédaction  |   |  604  mots
Copyright Reuters
Le conseil fédéral d'Europe Ecologie-Les Verts s'est prononcé ce samedi contre la ratification du Traité budgétaire européen. Une erreur politique qui illustre une nouvelle fois l'immaturité d'un mouvement qui risque d'en payer le prix assez rapidement.

Que ne l'avait-on dit à l'époque : l'accord électoral conclu entre Europe Ecologie-Les Verts et le PS au mois de novembre dernier était bancal. La distance avec laquelle l'avait pris François Hollande dans les mois qui suivirent avait été à cet égard fort éclairante. Les tergiversations du candidat à la présidentielle sur la sortie du nucléaire prouvèrent s'il en était encore besoin que de façade, cette alliance ne conservait que les lézardes.

François Hollande se montre d'ailleurs particulièrement accommodant

La déroute d'Eva Joly au premier tour de scrutin aurait pu l'achever. Mais le nouveau président, en politique prudent qu'il a toujours été, n'a pas voulu prendre le moindre risque pour les législatives. Pari plus que gagné puisqu'est sortie des urnes une majorité toute rose. Pas question pour autant de revenir sur ses engagements : il invite donc deux ministres Verts dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Cela secoue un petit peu au début, mais tout semble rentrer dans l'ordre au point que la sortie d'Arnaud Montebourg (« le nucléaire est une filière d'avenir ») est assez vite digérée. François Hollande se montre d'ailleurs particulièrement accommodant au cours de la conférence gouvernementale sur l'environnement la semaine dernière, en annonçant la fermeture de la centrale de Fessenheim et le rejet des sept permis d'exploration de gaz de schiste.

Ces faux-pas d'une maladresse confondante.

Cela n'aura donc pas suffi. Le conseil fédéral d'Europe Ecologie-les Verts s'est prononcé ce samedi contre la ratification du traité budgétaire européen.
C'est une erreur politique majeure, mais après tout pas si surprenante que cela, tant les écologistes nous ont habitués à ces faux-pas d'une maladresse confondante.
En agissant ainsi, ils posent les premières d'une rupture sur un terrain qui n'a rien à voir avec l'écologie et déroutent tous ceux - en dehors des militants à la gauche de la gauche - qui peuvent encore leur porter une certaine affection pour le combat environnemental qu'ils mènent. Certes, l'écologie française, l'écologie politique française, s'est bâtie sur les cendres d'une partie de l'extrême gauche lasse de combats idéologiques révolutionnaires qu'elle jugeait dépassée. Certes, l'écologie peut difficilement s'inscrire - Brice Lalonde en a fait l'expérience en son temps - en dehors d'un cadre politique. Mais la politique, justement, est affaire de compromis et de lucidité...politique.

Un coup de menton, une absence de vision

Cette décision est aussi une erreur en ce qu'elle fragilise Cécile Duflot et Pascal Canfin, le ministre chargé du développement. Il n'est que d'entendre les appels lancés ce dimanche sur le thème « non, non, ils ne doivent pas démissionner ». Et pourtant. En bonne logique comment devrait-il en être autrement ? Le vote pour ce traité, ou à tout le moins une abstention, étant de fait consubstantiel à l'approbation de la loi de Finances à venir qui, elle, est bien sûr la marque d'appartenance à une majorité.
Une erreur enfin car ce coup de menton - il faut bien l'appeler comme cela - souligne une nouvelle fois l'immaturité d'un mouvement qui décidément ne se semble pas vouloir se débarrasser de ses vieux démons : petites manipulations entre amis, compromis qui n'en sont jamais, et surtout absence de vision. Une courte vue en l'espèce flagrante : en se prononçant ainsi, les Verts savaient qu'ils ne mettaient pas en danger l'approbation du traité puisque leurs voix n'étaient pas décisives. Mais il arrivera peut-être un jour où elles ne compteront plus du tout.