Pour 2014, c'est pas gagné !

Le carnet de notre correspondante, Florence Autret
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L'ancien commissaire européen Charlie McCreevy, un libéral irlandais qui n'aimait pas Bruxelles - laquelle le lui rendait bien - avait coutume de dire : « Avec 27 pays dans l'Union européenne, si on commence à repousser telle ou telle initiative à cause du calendrier préélectoral, on ne fera jamais rien. » Comptable de profession et passionné de paris hippiques, l'homme savait manier les chiffres. Le mandat législatif en Europe oscillant entre 4 et 5 ans, l'Union vit au rythme de 5 à 6 élections nationales par an. C'est ainsi qu'évolue, au fil des mois, le nuancier politique du Conseil, l'organe mi-exécutif mi-législatif où sont représentés les États et qui, au final, pilote le paquebot européen. Il vire aujourd'hui clairement plus au bleu qu'au rouge.

Mario Monti, Le président du Conseil italien, laisse entendre qu'il pourrait remettre le couvert au palais Chigi après les élections du printemps prochain. La campagne électorale allemande de 2013, qui a commencé cette semaine avec la confirmation de Peer Steinbrück, un Hambourgeois de 65 ans, comme candidat du SPD à la chancellerie, a de grandes chances de déboucher sur une nouvelle grande coalition emmenée par Angela Merkel, dont la popularité reste exceptionnelle après plus de sept ans aux affaires. Pour appliquer à l'Europe le « virage social-démocrate » dont le président français pense qu'elle a besoin, François Hollande doit donc miser sur un changement de couleur politique des institutions européennes : Parlement et Commission. Les prochaines élections européennes sont pour 2014, autrement dit juste avant le gong de la mi-mandat.

Ça tombe bien : les deux principaux partis politiques européens qui réunissent leur Congrès ces jours-ci ont en principe promis d'en faire une petite révolution. Le Parti socialiste européen (PSE) et le Parti populaire européen (PPE), de centre-droit, se sont engagés à faire campagne, chacun dans les 27 pays de l'Union, derrière un seul candidat à la Commission européenne. Un peu comme, en Allemagne, les candidats à un siège de député au Bundestag se rangent derrière le nom d'un ou d'une chancelière choisi(e) avant le début de la campagne. S'engager sur cette voie donnerait à la Commission un statut de quasi-gouvernement européen, appuyé sur une majorité parlementaire, alors qu'actuellement sa composition est entre les mains des chefs d'État et de gouvernement qui n'ont eu de cesse de l'affaiblir.
Les sociaux-démocrates sont passés à l'offensive les premiers. L'actuel président du Parlement, l'Allemand Martin Schulz, libraire de métier et originaire de Aachen, ville frontière belgo-néerlando-allemande, se profile comme LE candidat paneuropéen en 2014 pour remplacer José Manuel Barroso. Histoire de ne pas lui faire d'ombre, le PSE, réuni en Congrès fin septembre, a reconduit un parfait inconnu, Sergei Stanishev, à sa présidence avec un score stalinien de 91,3%.À droite, « aucun candidat n'est vraiment sorti du bois », assure un porte-parole du PPE quelques jours avant le congrès du parti à Bucarest. Mais deux s'y préparent : Viviane Reding, la vice-présidente luxembourgeoise de la Commission, qui s'est fait connaître en France par ses violentes attaques contre la politique d'expulsion des camps Roms menée par Nicolas Sarkozy, et Donald Tusk, le Premier ministre polonais qui dispose a priori d'une majorité parlementaire jusqu'en 2015.

Aucun des partis, qui sont dominés par des figures politiques nationales, n'a précisé encore sa procédure de désignation d'un candidat. Or le diable est dans les détails. Comme le rappelle le leader écologiste Daniel Cohn-Bendit, qui milite de longue date pour des listes paneuropéennes aux législatives, s'il n'est pas nécessaire de changer les traités, il faudrait tout de même revoir les lois électorales nationales pour que les campagnes nationales puissent se faire derrière une tête de liste commune partout en Europe. Il reste un peu plus d'un an pour tenir promesse. Ce n'est pas trop.

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