
L'entreprise est donc devenue l'alpha et l'omega de la politique économique de François Hollande. Pas un jour ne passe sans que le président de la République ou un de ses ministres ne vienne au chevet de cet objet de toutes les attentions. L'entreprise est au centre des débats et des enjeux, et c'est tant mieux. De bonnes décisions ont été annoncées aux Assises de l'entrepreneuriat, pour simplifier leur environnement administratif et légal, et des erreurs, comme celle sur la fiscalité des plus-values de cession, ont été en partie corrigées. On pourrait penser que c'est désormais la lune de miel entre ce gouvernement de sociaux-démocrates assumés et le monde de l'entreprise. Ce n'est pourtant pas le cas, loin de là. Le Hollande II, converti au social-libéralisme, synthèse de Tony Blair et de Gerhard Schröder, n'est pas encore arrivé. Non seulement les mesures prises jusqu'ici ne suffisent pas pour refaire de la France une économie favorable au business - elle est passée en 2013 du 32e au 34e rang du classement « doing business » de la Banque mondiale -, mais, pire, celles qui sont en train d'être prises risquent de la faire régresser encore plus dans les années qui viennent.
Casser le statut de l'auto-entrepreneur est contre-productif
Pour s'en convaincre, contentons-nous de regarder ce que fait ce président, au lieu de nous arrêter à ce qu'il dit. Première illustration, l'affaire dite des « Poussins », ces autoentrepreneurs dont le principal crime est d'être nés sous Nicolas Sarkozy et qui, sous la pression d'un puissant lobbying des artisans du bâtiment, se voient tout d'un coup rejetés dans le camp des fraudeurs et des profiteurs de l'État. Le gouvernement vient de décider unilatéralement de réduire par deux les seuils d'activité et de limiter à deux ans l'usage de ce statut. Alors que François Hollande avait promis la stabilité sociale et fiscale pour le monde de l'entreprise à l'automne dernier, on s'apprête donc à casser un statut juridique qui rencontrait un franc succès, tout cela pour régler un problème de concurrence qui ne concerne que 5 % d'entre eux.
Du coup, les fameux « Poussins », qui parlent (avec une certaine exagération) du « plus gros plan social de France », manifestent devant les agences Pôle Emploi pour prévenir l'État qu'il les condamne à retomber à brève échéance dans l'assistanat. Ubuesque ! On a là l'exemple type de la mesure corporatiste, inutile, et contre-productive.
Des mesures en contradiction avec l'impératif de compétitivité
Une deuxième illustration du manque de cohérence du gouvernement dans son discours sur l'entreprise risque bien de venir avec la réforme des retraites. Alors que le niveau des prélèvements publics pour la retraite atteint déjà en France un sommet parmi les pays industrialisés, le rapport de la commission Moreau propose d'augmenter à nouveau les cotisations d'assurance-vieillesse, pour les entreprises et les salariés, de 0,1 point par an pendant quatre ans. Cette hausse s'ajouterait à celle déjà décidée pour financer les retraites complémentaires.
Est-il utile de préciser qu'une telle mesure entre en complète contradiction avec l'impératif de compétitivité placé au premier rang des enjeux nationaux par le président de la République. D'autres pistes, beaucoup plus vertueuses, sont pourtant possibles pour sécuriser le financement des retraites, à commencer par le relèvement progressif du plafond de l'âge légal à 65 ans, dont le rapport Moreau reconnaît (très discrètement) que ce serait financièrement bien plus rentable que l'allongement envisagé de la durée de cotisation qui atteindra, de toute façon, à 44 ans, une limite évidente, vu l'entrée de plus en plus tardive des jeunes générations sur le marché du travail.
Des choix urgents à faire pour redresser le pays
En faisant ce choix, François Hollande veut-il forcer un relèvement de l'âge légal sans l'assumer ? Cela ne serait ni courageux, ni honnête à l'égard des Français. Tous les travaux menés sur le travail des seniors montrent pourtant que ce qui pénalise le plus la France, par rapport aux pays qui ont réussi à les maintenir dans l'emploi, c'est l'effet d'horizon. En bloquant à 60 ou 62 ans l'âge du départ, la France désincite les entreprises de conserver leurs salariés âgés, puisque cela ne sert à rien de les former s'ils doivent partir...
François Hollande, qui entre cette semaine avec la deuxième conférence sociale dans l'acte II de son quinquennat, va devoir faire des choix urgents, d'ici à la fin de l'été, pour le redressement du pays. L'idéal serait qu'il s'engage à réformer sans augmenter désormais les impôts et les charges, afin de mettre la pression sur la dépense publique. Évidemment, le président s'en gardera bien. De quoi relativiser tous ses beaux discours consensuels sur l'entreprise, qui ne servent qu'à endormir les esprits sans que rien, fondamentalement, ne change pour le climat des affaires en France
N'oubliez pas que si je mets cet argent sur une nouvelle machine, et si les marchés ne suivent pas, j'ai perdu cet argent.
quand l'article parle de manque d'horizon, c'est en réalité le fonds du problème, car sans horizon, sans marché, tout investissement est sans objet. Il peut même provoquer la faillite de l'entreprise.
le suicide collectif de ces gens lá ! c est pour quand ?
Heureusement y a un candidat pour 2017 qui souhaite supprimer les 2/3 des deputes et senateurs et reduire de 30% la charge de l etat pour les francais ! voir son programme ( Xavier Kemlin )
Hollande est un socialiste point barre.
Il mise tout sur des recettes supplémentaires,la ponction des classes moyennes,des entreprises et ne touche absoluement pas a la fonction publique .
C est un énarque comme on en produit a la chaine, formaté aux vieilles thèses et a la gestion des administrations .Il ne connait rien du monde de l entreprise
la France est le dernier pays socialiste du monde occidental, pour le pire.
Pourquoi a t on l'impression que faire des réformes c'est en fait revenir en arrières pour avancer?
Bref ne pas penser qu'un socialiste qui prétend vouloir défendre la force de notre économie adhère automatiquement aux principes qui prévalent dans la quasi totalité du monde, y compris, ironie de l'histoire, en Chine. La crise est due au capitalisme et le redémarrage de l'économie, qui est déjà un fait dans certains pays occidentaux, sera de toute évidence à mettre à la gloire du socialisme.