Xi Jinping, champion du libre-échange

Le président chinois redoute un risque de guerre commerciale, en particulier avec les Etats-Unis. Le protectionnisme que défend Donald Trump est une forme d'interventionnisme politique qui a un impact négatif sur l'économie.
Robert Jules
Le président chinois Xi Jinping.

En ouverture ce mardi du Forum économique mondial - qui se tient chaque année dans la station suisse de Davos -, le président chinois Xi Jinping s'est offert le luxe dans son discours de prononcer devant l'élite économique mondiale un éloge du libre-échange et une critique du protectionnisme que l'on aurait davantage attendus dans la bouche d'un disciple de Friedrich Hayek. "Que cela vous plaise ou non, l'économie mondiale est le grand océan auquel on ne peut échapper (...) Toute tentative de stopper les échanges de capitaux, technologies et produits (...) est impossible et à rebours de l'histoire", a souligné le président chinois qui occupe également, rappelons-le, le poste de secrétaire général du Parti communiste chinois.

Ralentissement du commerce international

Le protectionnisme revient en effet à la mode sur fond de ralentissement du commerce international, qui a progressé, estime l'OMC, de 1,7% en 2016 (contre 2,8% prévu initialement), soit son rythme le plus faible depuis la crise financière de 2008.

Ce serait, selon ses sectateurs, la solution à la faiblesse de la croissance économique. Établir des barrières douanières, taxer les produits importés et pénaliser les entreprises tentées de délocaliser leur production permettrait donc de résoudre nos problèmes. Donald Trump en est le principal artisan aux Etats-Unis qui pourtant, déjà, n'hésitent pas à imposer des taxes sur certains produits importés.

En France, le protectionnisme a ses défenseurs comme Marine Le Pen et les courants souverainistes mais aussi Arnaud Montebourg, candidat à la primaire de la gauche, qui en fait un des axes majeurs de son programme pour s'imposer face à ses concurrents. Le patriotisme économique - le « Made in France » - pourrait séduire une clientèle électorale, notamment dans la classe moyenne, persuadée que c'est la mondialisation qui l'a appauvri. Après tout, bien à l'abri derrière nos frontières, nos emplois seraient protégés puisqu'ils ne seraient pas soumis à une concurrence plus rude, soit disant imposée par l'afflux d'émigrés. C'est d'ailleurs ce que préconise Theresa May dans sa version « hard » du Brexit, tout en restant ouverte à des accords commerciaux bilatéraux à travers le monde.

Sophisme

En réalité, le protectionnisme séduit parce qu'il repose sur un sophisme : un pays imposerait des barrières aux importations tout en exportant au maximum sans que les autres pays ne fassent de même. Il est au contraire le déclencheur d'une guerre commerciale qui appauvrit finalement tous les pays (en réalité les entreprises qui seules font du commerce). L'OCDE en liste quelques aspects.

Ainsi, le protectionnisme rend moins compétitives les entreprises locales sur les marchés internationaux en raison de coûts de productions qui restent en comparaison plus élevés. L'organisation a calculé que pour 1 dollar consacré à des mesures protectionnistes diminuait de 66 cents le produit national brut.

De même, il a une conséquence négative sur l'économie mondiale : une hausse de 1 dollar généré par les taxes à l'importation se traduit par une baisse de 2,16 dollars sur les exportations et une baisse de 0,73 dollar dans le revenu mondial.

Au contraire, une libéralisation complète du commerce des biens de consommation et des services ont permis une hausse du revenu moyen réel de 1,3% dans les pays développés et de 0,73% dans les pays à hauts revenus.  Quand aux nouveaux émergents comme le Nigéria, la Thaïlande, ils pourraient voir leur PIB croître de 3% à 6%.

L'OCDE rappelle par ailleurs qu'une augmentation des échanges commerciaux de 10 % majore le revenu par habitant de 4 %.

Derrière le protectionnisme, l'interventionnisme de l'Etat

Si le protectionnisme est difficilement défendable en principe - même si les données agrégées ne rendent pas compte de mesures ciblées et temporaires pouvant sauver certains acteurs -, la question est de savoir pourquoi certains responsables le préconisent.

En fait, il s'agit pour eux d'accroître leur emprise interventionniste sur l'économie, car ils pensent que le pouvoir politique est mieux placé que les entreprises pour la développer. Dans le cas de Donald Trump, c'est l'inverse, il pense que l'on dirige un pays comme une entreprise, d'où son intrusion. Il devrait rapidement s'apercevoir que ce n'est pas le cas. Et il est assez piquant que ce soit Xi Jinping, au profil plutôt de bureaucrate, qui le lui rappelle.

Robert Jules

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Commentaires 18
à écrit le 19/01/2017 à 6:42
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Les communistes font du capitalisme et les capitalismes US reagistent comme des communistes. c'ets le monde à l'envers !!

à écrit le 19/01/2017 à 6:16
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Le libre échange, s'est avant tous des regles appliqué par tous.... La Chine fait du protectionnisme depuis toujours, et il ne respecte pas la propriété intellectuelle.... Elle a dopé sont économie en dévaluant son argent au détriment du reste du mon...

à écrit le 18/01/2017 à 15:04
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"Au contraire, une libéralisation complète du commerce des biens de consommation et des services ont permis une hausse du revenu moyen réel de 0,73% dans les pays à hauts revenus". Très bien, sauf que les personnes tentées par le protectionnisme ne p...

à écrit le 18/01/2017 à 13:27
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Vous pouvez toujours essayer de mettre un barrage sur un fleuve, vous n'arriverez jamais à l'empêcher de couler. Par contre, en y mettant intelligemment retenues et canaux de dérivation, vous pouvez réguler avantageusement son cours ...

à écrit le 18/01/2017 à 12:25
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Le "libre échange" ne devrait concerner que des pays dont le salaire horaire des ouvriers/employés est identique (charges salariales et patronales incluses). Les droits de douanes (ou taxes à l'importation) devraient, dans le cas contraire compenser ...

à écrit le 18/01/2017 à 12:00
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L echangiste libertaire vas

à écrit le 18/01/2017 à 11:13
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Heureusement que la Chine communiste est là pour défendre le libre échange quand même hein !

à écrit le 18/01/2017 à 10:14
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Dommage de faire un article uniquement orienté par une idéologie (le libre échange est formidable et enrichit les peuples et le protectionisme c'est mal) en le justifiant par des éléments chiffrés n'allant que dans le sens du postulat de départ. Un p...

à écrit le 18/01/2017 à 9:49
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les chinois nous ont fait la guerre des changes depuis la fin des annees 90, Avec une monnaie ne fluctuant pas et Sous evaluee... ils sont assis sur plus de 3000 Milliards de reserve de Change... et ont exporte a moindre Prix pendant des annees... le...

à écrit le 18/01/2017 à 9:18
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Le timonier crie le pousse pousse passe. Hi hi

à écrit le 18/01/2017 à 8:54
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La Chine a fait sa fortune grâce au "libre échange" comme vous dites qui a fait que tous les actionnaires du monde ont délocalisé leurs outils de production là bas de sorte de faire exploser leurs marges bénéficiaires paupérisant ainsi leurs économie...

à écrit le 18/01/2017 à 8:37
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Être pragmatique, c'est travaillé pour sa "paroisse"! Chacun travaille pour la sienne!

le 18/01/2017 à 9:21
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La seule différence c'est que lui il ne travaille que pour sa pagode

à écrit le 17/01/2017 à 23:12
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Mauvaise analyse La mondialisation a apporté le chômage En délocalisant toute notre industrie Les gagnants sont les classe supérieur et surtout les grandes entreprises Les chinois ne respectent rien on ne peux même pas être propriétaire du e ent...

le 18/01/2017 à 13:45
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bravo c est bin vrai ça mon gars

le 18/01/2017 à 17:27
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@Pierre: assez d'accord, mais doit-on reprocher aux dirigeants chinois de pousser le bouchon aussi loin que possible, ou au contraire, reprocher à nos dirigeants de les laisser faire ?

à écrit le 17/01/2017 à 19:36
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Bonjour, pour équilibrer cet article et avoir une vision juste, quelques remarques : -on ne parle que du PIB et des revenus moyens...peut on parler de la hausse des inégalités, du phénomène "elephant chart" engendré par la globalisation dérégul...

à écrit le 17/01/2017 à 18:54
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Ça parait simple dit comme ça... Cependant, c'est beaucoup plus complexe, évidement, La Tribune produit des articles et non des livres. Il y a différents points de vue et autant d'avantage que d'inconvénient qui confrontent ces points de vues. Ici...

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