Pierre Moustial (VivaSanté) à la Tribune des Décideurs : "L'automédication, c'est un milliard d'euros d'économies"

Par latribune.fr  |   |  641  mots
Lundi 13 Mai à 12h30, nous recevions Pierre Moustial, Directeur Général des opérations de VivaSanté et Directeur des laboratoires Urgo.

Pierre Moustial, Directeur des laboratoires Urgo et Directeur général des opérations chez VivaSanté, était l'invité de « La Tribune des Décideurs » cette semaine.

Jean-Marc Ayrault présentera dans les prochaines semaines un plan d'investissements pour les dix ans qui viennent : l'occasion pour Pierre Moustial de distiller sa vision en matière de santé.

Automédication, création de parcours de soins, réduction du délai de mise sur le marché des médicaments, autant de leviers nécessaires, selon lui, pour réaliser des économies pour le pays et améliorer la compétitivité des entreprises françaises de l'industrie pharmaceutique !

Le premier ministre doit présenter un plan d'investissement pour la santé dans les prochaines semaines, qu'en attendez-vous?

Il faut absolument que soient pris en compte le secteur du dispositif médical. La santé, ce ne sont pas que les médicaments : les pansements, les appareils de radioscopie, les organismes de visite à domicile... Toutes ces activités observent une croissance importante, et méritent l'attention des pouvoirs publics. De plus, l'innovation en France dans le secteur de la santé est difficile : quand en Allemagne, on peut lancer un produit innovant en 1 jour, en France, cela peut prendre jusqu'à deux ans, à cause d'une législation compliquée, parfois même contradictoire. Il faudrait mettre un grand coup de pied là dedans, pour que les entreprises françaises puissent jouir de la légitimité de leur propre marché pour mieux exporter.

De plus, nous avons en France la main d'oeuvre la plus chère du monde. Il faut donc faire les produits les plus innovants et les plus chers du monde. Même si les mesures initiées par François Hollande pour les entrepreneurs et l'innovation vont dans le bons sens, elles ne concerneront pas les pharmaciens, les ingénieurs, qui sont nécessaires à la montée en gamme dans l'industrie pharmaceutique.

Comment faire des économies sur les produits de Santé ?

On travaille sur des solutions de télé-médecine, adaptées au besoin croissant des patients à domicile, qui permettrait par exemple aux infirmières d'avoir accès à des médecins référents si elles ont des doutes sur une plaie, de faire circuler les analyses, de les exploiter à distance. C'est un gisement d'économies énorme car une hospitalisation représente, en plus du coût du soin, un coût d'hébergement qui peut être évité.

Cela peut également passer par la création d' « aiguilleurs médicaux » qui éviteraient les erreurs de service, les transferts coûteux. Une troisième solution, qui n'est pas à la mode en France, consisterait en la démocratisation de l'automédication pour les « petits risques » (rhumes, allergies...). Le pharmacien est compétent pour conseiller les patients sur des pathologies de ce type, et cela éviterait le triple coût d'une visite chez le médecin, du soin et de l'absentéisme. On peut générer un milliard d'euros d'économies grâce à cette médication responsable.

L'industrie pharmaceutique a-t-elle encore de beaux jours devant elle ?

Peut-être pas celle qui a été pratiquée depuis 30 ans, mais il y a un réel potentiel de croissance en France sur le secteur du dispositif médical. Les solutions techniques de start-up qui révolutionnent la biopsie par exemple, ou qui reconstituent des os avec des bio-matériaux représentent un levier incroyable. Il faut préserver les atouts de la France, ces PME, ces star-up qui sont bons et complémentaires en physique, en chimie, en biologie, en électronique. C'est cette alliance qui fait la différence. Si on montre que l'on peut augmenter l'espérance de vie en gardant les gens en bonne santé, on réussira à changer l'image de l'industrie pharmaceutique.

Retrouver l'intégralité de l'interview dans la vidéo !

Plus d'informations sur Décideurs TV