Certains s'étaient gaussés de Pierre Gadonneix , le PDG d'EDF, sur sa frilosité à l'international notamment. Ses défenseurs répondaient qu'il était simplement prudent et que par le passé, EDF s'était mordu les doigts de coûteuses aventures loin de ses frontières. Aujourd'hui, le voilà qui fait taire ses détracteurs et se lancent à l'assaut de l'américain Constellation que ne veut pourtant pas de lui et préfère le milliardaire investisseur Warren Buffet.

Pour l'emporter, EDF mise gros : près de deux fois le prix offert par son riche rival. Mais ajoute une carte importante : son savoir-faire dans le nucléaire à l'heure où les Etats-Unis, face au risque de raréfaction future du pétrole, veulent construire de nouvelles centrales, projet dans lequel Constellation devrait occuper une place importante. Or c'est un savoir-faire que Warren Buffet et les sociétés de son vaste groupe n'ont pas.

On peut certes s'étonner de voir Pierre Gadonneix, pur produit de la technocratie élitiste française, affronter l'oracle d'Omaha comme l'on appelle Warren Buffet, boursier de génie qui n'a pas hésité à profiter de la crise pour investir à bas prix dans des géants décotés à Wall Street tel General Electric. Mais le timing de l'attaque française n'est pas mauvais. Car le groupe du milliardaire amércain est un peu moins florissant ces derniers temps et la fortune de son propriétaire un peu érodée même si elle demeure énorme. Rien ne dit qu'il aura envie de surenchérir et d'ajouter à prix d'or une constellation à son empire.