Un crash, pas un krach

Avec la crise, le trafic aérien était déjà à la peine. Les compagnies perdent toutes de l'argent, même Ryanair, le champion du low-cost.  Le crash du vol Rio-Paris, ça risque de déstabiliser encore un peu plus le trafic mondial...

Non, pas vraiment !

On l'a vu dans le passé : les accidents d'avion, les grandes catastrophes aériennes, affectent en réalité assez peu l'évolution du trafic global. Celui-ci progresse, grosso modo, sur longue période de 5% l'an. Même la série noire des crashs de l'été 2005 n'avait pas eu d'effets sur le trafic. C'est qu'en dépit de ces accidents, spectaculaires, dramatiques aussi, l'avion reste le moyen de transport le plus sûr, bien plus sûr que le train, que la voiture surtout. L'an dernier, les crashs aériens ont fait 500 victimes dans le monde ; 80.000 personnes sont mortes sur les routes. Alors que le nombre de passagers transportés n'a fait que croître ces dernières années, la fréquence des accidents a fortement diminué. Ce n'est pas la même chose avec le terrorisme : on l'a vu en 2001, la crainte du terrorisme peut, elle, affecter le trafic.

Le trafic aérien a stagné l'an dernier, il est en forte baisse cette année...

Oui, rien à voir avec les crashs aériens, tout à voir avec le krach de la finance mondiale, avec en réalité la crise économique. Le ciel en est l'une des premières victimes ! Moins d'activités dans le monde, c'est moins de voyages, ce sont des voyages plus courts, ce sont des voyages plus économiques, ce sont aussi des voyages que l'on remplace par des visioconférences. C'est tellement plus pratique, de plus en plus sophistiqué aussi. Les voyages d'affaires sont particulièrement touchés. Quand ils se font encore, ils ne se font plus en première ou en business mais en classe éco. J'étais la semaine dernière en reportage au Japon. Eh bien, là bas, la crise sévit aussi : toutes les entreprises françaises, toutes les entreprises étrangères, sont en train de réduire la voilure, de rapatrier leurs expatriés. Tout cela, ce sont des voyages en moins...

Cette crise ne conduit-elle pas les compagnies à faire des économies sur la sécurité ?

Non. Elles s'en défendent...et elles le démontrent. Des économies, elles cherchent, c'est vrai, à en faire un peu partout. Mais jamais sur la maintenance et l'entretien des appareils. Ce serait trop dangereux, trop risqué - pour leurs passagers, pour leur image aussi. De fait, personne ne met en cause la sécurité des avions dans les grandes compagnies classiques, ni dans les low-cost d'ailleurs.

Pour les unes comme pour les autres, un autre défi est de retour : c'est la flambée, discrète, du brut. Le prix du kérozène a à nouveau doublé depuis le début de l'année. C'est l'un de leurs gros coûts. Sûr que cette hausse va affecter à nouveau les tarifs aériens, le trafic dans la foulée. Le transport aérien n'a jamais été un métier facile. Les compagnies ont perdu, au total, depuis 2001, plus de 40 milliards de dollars. Sûr qu'elles vont encore en perdre beaucoup cette année.

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