Les contradictions des opposants à Barroso

Par Le blog Europe de La Tribune  |   |  508  mots

"Faites ce que je dis, pas ce que je fais!"

. En ne présentant pas (ou pas vraiment) de candidat à la présidence de la Commission, les socialistes et les démocrates européens sont en train de reproduire à la lettre ce qu'ils reprochent à Barroso.

La Commission de José Manuel Barroso a été attaquée de toutes parts pour sa gestion de la crise et son manque d'initiative pour réguler les banques.

"Il faut être pragmatique et ne pas annoncer des projets qui seront refusés par les Etats membres"

, s'était justifié José Manuel Barroso mi-octobre. Cette méthode consensuelle et ce manque de courage politique ont été largement critiqués: il fallait faire des propositions ambitieuses et les proposer au Conseil! Cela ne se serait pas passé comme ça "du temps de Jacques Delors et de son livre blanc", a estimé Guy Verhostadt aujourd'hui. Pour l'ancien Premier ministre belge, une position européenne se définit "à la table du Conseil" et pas juste à travers une tribune libre dans un journal immédiatement retoquée par un fonctionnaire à Berlin. C'est pour cela que la Commission "a le pouvoir d'initiative". "Il aurait fallu avoir une Commission plus active et ça n'a pas été le cas jusqu'ici", a déploré le démocrate belge.

Il faut tenter donc, même lorsque les chances paraissent réduites car cela favorise au moins le débat. Alors pourquoi les socialistes et les démocrates ne présentent-ils pas de candidat à la tête de la Commission ?

Du côté des socialistes, Martine Aubry, lors de sa première sortie européenne à Strasbourg en février, avait déclaré vouloir un candidat : "Le parti socialiste français souhaite un candidat à la présidence de la Commission et j'espère que nous serons suivis par tous les partis socialistes et socio-démocrates européens". Ils n'ont pas suivi... Pourquoi ? Parcequ'ils savent qu'ils ont peu de chances de l'emporter. Le FT Deutschland nous apprend que "selon le SPD et chef de file des socialistes européens Martin Schulz, aucun des 27 chefs d'Etat et de gouvernement n'est prêt à nominer un social-démocrate"... Et les élections européennes dans tout ça ?

Du côté des démocrates, "les membres du PDE ont proposé les candidatures de Guy Verhofstadt et de Mario Monti à la présidence de la Commission européenne" nous apprend une résolution du parti réuni le 8 mai à Bilbao. Pourtant, quand on parle à Guy Verhofstadt quatre jours plus tard, il répond qu'il a "déjà été candidat et que ça n'a pas été le meilleur moment de ma vie. Mon avenir est au Parlement européen." L'ancien Premier belge refuse de parler de la Commission avant l'issue des européennes. Tout le temps de la campagne donc.

La messe semble dite : ce sera Barroso et tout le monde s'y est résigné. Pourquoi tenter sa chance si on en a aucune ? Juste pour provoquer un débat ? A quoi bon... Le raisonnement est d'un "pragmatisme" à toute épreuve.

Y.-A.N.