Androulla Vassiliou, la commissaire européenne à la santé, ne cache pas ses doutes sur la capacité et la volonté réelles des Vingt-Sept de se serrer les coudes face à une pandémie. Au moment de la grippe aviaire, « les Etats membres n'avaient pas voulu constituer de stock européen d'antiviraux » et le plus souvent « ils préfèrent garder l'état de leurs stocks pour eux », rappelle la Chypriote. La France elle, clame volontiers qu'elle est l'un des pays les mieux équipés au monde, avec 33 millions de traitements antiviraux destinés à une grippe. Mais Roselyne Bachelot précise aussi qu'ils sont gardés "en lieu sûr", dans des bâtiments militaires. Ca en dit long...
Que se passerait-il si un pays européen moins bien doté avait un besoin urgent d'antiviraux ? Les autres lui viendraient-ils en aide ? Prendraient-ils le risque de se priver d'une partie de leur stock au cas où les choses tourneraient mal pour eux aussi ?
En 2006, les ministres européens de la santé n'étaient pas parvenus à s'accorder sur la décision d'entreprendre la création d'un stock stratégique européen d'antiviraux. Selon un document de la Commission : « Ce stock aurait fourni une réserve d'antiviraux qui auraient pu être redistribués selon les besoins, au cas où une pandémie de grippe surviendrait en Europe. Le but n'était pas qu'il remplace les stocks nationaux, que chaque État membre doit continuer à constituer, mais qu'il forme une ressource supplémentaire et complémentaire. »
Le commissaire européen de l'époque, Markos Kyprianou avait déploré ce manque d'esprit européen : « Le débat a fait apparaître l'absence d'accord sur la mise en place d'une telle mesure. Il est donc d'autant plus important que les États membres mettent tout en œuvre pour constituer leurs propres stocks d'antiviraux. Il incombe désormais uniquement aux autorités nationales de garantir l'existence de ressources suffisantes en cas de pandémie, au minimum pour les personnes les plus vulnérables. » Chacun pour soi...
Y.-A.N.
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