"Une Europe gouvernée par l'Allemagne ? Du pur fantasme ! "

Le directeur adjoint du Deutsch-Französisches Institut livre sa vision des exigences allemandes pour la résolution de la crise de la zone euro: un projet cohérent, dans lequel union monétaire et union politique sont inséparables.
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Nicolas Sarkozy a affirmé avoir accepté une révision du traité de Lisbonne, pour imposer la convergence budgétaire, économique et fiscale, comme le demande Berlin. Va-t-on vers une Europe gouvernée par l'Allemagne ?

HU : Cette vision relève du pur fantasme ! La révision du traité de Lisbonne que demande Angela Merkel ne relève pas d'une logique « allemande » mais du pur bon sens : pas d'union monétaire sans union politique. En plus, l'Allemagne s'est toujours montré capable de réaliser des compromis : elle a accepté des réponses d'urgence même si elles heurtaient la doctrine allemande, contre l'assurance de règles afin d'éviter de nouveaux dérapages. Qu'elle ait publiquement reconnu hier que « de toute façon la BCE est indépendante » suggère qu'elle s'apprête à céder sur les demandes françaises. Mais ce ne sera pas sans qu'elle ait obtenu de véritables assurances sur sa capacité future à peser sur leur politique budgétaire. Ce sera contre l'obtention d'une véritable Union politique sur un socle démocratique. Pour créer une Union monétaire qui fonctionne, il faut créer les conditions politiques.

C'est donc bien la vision allemande qui prévaut désormais en Europe...

S'il y a quelque chose de véritablement germanique dans cette vision de l'Europe, c'est l'attachement à la stabilité budgétaire et monétaire, sur la base du respect des règles et de l'indépendance de la BCE. C'est l'esprit du contrat fondateur de la zone monétaire, auquel l'Allemagne tient très fortement, et qui avait été accepté à l'époque par tous les pays fondateurs de l'UEM !

La crainte française est de voir l'Allemagne profiter de l'accès de faiblesse de la France sur les marchés pour imposer ses vues...

Détrompez vous ! Les difficultés de la France ne réjouissent personne à Berlin, car si la France coule, l'Allemagne coulera avec ! Mais il est clair que l'Allemagne a repris l'initiative. Car c'est surtout l'occasion pour Berlin d'aller jusqu'au bout de la logique monétaire en proposant un approfondissement de l'union politique, logique qu'elle a toujours défendue .Si elle est prête à payer, elle redoute que cela ne désincite les Etats à faire les efforts budgétaires nécessaires. Elle ne veut pas avoir à payer pour les Etats structurellement déficitaires sans que l'Union européenne ait un moyen de contrôle efficace sur eux. Pour sortir de la crise, avec une vraie solution durable, il faut remettre de la cohérence politique dans le système ; dans ce sens, Angela Merkel souligne que les modifications des traités européens sont une partie intégrante des solutions à trouver. Les germes du compromis sont là. Mais l'Allemagne entend vendre cher ses nombreuses concessions.

 

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Commentaires 7
à écrit le 04/12/2011 à 20:56
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"Union politique sur un socle démocratique". Depuis le vote sur le Traité de Lisbonne, j'ai des doutes sur le sens du mot "démocratique". J'ai même la douloureuse impression pour ce qui concerne notre gouvernance nationale et la pléiade de lois atte...

à écrit le 04/12/2011 à 13:11
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La France est malade du complexe allemand .Elle a perdu des guerres ,connu le déshonneur de l'occupation de 1940 à 1945- sauvée par les américains et les brittaniques- surpassée dans la compétition économique depuis plus de vingt ans malgré la charge...

à écrit le 04/12/2011 à 8:07
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La situation économique de l'Allemagne est meilleure que celle de la France car l'Allemagne a moins délocalisée. Ainsi elle produit toujours autant d'automobiles, pas la France qui a perdu des centaines de milliers d'emplois. Toutefois le niveau d'en...

à écrit le 27/11/2011 à 15:23
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la France a peur !!

le 28/11/2011 à 7:42
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vous avez raison..la peur est le propre des faibles...si nous avions eu un peu de courage politique ces 20 ou 30 dernières années, nous serions maintenant coleader en europe au lieu de mendier notre survie financière ...et industrielle...

à écrit le 25/11/2011 à 6:13
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Ce qui est surprenant c'est que personne ne parle du vrai problème: le déséquilibre des balances commerciales entre les pays de la Zone Euro du aux divergences économiques grandissantes depuis l'introduction de l'Euro. Les économies, puisque divergen...

à écrit le 25/11/2011 à 5:19
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L'ennui avec ce commentaire, c'est qu'il nous parle dans les grandes largeurs de l'obsession germanique pour la stabilité budgétaire et de sa hantise des pays chroniquement déficitaires, alors qu'elle est endettée jusqu'au cou. Même le Monde et le Fi...

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