"L'interdiction des forages en France relève de l'obscurantisme"

Par Propos recueillis par M.-C. Lopez  |   |  718  mots
dr
Jean Ropers, président de Gep-AFTP (Groupement des entreprises parapétrolières et Association des techniciens et professionnels du pétrole)

Fracturation des roches, consommation massive d'eau et d'électricité, pollution des nappes phréatique, utilisation de produits chimiques, nuisances sonores... Les opposants à l'exploitation des gaz de schistes jugent ce procédé dangereux pour l'environnement. Vous, vous, plaidez en sa faveur...

Certaines de ces affirmations sont complètement ridicules. Laissez moi d'abord rappeler que la fracturation est un procédé bien connu puisqu'il est utilisé depuis au moins 50 ans pour produire aussi des hydrocarbures conventionnels, notamment aux Etats-Unis. Il serait d'ailleurs plus précis de parler de fissuration quand il s'agit d'aller chercher le gaz et le pétrole qui sont restés captifs au sein des roches-mères où ils ont été formés. La technique consiste ici non pas à fracturer, ce qui est fait dans le cas de roches très dures et peu perméables, mais à augmenter les fissurations souvent déjà présentes dans les formations géologiques.

 

Fracturation ou fissuration, les écologistes estiment que ces techniques peuvent provoquer des dégâts irrémédiables sur l'environnement, en commençant par les nappes phréatiques.

Il faudrait d'abord qu'ils le prouvent. Au contraire, la plupart des puits de pétrole forés -et il y en a 5.800 rien qu'en France- traversent les nappes phréatiques. Qu'on nous montre où elles ont été endommagées ! Les techniques sont éprouvées. Ce sont les mêmes que pour la production conventionnelle. Les nappes phréatiques traversées par un forage quel qu'il soit, sont toujours isolées par au moins un tubage dont la cimentation peut être vérifiée. Le seul incident de fracturation connu à ce jour s'est produit près de Bâle, en 2006, lors du forage d'un puits de géothermie qui a entraîné un petit mouvement sismique. Sans doute, ce puits avait-il été foré trop près d'une faille existante. Or, les failles existantes sont repérables en géophysique.

L'utilisation de nombreux produits chimiques est une réalité.

Pour maintenir la fissure ouverte, on utilise de l'eau chargée de tout petits gravillons. On gélifie l'eau pour qu'elle puisse transporter ce sable, puis des produits chimiques pour casser ce gel au bout d'un certain temps. Il ne s'agit pas de 2 .500 additifs comme certains le prétendent, mais d'une douzaine au maximum. Des études seraient nécessaires pour déterminer les meilleurs produits. La société américaine Halliburton a déjà fracturé des puits aux USA en utilisant uniquement les additifs employés dans l'industrie agro-alimentaire. . Quant à la consommation d'eau, effectivement, elle est forte puisque c'est l'eau qui est le vecteur de propagation pour accentuer les fissures. Un puits nécessite de 15 à 20. 000 mètres cubes d'eau mais un quart, voire plus, peut être récupéré, traité puis réinjecté.
Pour la pollution sonore, les sites peuvent être insonorisés et surtout on peut les choisir très isolés. Grâce au forage horizontal, on peut éviter de forer sous les églises ou sur la place des villages !

Quel est l'intérêt pour la France de se lancer dans cette exploitation ?

D'abord, disposer d'un potentiel de gaz correspondant à plusieurs dizaines d'années de consommation. L'interdiction de l'exploration nous plonge en plein obscurantisme puisque l'on ne veut ni explorer ni travailler à l'amélioration des procédés existants si nécessaire.

Ensuite, c'est un nouveau monde industriel qui s'ouvre et la France prend le risque d'en être absente. Les procédés utilisés peuvent être améliorés, les études qui font appel aux technologies les plus modernes comme la micro- sismicité sont très porteuses des progrès de localisation des fissurations. Le potentiel d'emplois se chiffre par milliers, depuis les travaux de terrassement jusqu'aux experts en laboratoire

Enfin, il est difficile pour les nombreuses entreprises françaises présentes sur ces activités de prétendre vendre à l'étranger une technologie interdite en France ! Notre secteur qui fournit matériel et services de forage compte 50.000 salariés en France. Les travaux déjà lancés en Pologne ou au Danemark vont donner aux entreprises impliquées un avantage concurrentiel irrattrapable.

Vous pensez que la France peut changer d'avis sur la question ?

Peut-être quand Gazprom ou un autre de nos fournisseurs augmentera trop les prix du gaz ...ou quand la raison aura repris ses droits.