Retraites : Hollande ou l'indécision permanente

Par Arnaud Robinet, Député UMP de la Marne  |   |  813  mots
Copyright Reuters
Sur le dossier des retraites, qui appelle certes des débats importants, François Hollande fait preuve de flou et d'incohérence. Ce qui est sûr, c'est que sa proposition d'élargir le dispositif « carrières longues » représenterait un vrai gouffre financier, et qu'elle ne résoudrait en rien la question de la pénibilité du travail.

Une fois de plus, les propos récents de François Hollande sur la réforme des retraites jettent le trouble sur les véritables intentions de celui qui s'est déjà autoproclamé « prochain président ». En indiquant vouloir élargir le dispositif « carrières longues » à ceux qui ont travaillé à partir de 18 ans et en ne remettant pas en cause le recul de l'âge légal ou de la durée de cotisation, le candidat socialiste fait le choix de ne pas choisir, restant dans le flou qui lui a été reproché jusque dans son propre camp.

Le vieillissement de la population a des conséquences si importantes qu'il nous amène à repenser le financement des pensions, la création d'un nouveau risque dépendance, la durée du travail tout au long de la vie, et plus globalement le lien entre les générations au sein de l'entreprise. Et sur ces enjeux incontournables, le candidat socialiste botte en touche en formulant une idée incohérente, légère et injuste.

Premièrement, François Hollande poursuit l'incompréhensible feuilleton du Parti socialiste sur la réforme des retraites. Après les tergiversations de Martine Aubry sur le recul de l'âge légal et la promesse du retour pur et simple à 60 ans en cas de victoire, et devant les opinions difficilement conciliables qui ont vu le jour lors des primaires, le candidat socialiste contredit désormais le projet qu'il est censé porter, en laissant entendre qu'il faudra allonger la durée de cotisation et en devenant plus qu'évasif sur le recul de l'âge légal. Ce discours fait d'incohérences verbales manque d'une vision claire, et les Français ont précisément besoin, à l'heure de la crise, de cette vision.

Deuxièmement, cette proposition est particulièrement légère. D'une part, elle représente un tsunami financier pour l'équilibre des comptes de l'assurance vieillesse, puisque 25 % des assurés actuels pourront avancer leur fin d'activité de quelques mois. D'ici à 2020, ce sont 20 milliards d'euros en moins pour les comptes sociaux et tout autant pour les pensions des Français. D'autre part, cette suggestion s'accompagne d'une promesse de négociation sur le dossier des retraites après les élections, dont on ne peut connaître l'aboutissement.

Troisièmement, ce gouffre financier ne répondra pas à la question de la souffrance au travail, qui dépasse très largement les carrières longues. Plutôt que de réfléchir, par exemple, à une prise en compte individuelle de la pénibilité à travers tous les secteurs de l'économie, le candidat socialiste se contente de prôner l'élargissement du dispositif carrières longues, qu'il a paradoxalement combattu avec l'opposition socialiste en 2003 et en 2010. Il est vrai que le bilan du Parti socialiste en matière de retraite est plutôt maigre : après s'être contenté de créer en 2000 un conseil d'orientation peu écouté tout en finançant un fonds de réserve assis sur les fluctuations des marchés, l'opposition se contente depuis 2003 de nier la réalité du vieillissement de la population, en pratiquant l'obstruction au Parlement et la démagogie devant les Français.

Bien sûr, la réforme de 2010 appelle une mise à jour et une évaluation, qui est prévue par la loi en 2013. Les élections prochaines représentent ainsi une occasion utile de débattre du modèle social et du financement des pensions, en traitant notamment les questions d'iniquité et d'inégalités encore persistantes. Un système dans lequel coexistent 36 régimes de retraite différents est-il toujours équitable ? Les catégories les plus vulnérables qui ont peu cotisé ou qui ont traversé des accidents de la vie sont-elles suffisamment prises en compte (mères de famille, parents d'enfants handicapés, personnes handicapées, chômeurs de longue durée...) ? N'est-il pas temps d'inciter les entreprises à jouer un rôle plus important en faveur de la prévention des risques au travail ? Comment trouver des financements innovants, en développant par exemple une épargne retraite dès l'entrée dans la vie active ? Des questions demeurent et doivent susciter de nouvelles idées. Mais sur chacune de ces interrogations, le candidat socialiste manque cruellement d'audace et de détermination.

Enfin, cette indécision est d'autant plus navrante que François Hollande en est souvent coutumier. Sur le nucléaire, il s'est dédit à plusieurs reprises, en signant avec Europe Écologie-les Verts un accord qu'il a aussitôt dénoncé devant les Français. « Élisez-moi, ensuite on verra » pourrait bien résumer la feuille de route de François Hollande. Mais les Français pourront-ils voter en confiance pour un homme dont les avis ne sont ni arrêtés ni assumés ? La France mérite une opposition plus inventive, plus constructive et surtout plus claire dans ses engagements.