Les classes moyennes risquent d'être les grandes perdantes

Par Ivan Best, journaliste à La Tribune.
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Si le gouvernement décide vraiment de passer outre l'absence de consensus sur la TVA sociale, en faisant voter un relèvement de cet impôt, il s'engagera dans une réforme aux résultats que la plupart des économistes jugent incertains. "Une expérimentation hasardeuse", diront les plus critiques, reprenant l'expression de Jacques Chirac moquant les 35 heures de Lionel Jospin. Peu suspect de sympathies gauchisantes, un économiste comme Jean-Charles Simon, ex-directeur général adjoint du Medef, soulignait récemment dans La Tribune combien les conséquences de cette réforme seraient "difficiles à appréhender".

 

Tout dépendra, bien sûr, des arbitrages de Nicolas Sarkozy. Baisse des seules cotisations patronales? Ou allégement, aussi, pour une part des cotisations des salariés ? Hausse limitée de la TVA, assortie d'un relèvement de la CSG, ou augmentation importante - deux à trois points - de la TVA ? Une hausse modérée - un point - pourrait n'avoir qu'un impact réduit sur les prix, les entreprises ne le répercutant qu'à la marge. En revanche, s'il s'agit de deux à trois points de plus, l'inflation s'en ressentira. Qui paiera, alors?

 

Alors que le débat public, alimenté depuis de longs mois par la TVA sociale, les avait oubliés, il est beaucoup question aujourd'hui des retraités et des chômeurs, qui seraient les premiers perdants. Un chef d'entreprise, très favorable à cette réforme, estime que l'Etat a agi suffisamment en faveur des retraités. En fait, ces catégories ne seraient pas nécessairement les plus lésées.

 

Les pensions de retraite comme les prestations chômage sont indexées sur l'inflation. Bien sûr, il y aurait un décalage temporel entre la hausse des prix consécutive au relèvement de la TVA, et la majoration de prestations, mais, in fine, un rattrapage aurait lieu. Il en va de même pour les minima sociaux. A moins de jouer à fond, à l'allemande, la carte de la compétitivité, assumant la baisse des revenus de la majeure partie de la population, y compris la moins bien lotie, on voit mal un gouvernement, quel qu'il soit, refuser d'augmenter le RSA aussi vite que les prix. S'agissant des salariés, les smicards auraient droit, eux aussi, à une compensation rapide.

 

Ce système de rattrapage soulève bien sûr des questions: comment compenser le déséquilibre des comptes sociaux provoqué par la hausse de la TVA, puisqu'il faudra bien financer la majoration des pensions et des minima sociaux, notamment ? Va-t-on augmenter des cotisations sociales qu'on vient de diminuer ? S'agissant du Smic, les entreprises devraient assumer là une hausse du coût du travail, sans compensation, puisqu'il n'existe plus de cotisations sociales à baisser, au niveau du Smic... La question du sort réservé aux fonctionnaires se pose aussi. Alors que le point d'indice est gelé, peut-on leur imposer une rigueur supplémentaire? Peut-être pas, en tout cas, pour ceux en bas de l'échelle, qui bénéficieraient de système de rattrapage.

 

En revanche, les fonctionnaires "moyens", comme les salariés du privé, risquent d'être les perdants de l'affaire. Laurence Parisot affirme que "tout le monde sera gagnant". Mais le fruit du relèvement de la TVA peut difficilement servir deux fois, à baisser à la fois les cotisations des employeurs et des salariés. Si les seconds sont privilégiés, les entreprises seront oubliées. Exit alors le gain de compétitivité, ce qui est exclu. En cas de hausse des prix, il y aurait donc bien amputation du pouvoir d'achat des salariés moyens. Des économistes favorables à cette TVA sociale, tel Jacques Le Cacheux (OFCE), admettent l'existence de ce risque pour les classes moyennes. Celles-là même que le gouvernement affirme vouloir ne plus oublier...

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Commentaires 22
à écrit le 03/05/2012 à 20:53
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@ mimosa nous les classes moyenne on devrait voter pour qui selon vous, j'ai écouté la parodie d'hier soir ce sont des guignols tout les deux ils nous promettent des lendemains qui gazouille on peut dire comme ça, le 6 mai ne votons pas, là il aurais...

à écrit le 02/02/2012 à 17:19
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Attention ! en France, les personnes modestes qui ont su économiser pour avoir un petit patrimoine et qui essaient de s'en sortir sans être aux crochets de l'Etat, sont remerciés ! Après les diminutions fiscales importantes malgré des promesses fi...

à écrit le 09/01/2012 à 10:34
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Risquent? Les classes moyennes SONT le dindon de la farce depuis 1990. J'ai personnellement perdu 40% de richesse "potentielle". Quand j'ai commencé ma carrière (il y a 20 ans) le salaire d'embauche (auquel J'AI été embauché) était équivalent à celu...

le 09/01/2012 à 18:03
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Il va falloir vous faire à cette restriction de confort,qui soit dit en passant est inconvenent eu égard aux milliards d'êtres qui vivent dans un dénuement total.Pour EUX le ski est une interrogation!!!Alors avoir une brouette d'argent quand les pré...

à écrit le 08/01/2012 à 16:39
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Excellente analyse ! Jean Christophe

à écrit le 06/01/2012 à 21:25
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quand mme parisot applaudi les idées du gouvernement sarkosy,c'est forcement celles du grand patronat ,qui sont trop souvent au detriment des salariés et des pme.quant aux syndicats largement subventionnés par l'etat et le patronat ils menent un doub...

le 07/01/2012 à 7:52
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les dirigeants masqués de ce pays sont le Medef,et les grandes familles . Les seuls qui fréquente le fouquet's c'est la que se donnent les consignes de gestion Du pays.

le 07/01/2012 à 18:39
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Quelle industrie? Nous n'avons même pas le necessaire d'outillage pour demembrer le cargo échoué.. Nous n'avons plus que contestations,revendications,pleurnicheries,pour sauvegarder des emplois qui vont s'éteindre faute d'entrepreneurs qui ne suppo...

à écrit le 06/01/2012 à 20:34
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les classes moyennes n'ont plus aucun intérêt à voter pour Sarkozy qui se charge de leur faire supporter le fardeau ni non plus les retraités qui ont cru au père Noel !

à écrit le 06/01/2012 à 19:18
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A quand un gouvernement low cost ?

à écrit le 06/01/2012 à 17:48
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Une république (bananière) a voulu imposer son modèle en Afrique pendant des années on voit le résultat mais depuis le meme temps nos guignols nous emmenent par le fond tranquillement. Gauche ou Droite meme combat :on se partage le gateau entre" amis...

à écrit le 06/01/2012 à 13:12
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toujours les mêmes qui trinquent... ceux qui se cassent le c.. à se lever tôt chaque matin, à travailler dur pour payer loyer, impôts, taxes en tout genre... ceux qui ne sotn pas assez pauvres pour toucher des aides sociales et pas assez riches pour ...

à écrit le 06/01/2012 à 10:45
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A croire que ce gouvernement calque sa visionde société sur les Us. Ou on est riche trés riche Ou on estlimite ligne de flotaison Puis trés pauvre,hors circuit économique Pour finalement terminer clochard Voila le schema qui nous attend dès 2012...

à écrit le 06/01/2012 à 9:30
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Le ventre mou des classes moyennes que l'on prétend chouchouter en permanence est toujours au contraire et de façon pérenne étranglé par les impôts et taxes en tous genre ;captif qu'il est de l'angoisse existentielle liée à l'éducation de sa progéni...

le 06/01/2012 à 12:07
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Oui, c'est pourquoi je ne me suis pas endetté sur 45 ans pour un bien tout pourri : au moins, je suis libre de partir quand je veux éduquer mes enfants ailleurs !

à écrit le 06/01/2012 à 9:29
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Et quand les classes moyennes vont décider d'arrêter de bosser parce que cela n'en vaut pas la peine, il se passera quoi ? On nous a déjà empêché de nous loger décemment en favorisant la bulle immobilière avec nos impôts, maintenant il faudrait accep...

le 06/01/2012 à 11:22
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le jour où les politiques de tout pays comprendront que ce qui fait la force d un pays c est sa classe moyenne et pas ni sa classe riche ni sa classe pauvre on aura fait un grand pas en avant Les USA ont massacré leur classe moyenne pendant les année...

le 06/01/2012 à 13:26
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Eh oui, prenons ce que je connais bien mon cas perso, titulaire d un bac+3, agent de maîtrise dans les transport 31 ans à peine : salaire brut environs 1800 euros brut après 10 ans d?expérience ce qui laisse en net 1350 environs, bien sur avec cela t...

le 08/01/2012 à 0:29
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Il faut bien se mettre dans la tête qu'il n'y a plus d'avenir en France pour la jeunesse. Quitter le pays, fuir semble la seule planche de salut pour les diplômés. Un peu comme les protagonistes du livre "les corps indécents", il est urgent d'envisag...

à écrit le 06/01/2012 à 9:11
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le salaire brut qui baisse, c'est le Medef qui baise.

à écrit le 06/01/2012 à 8:34
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En simples termes marketing, la demande a déjà évolué : vers le low cost et les discounts de toute nature pour la très vaste majorité (chomeurs, salariés et retraités "de base", classes moyennes actives surtaxées) et vers le luxe pour une minorité lo...

le 06/01/2012 à 13:22
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oui bien parlé et VRAI!!!

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