Le consensus a toujours tort

Par Marc Fiorentino  |   |  587  mots
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Par Marc Fiorentino, de Monfinancier.com.

Ne lisez pas les prédictions et les prévisions pour l'année 2012. Elles ne sont pas négatives, sombres, cataclysmiques, apocalyptiques, elles sont tout cela à la fois. Il faut dire que "chat échaudé craint l'eau froide". L'année dernière, l'équipe des "experts CAC 40" avait prévu dans sa grande majorité une hausse de 10 à 20% avec finalement un CAC qui a chuté de 17% et a même frôlé le krach en cours d'année. Du coup, barre à droite toute : le CAC va s'écrouler, l'euro va disparaître, la zone euro va disparaître, le monde va entrer en récession, tous les pays qui pratiquent l'austérité ; hors de la Suisse, la Norvège et les emprunts d'État allemands, point de salut.

Les investisseurs, notamment les particuliers, étaient inquiets ; ils sont maintenant terrorisés. On a même réussi l'exploit de pousser les investisseurs à prêter à l'État allemand à 3 mois à un taux négatif ! Ce n'était jamais arrivé de toute l'histoire de l'Allemagne.

Je ne suis pas un rêveur. Ni un optimiste béat. La dégradation de la France n'est pas une bonne nouvelle mais elle était très attendue. On peut survivre sans un triple A... Je pense que la crise de la dette européenne n'est pas terminée, que lacroissance mondiale est confrontée à des challenges sans précédent, en Chine, aux États-Unis, au Japon et dans les pays émergents, que le gouvernement français n'a fait que le début du nettoyage nécessaire des finances publiques. Mais tout de même ! Trop, c'est trop non ? Placer de l'argent à des taux négatifs, empiler des centaines de milliards d'euros sur des comptes courants, des comptes à terme ou des livrets A. Avoir peur même de l'assurance-vie en fonds euros. Il ne reste plus qu'à stocker de l'eau, du riz, des pâtes, des conserves et se planquer dans un bunker pour être prêt pour l'apocalypse du calendrier Maya. Alors, c'est simple. Le consensus a tort. Il a toujours tort. Les mauvaises nouvelles sont dans les cours actuels. Il y aura de la volatilité, des à-coups, des plongeons. Mais je ne crois pas à la fin du monde.

Personne ne veut d'actions européennes ? Je pense qu'il faut commencer à en acheter. A petites doses homéopathiques. En privilégiant les éternelles valeurs de rendements, et la liste des valeurs du CAC qui servent des taux d'intérêt de 7 à 10% est longue. Personne ne croit à l'euro ? Je pense qu'il faut commencer à en acheter un peu. Il peut baisser certes, de 5%, mais il a, si on se rend compte que l'Allemagne ne peut pas vivre sans les pays de la zone euro, un potentiel de hausse de 10 à 15%.

Tout le monde veut des emprunts d'Etat américains. Je pense qu'il faut au contraire commencer à les vendre. Prêter aux Etats-Unis à 10 ans à 1,90%, c'est aussi absurde que de prêter en 2007 de l'argent à des Américains qui n'avaient pas de travail pour qu'ils s'achètent un bien immobilier et on sait comment cela s'est terminé. On prête de l'argent à des taux négatifs ou très bas à l'Etat allemand ? Je préfère prêter de l'argent à Mario Monti à 7%.

Voilà, c'est dit. Et écrit. Cet excès de pessimisme me fatigue. Cette surenchère de l'apocalypse est le fait de ceux qui nous promettaient la lune en 2007. C'est mon pari pour les trois mois qui viennent. La perte du triple A français est peut-être l'opportunité qu'on attendait...