Pourquoi je crois aux chances de la France

Par Leonid Reiman  |   |  727  mots
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Par Leonid Reiman, ancien ministre des communications et de l'informatisation de la Fédération de Russie, co-investisseur dans plusieurs fonds d'investissements dont NGI (fonds orienté vers l'innovation).

La France est un pays qui m'a toujours passionné. Sa culture, son histoire, son art de vivre, ses expertises, ses talents font d'elle un pays unique et de premier plan en Europe et dans le monde. Ma passion n'est pas due au hasard. Il y a de nombreux points communs entre la France et la Russie, et j'ajouterai de très nombreuses possibilités de coopération entre nos deux pays.

La conjoncture économique mondiale est mauvaise. L'Europe traverse une crise économique grave. La perte du triple A interpelle les responsables et les citoyens français, mais la décision d'une agence de notation n'enlève en rien ses expertises, ses talents, et sa capacité à produire avec efficacité et créativité. Les prochaines années resteront économiquement difficiles pour l'Europe, mais la France possède tous les atouts, j'en suis certain, pour surmonter la crise.

En Russie, la situation est un peu différente. Nous disposons de ressources naturelles conséquentes comme dans le secteur de l'énergie avec le gaz et le pétrole et dans d'autres secteurs de ressources telles que le bois. La Russie, ce sont également des chercheurs et des talents de premier plan qui nous permettront d'affronter les enjeux de demain avec créativité et efficacité. La situation économique difficile que traversent l'Europe et de nombreux autres pays nous oblige à ouvrir la voie à de nouveaux champs de développement. Il faut aujourd'hui miser sur les nouvelles technologies, sur la production intellectuelle. Investir sur les talents et la créativité est la seule solution d'avenir.

Ingénieur en télécommunications, ancien ministre des Télécommunications de la Fédération de Russie, j'ai toujours été sensible aux enjeux liés aux nouvelles technologies. Je suis persuadé que ce secteur d'activité est majeur et qu'il sera au coeur de nombreux changements en termes d'usages mais également en termes de développement économique, création de services, de valeur ajoutée et donc d'emplois.

L'Europe représente un champ d'action essentiel. La France, en particulier, est un pays très développé et en pointe dans le secteur informatique. Elle forme des ingénieurs et des informaticiens de très grand talent. Il est possible de renforcer activement les programmes de travail commun entre les talents russes et français. De nombreux partenariats sont à imaginer entre entreprises des deux pays.

Partout dans le monde, de nombreuses sociétés prestigieuses développent des systèmes et des produits dans le secteur des programmes dits ouverts. Ils sont, je le crois, l'avenir de l'informatique. Je dois souligner qu'en la matière la France est en avance. Un enjeu qui n'est pas seulement un enjeu industriel mais également un enjeu démocratique : donner l'accès au plus grand nombre à des programmes et cela gratuitement.

Mon ambition est de proposer aux consommateurs des technologies de plus en plus accessibles, efficaces, concurrentielles et lui simplifiant la vie. Outre les logiciels libres, le cloud computing, mais aussi les nanotechnologies, secteur sur lequel l'Etat russe vient de fonder une société d'État, vont accélérer cette évolution. La société est dirigée par Anatoli Tchoubaïs qui a lancé de nombreuses initiatives allant dans le sens de la dynamisation du secteur. En particulier le développement d'un projet de "Silicon Valley russe", Skolkovo. Ce système innovant s'adresse aux entreprises russes, aux entreprises étrangères et aux entreprises mixtes. De nombreuses villes et régions russes participent de cet élan modernisateur : Tioumen, Saint-Pétersbourg, Novossibirsk, Kazan, etc..

D'autres secteurs m'apparaissent, en France, également porteurs d'avenir et créateurs de valeur. Malgré la crise de la presse et des médias, je reste convaincu de l'intérêt d'investir dans les médias. La convergence entre presse écrite, Internet, téléphonie mobile et les autres supports me fait penser que le consommateur souhaite toujours bénéficier d'un contenu de qualité, disponible sur différents supports. Qu'il s'agisse d'un contenu d'information ou d'un contenu touchant au divertissement.

Je crois en la France, en ses talents et en ces opportunités d'investissement et je suis convaincu que le croisement de compétences et de talents russes et français ne peut qu'apporter de la valeur ajoutée en termes de savoir-faire et permettre ainsi de lutter contre la crise ambiante tout en préparant notre avenir commun.