"Véhicules électriques : un courant qui passe ! "

Par Jean-Paul Bailly, PDG du Groupe La Poste  |   |  596  mots
Jean-Paul Bailly, PDG du Groupe La Poste
Les conséquences des activités humaines sur l'environnement, le développement démographique, l'urbanisation croissante et l'épuisement des énergies fossiles soulèvent des interrogations quant à la mobilité de demain. Placé depuis toujours au cœur des échanges sur le territoire, Le Groupe La Poste, avec près de 270.000 personnes et 50.000 véhicules, doit prendre sa part de responsabilité et contribuer de manière active à la mise en place d'une mobilité plus responsable.

La voiture électrique, qui est une des solutions, est devenue, depuis peu, une réalité. Elle entre petit à petit dans les usages. Progressivement, entreprises et collectivités s'équipent ou, envisagent de le faire, comme en témoigne l'intérêt suscité par la démarche de groupement national de commandes de véhicules électriques copilotée par La Poste et l'UGAP (Union des Groupements d'Achats Publics). Une démarche exemplaire, unanimement et internationalement reconnue pour son effet d'entraînement sur l'ensemble de la filière véhicule électrique.

Citroën/Venturi et Ligier équipent déjà en voitures et quads électriques plusieurs centaines de facteurs et ce sont maintenant 10 000 Renault Kangoo ZE, issus de ce groupement de commande, qui sont en cours de déploiement. La poste française disposera en 2015 de la plus importante flotte de véhicules électriques au monde : c'est un volet décisif de notre politique de développement durable qui fait du Courrier le premier média totalement neutre en carbone. Nous faisons, avec cette première commande de taille, la démonstration de la qualité de la filière automobile française et je suis particulièrement fier que notre commande puisse ainsi contribuer à son rayonnement et accompagner le plan gouvernemental qui vise justement à encourager le développement des véhicules propres.

Les freins qui subsistent aujourd'hui - l'autonomie des batteries, le coût des véhicules ou le manque d'infrastructures de recharge - vont se dissiper dans les prochaines années, même si la filière, que nous savons tous être rentable à terme, nécessite d'être accompagnée encore quelques temps. Mais, une nouvelle fois, la voiture électrique constitue une belle opportunité de valoriser le savoir-faire de la filière automobile française, tout en lui offrant de nouveaux débouchés.

La voiture électrique nécessite de fédérer tout un écosystème, nécessairement très différent de celui du véhicule thermique. Les constructeurs tout d'abord, qui investissent dans le développement de technologies 100% électriques et imaginent des modes de commercialisation différents (location, auto-partage...). Mais également les énergéticiens, les fournisseurs de bornes ou encore les collectivités locales, pour lesquels s'ouvrent de nombreux défis mais aussi de nouveaux champs d'innovation. Nous devons coconstruire cet écosystème, exigeant et encore incertain, pour ne pas freiner le développement de l'électromobilité.

Les applications autour de ces véhicules connectés, communicants et intelligents, sont nombreuses. La voiture électrique est un formidable atout en faveur d'une logistique urbaine réfléchie, conciliant des flux croissants de transport de marchandises en ville et la nécessaire réduction de leur empreinte environnementale et des nuisances sonores. Faisons primer l'usage sur la propriété. Remettons les hommes et les femmes au c?ur de nos réflexions, ce sont les besoins du citoyen de demain, dans la ville de demain, dans le monde de demain, qui doivent dicter notre conduite et notre évolution. Facilité d'accès, simplicité et bien-être, voilà les attentes des utilisateurs ! Le véhicule électrique préfigure ce changement de modèle, c'est le sens de l'histoire.

La voiture électrique est une réponse que nous devons donner collégialement aujourd'hui - constructeurs, entreprises, conducteurs, collectivité et pouvoirs publics - aux défis majeurs auxquels nous sommes confrontés. Nous le savons, le remplacement généralisé des véhicules thermiques des particuliers n'est pas encore à l'ordre du jour. L'avenir à court terme passe donc prioritairement par les flottes d'entreprises et de collectivités qui ont un devoir d'entrainement.