Patrons/gouvernement : sortir d'une escalade néfaste

Par Entreprise et Progrès  |   |  485  mots
Copyright Reuters

Difficile de ne pas partager la réaction radicale d'organisations représentatives des entreprises, exprimée dans " l'Etat d'urgence entrepreneurial " devant la hausse soudaine de la taxation des plus values mobilières. On comprend l'émotion naturelle qui s'empare d'investisseurs confrontés ex abrupto a un quasi doublement de l'impôt. Bien plus, point clé omis dans l'argumentation, un investissement financier dans un pays étranger va devenir significativement plus rentable qu'un investissement identique en France. Maintenir cet état de fait est économiquement et socialement nuisible. Cela reviendrait à inciter des Français à créer leur entreprise hors de France, alors que notre pays souffre depuis très longtemps d'un retard ancien d'investissement productif par rapport à nos voisins et que, depuis 1958, la France s'est engagée à la libre circulation des capitaux.

 

Dans cette réaction cependant, un mot nous interpelle : « entrepreneuriat » enrôlé ici pour la cause des investisseurs financiers. Beaucoup d'entre nous, membres d'Entreprise et Progrès, ont créé ou développé des entreprises qu'ils ont transformées, fait évoluer, avec une motivation qui ne se résumait pas à un enrichissement à court, voire moyen terme. Pour nous, comme pour la grande majorité des entrepreneurs dans notre pays, l'investissement dans l'entreprise n'est pas seulement financier. C'est très souvent celui d'une vie. Avec un objectif dominant, la survie à long terme de l'entreprise et donc des emplois qui vont avec.
Cet objectif-la, ces motivations, ne sont pas seulement celles des actionnaires. Elles sont partagées par tous : salariés et parties prenantes, qui ont parfois un engagement dans l'entreprise d'une durée supérieure à celui d'actionnaires présents pour quelques années et récompensés parfois lorsqu'ils vendent leurs parts.
De grâce, ne limitons-pas le rôle multiforme de l'entrepreneur à celui de l'actionnaire dont il a certes besoin mais avec lequel on ne peut ni ne devons le confondre.
Au moment où notre pays traverse une passe difficile, il faut symétriquement déplorer que le gouvernement n'ait pas porté assez d'attention à la désespérance de certains entrepreneurs, au moins aussi redoutable que celle de salariés ayant perdu leur emploi. Dommage que la preuve n'ait pas été donnée de la concertation appelée de leurs v?ux par le Président de la République et le Premier Ministre. L'objectif de beaucoup d'entreprises et en particulier des membres de notre association est de rechercher la synthèse entre la réussite économique et le bien-être social. C'est un exemple dont le gouvernement devrait s'inspirer. Notre pays, nos entreprises et nos concitoyens ont besoin et envie d'être rassérénés et remis en confiance par un dialogue consensuel et productif.

Denis Terrien, est président d'Entreprise et Progrès, dg du Groupe 3 Suisses International
Michel Hervé, est vice président d'Entreprise et Progrès, Pdt du Groupe Hervé
Dominique Louis, est vice président d'Entreprise et Progrès, Pdt de Assystem