10 idées qui ont animé le débat en 2012

L'année 2012 a été ponctuée de grands évènements politiques, économiques... mais aussi par des débats. La Tribune vous propose de jeter un dernier regard sur ceux qui ont le plus retenus votre attention, au travers d'une sélection d'opinions publiées sur notre site.
Le 28 septembre 2012, jour de la présentation en Conseil des ministres du Projet de loi des finances 2013, Jean-David Chamboredon prenait sa plume pour s'élever contre la taxation des plus-values de cession d'entreprise. S'en suivra l'avènement d'un mouvement inédit, dit des "Pigeons"

1. CRISE : le pire est-il à venir?

A l'heure des voeux pour 2013, faut-il souhaiter à l'économie... de résister au pire qui serait encore à venir? La Chancelière allemande Angela Merkel a souhaité à ses concitoyens "patience" et "courage" pour 2013, car "l'environnement économique sera plus difficile l'an prochain". Jean-Yves Lefevre, dirigeant du cabinet de conseil en gestion de patrimoine Lefèvre & Associés, chargé de cours à l'Université de Paris Dauphine sonnait l'alerte le 21 septembre dernier. Si l'on poursuit dans cette voie, il craint que nous ayons à faire face à une nouvelle crise économique et sociale du type de celle de 1929.

"L'optimisme des marchés (qui ont connu une envolée spectaculaire cet été suite aux déclarations de Mario Draghi sur le rachat illimité de dettes nationales par la BCE, ndlr) est largement exagéré. (...) on a toutes les raisons de craindre un retournement des marchés dans les semaines ou les mois à venir, tant la confiance devrait se retourner sous le poids du principe de réalité" avance-t-il. Pour lui, les possibilités d'intervention de la BCE sont limitées, "l'Europe est en récession » et la hausse des marchés en contradiction avec les réalités économiques et l'on risque « une forte dépression des actifs financiers et immobiliers" suite à la stratégie de la "planche à billet" des Etats-Unis. La FED enfin, joue une stratégie "exclusivement tournée vers l'intérêt des banques au détriment de l'intérêt des peuples" explique Jean-Yves Lefevre. Et de conclure : "La probabilité que nous ayons mis un pied dans le début d'une crise du type 1929 est forte".

>> LIRE : Allons-nous vers une nouvelle crise de 1929?

Il y a quelques jours, il a de nouveau affirmé que "nous sommes assis sur une véritable poudrière et nous le nions" insiste-t-il, parlant de "situation alarmante". Pour lui, "la crise de 2008 est déjà oubliée alors qu'elle n'était probablement que les prémices d'une crise plus importante (...) la croissance de demain dépend plus de notre capacité à innover et à partager plus équitablement, que d'un système économique".

>> LIRE : Faut-il craindre une aggravation de la crise ou pire encore ?

2. Cette germanisation de l'Europe qui fait peur

Après deux année d?une crise européenne qui n?en finit pas de prendre de l?ampleur, la chancelière allemande Angela Merckel décidait en juin de poser les conditions d?une "union politique", qui fait craindre aux autres responsables de l?UE un leadership de l?Allemagne. Florence Autret, correspondante de La Tribune à Bruxelles livre son analyse de la situation le 10 juin. Elle y évoque notamment une conversation avec Hannes Swoboda, le leader des députés européens socialistes. La formule "germanisation de l?Europe" émane de lui.

» LIRE : Cette germanisation de l'Europe qui fait peur

3. BUDGET 2013 : Les Pigeons dénoncent "une loi de finances anti-start-up"

Le 28 septembre 2012, jour de la présentation en Conseil des ministres du Projet de loi des finances 2013, Jean-David Chamboredon, patron du fonds des entrepreneurs internet ISAI prenait sa plume pour s'élever contre la taxation des plus-values de cession.

"Lors de la préparation de la loi de finances 2013, après un débat superficiel (voire démagogique) lors des élections présidentielles, la France du business s'est arrêtée de respirer" écrit-il. Dans un plaidoyer long de plus de 1500 mots, cet administrateur de l'association FranceDigitale explique pourquoi l'alignement de l'imposition des revenus du capital sur ceux du travail risquait de plomber les PME de croissance. "Nous sommes ici dans le dogme anti-capitaliste, l'anti-économique, le « brisage de rêves », la démotivation quasi-sadique" s'insurge Jean-David Chamboredon. "Taxer le capital investi dans une PME de croissance plus que l'immobilier, l'art ou des placements de père de famille (...) c'est létal et cela signifie condamner à mort l'économie et la croissance de notre pays !" poursuit-il.

>> LIRE : Une loi de Finance anti start-up ?

S'en suivra l'avènement d'un mouvement inédit, dit des "Pigeons" et regroupant des entrepreneurs français. En un week-end, une page Facebook est créée, un manifeste rédigé. Dans les jours qui suivent, le débat fait rage entre "Pigeons" et "anti-pigeons".

Le 4 octobre, Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie, assure que le gouvernement accepte de "bouger" sur la taxe des plus-values de cession. Les initiateurs du mouvement restent méfiants mais leur démarche fait des petits. Les "Pigeons" publient d'autres tribunes dans nos colonnes pour expliquer leur démarche :

>> LIRE : Une loi de finances anti-start-up ? : les "Pigeons" attaquent et Une loi de finances anti-start-up? Pour les Pigeons, la fin de partie n'est pas sifflée et encore Une loi de finances anti-start-up? (4): Lettre aux #geonpi

Le 29 octobre, le mouvement tire sa révérence dans une cinquième et ultime tribune, prônant un amendement de la loi de finances.

>> LIRE : Les Pigeons tirent leur révérence

Finalement, l'article 6 concernant la taxation des plus-values de cessions d'entreprise fut supprimé du projet de loi de Fiances pour 2013 par le Sénat fin novembre. Mais l'histoire n'est peut-être pas terminée. Le 17 décembre, Jean-David Chambordeon reprenait sa plume pour déplorer le refus par les députés d'intégrer un abattement supplémentaire aux plus-values de cession réalisées par les actionnaires d'une PME n'ayant pas versé de dividendes. Il y envisage une relance du mouvement des "Pigeons".

>> LIRE : Les Pigeons, victimes de l'obscurantisme économique de l'Assemblée Nationale ?

4. CHÔMAGE : comment inverser la tendance ?

Tout au long de l'année 2012, mois après mois, le nombre de demandeurs d'emplois n'a cessé d'augmenter en France. L'emploi sera l'une des batailles majeures de François Hollande en 2013, après avoir fait couler déjà beaucoup d'encre cette année. Alexandre Pham, polytechnicien et diplômé d'Harvard, aujourd'hui à la tête d'un réseau de recrutement (Lynx RH), dénonce "l'inadéquation persistante entre offre et demande". Il fustige notre système éducatif qu'il juge insuffisamment ouvert au monde de l'entreprise, ainsi qu'une "France malade de son opulence et de son confort" dans laquelle certains et notamment "les jeunes" ne sont, selon ses dires, pas prêts à fournir suffisamment d'efforts pour trouver et garder un emploi. Des propos qui ont mis le feu aux poudres, vous avez été plus de 150 à réagir.

>> LIRE : Quelques vérités pas toujours bonnes à dire sur l'emploi en France !

 5. INDUSTRIE : plans sociaux et rapport Gallois

Les plans sociaux et la montée du chômage font partie du top 3 des actualités ayant le plus marqué les Français en 2012 selon un sondage de l'institut CSA publié lundi 24 décembre. PSA, Alcatel-Lucent, Air France, SFR, Sanofi, Petroplus, Presstalis... autant de groupes français ayant annoncé un plan social en 2012. Dans ce contexte, le débat s'oriente vers la production que peut continuer à générer le pays. Les points de vues, naturellement, divergent. Sébastien Laye, entrepreneur expatrié, contribuait à l'animation du débat en octobre dernier en rédigeant une tribune où il insiste sur la "nécessaire revalorisation du rôle d'une Etat stratège en matière industrielle" et considère que "la France doit reprendre le contrôle de son destin industriel". Pour lui, la désindustrialisation du pays peut être enrayé "en traitant immédiatement deux problèmes : le manque de financement et l'absence de travail de prospective".

>> LIRE : La France a-t-elle encore un avenir industriel ?

Cette tribune présentait par ailleurs les 33 propositions contenues dans le rapport "L'Avenir de l'industrie française" remis en octobre dernier au président de la République par le think tank Génération Expat. Il se targue d'apporter le point de vue des "Français de l'Etranger" à la réflexion sur le devenir industriel de la France peu de temps avant la publication du rapport Gallois sur la compétitivité.
 

6. SANTE : quel avenir pour notre système?

Au mois de mars, nous étions en pleine campagne présidentielle et les grandes orientations sociétales pour la France étaient donc naturellement au c?ur des discussions. Parmi celles-ci, les dépenses de santé. Jakob Höber et Caroline Popovici, tous deux membres du think tank Institut Thomas More proposent alors de se calquer que le système de santé allemand pour réformer le nôtre, dans une tribune publiée le 5 mars 2012.

>> LIRE : Dépenses de santé : et si la France prenait exemple sur l'Allemagne

Partant du constat selon lequel "notre système de santé est épuisé", le rapporteur Comparaison France-Allemagne et la chargée de mission Finances publiques incitent à prendre exemple sur l'organisation allemande. Ils prônent "un alignement des tarifs de remboursement des actes effectués dans les hôpitaux publics sur ceux effectués dans les hôpitaux privés" autrement dit une mise en concurrence des établissements publics et privés ; et une réduction du nombre d'établissements hospitaliers afin de permettre l'emploi de moins de personnels. "La rationalisation de la gestion a permis un meilleur service à moindre coût" arguent les auteurs. Il proposent également un alignement des coûts administratifs de la santé et de l'assurance-maladie sur ceux d'outre Rhin afin de dégager "une économie de 3,9 milliards d'euros", ainsi que de réduire notre consommation de médicaments.

Depuis son accession au poste de Ministre de la Santé, Marisol Touraine a entamé plusieurs travaux : des négociations sur les dépassements d'honoraires, une réforme de la formation initiale des médecins, un multiplication des maisons de santé, une réforme de la tarification à l'activité, des mesures luttant contre les déserts médicaux, etc. La convergence tarifaire entre l'hôpital et les cliniques privées, proposé dans la tribune, fait partie du programme dévoilé par la ministre en mai.

7. FINANCE : Avant la présidentielle, les craintes d'une "fin du monde" pour la France sur les marchés en cas de victoire socialiste

Début février, Marc Fiorentino, ex-trader devenu chroniqueur de la vie financière, se livrait à un exercice d'analyse fiction dans nos colonnes. Considérant que François Hollande allait être élu le 6 mai 2012, il prévoyait une vengeance du monde de la Finance suite au propos du candidat Hollande, qui la désignait comme sa «seule ennemie» lors de son discours au Bourget le 22 janvier. "Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l'économie, de la société et même de nos vies. (...) la finance s'est affranchie de toute règle, de toute morale, de tout contrôle" clamait le candidat Hollande le dimanche 22 janvier 2012. Une "erreur magistrale" selon le chroniqueur. "Les taux français vont s'envoler. Les fonds spéculatifs, unis, vendront la dette française à découvert. San pitié. Et même avec un certain plaisir. On montera jusqu'à 4,5% sur les taux à 10 ans français. L'euro sera sous pression" écrivait M. Fiorentino en février dernier.

>> LIRE : Marc Fiorentino : le 7 mai, la France sera attaquée !

La suite ne lui a pas donné raison. Certes le CAC perdait près de 3% le 8 mai 2012, mais les taux français ne se sont pas envolés. Au contraire, les taux d'emprunt à 10 ans ont chuté. En septembre, la France empruntait même 3 milliards d'euros à 10 ans au taux le plus bas de son histoire : 2,21%. Cette tribune fut la plus commentée de 2012, avec 502 interventions d'internautes.

8. GOOGLE monopolise l'actu

Au mois d'octobre, la lex Google était sur toutes les lèvres. Le 29 octobre, François Hollande, entouré de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti et de la ministre de l'économie numérique Fleur Pellerin, recevait le patron de Google : Eric Schmidt. Au menu des discussions : le projet de loi porté par des éditeurs de presse français, italiens et allemands qui vise à faire payer au moteur de recherche une taxe pour la création de liens hypertextes menant aux articles de presse. François Hollande a alors donné à Google deux mois (novembre et décembre 2012) pour trouver un accord avec les éditeurs de contenus. Le magistrat à la Cour des comptes Marc Schwartz, a été nommé médiateur à cette fin.

Le 29 octobre, le président de Trendsboard et spécialiste des médias sociaux Benoît Raphaël se proposait sa vision des arguments des deux parties dans une tribune. Il considère que la vraie raison de ce projet de loi est que le gouvernement entend mettre la pression sur Google qui, explique-t-il, "ne déclare pas l'intégralité de son chiffre d'affaires sur le territoire (...) grâce à un système (visiblement légal) de sociétés multiples". "Ce n'est pas une taxe que le gouvernement veut instaurer, mais un nouveau droit pour la presse", écrit Benoît Raphaël dans sa tribune où il se place en défenseur du moteur de recherche américain.

>> LIRE : Google contre les éditeurs de presse: au bal des hypocrites

Début octobre, Google avait déjà fait l'objet d'une tribune dans laquelle Alexandre Garnier, fondateur de l'agence de marketing en ligne AWE, décrypte Panda, la nouvelle mise à jour de l'algorithme du moteur de recherche :

>> LIRE : Google Panda et Pingouin le référencement est-il devenu surnaturel ?

Fin octobre-début novembre, Google faisait encore parler de lui : le fisc français pensait avoir des éléments de preuve qui pourraient justifier un redressement fiscal d'un milliard d'euros.

9. Ceci est une révolution : ce que l'Open Source a changé

2012 a marqué les dix ans de la licence Créative Commons (CC pour les initiés). Cette licence qui permet de diffuser des créations artistiques librement à condition d'en mentionner l'auteur s'inscrit dans la logique plus générale de l'Open Source. Mi-octobre se tenait à Paris la cinquième édition de l'Open World Forum (forum mondial du libre), l'occasion pour son président, Patrice Bertrand, de revenir sur les évolutions initiées par cette logique dans notre société. Dans le domaine de l'informatique, "l'Open Source a apporté une rupture dans l'économie du logiciel en abaissant les coûts de manière incroyable" expliquait M. Bertrand dans sa tribune du 17 septembre. Une nouvelle donne qui, selon lui, s'est traduite par des gains de compétitivité importants, en particulier pour les start-up pour qui ce qui constitue le socle d'une plateforme informatique (ou web) est devenu gratuit. "L'approche moderne du développement consiste à assembler des composants, grands et petits, pour l'essentiel Open Source" poursuivait l'auteur. Il soulignait par ailleurs que l'Open source domine largement le domaine des serveurs et du Cloud. L'innovation s'en serait trouvée plus "ouverte sur le monde", fonctionnant en réseau.

Une logique diffusée à d'autres domaines : le matériel informatique mais aussi la recherche médicale, la création littéraire (Wikipédia), l'Open data, etc. "L'Open Source a montré aussi que l'on pouvait fédérer et organiser les efforts d'un grand nombre de personnes sur un projet commun (...) Avec un double credo : d'une part la connaissance est un bien commun qui doit être accessible à tous sans barrière économique, d'autre part les citoyens peuvent gérer eux-mêmes ce patrimoine, dans le cadre d'une organisation décentralisée, et d'une gouvernance ouverte", a rappelé le président de l'Open World Forum.

>> LIRE : Ceci est une révolution : ce que l'Open Source a changé

Le 19 septembre à l'initiative de Jean-Marc Ayrault est parue une circulaire invitant les différents ministères à considérer les logiciels libres comme prioritaires dans leurs choix informatique. Un document salué par la communauté du Libre en France.

10. SCIENCES PO : un scandale de gestion

Le scandale éclate en décembre 2011, lorsque Mediapart révèle les primes très importantes que s'octroient les dirigeants de SicencesPo Paris. L'affaire fait grand bruit.

Quelques mois plus tard, le rapport de la Cour des Comptes pointe de nombreuses dérives dans la gestion de l'école. Les rémunérations jugées excessives des dirigeants de cette institution sont mises en cause, notamment leur méthode d'attribution. Les dépenses en frais de mission et de déplacement aussi. Le problème de fond viendrait du double statut de SciencesPo : droit privé pour la fondation qui le gère - la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) - droit public pour l'IEP en lui-même. Le 3 septembre, la ministre de l'enseignement supérieur, Geneviève Fioraso demande aux dirigeants de la prestigieuse école de la rue Saint-Guillaume de geler la procédure de désignation du successeur de Richard Descoings, l'ex-directeur, mort à New York le 3 avril, jusqu'à la publication du rapport définitif de la Cour en novembre. Le 22 novembre, la juridiction financière rend public son rapport parlant d' "irrégularités récurrentes" et saisie la Cour de discipline budgétaire et financière (CDBF) et transmet le dossier au parquet général de Paris.

>> LIRE : La crise à Sciences Po vue par une élève de Sciences Po

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Commentaire 1
à écrit le 31/12/2012 à 15:23
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très bon papier pour moi qui n'avait pas tout suivi !

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