La compétitivité c'est bien, la "coopétition" c'est mieux

Par Entreprendre à gauche*  |   |  830  mots
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Ce groupe d'élus de gauche juge qu'il est urgent de mettre en œuvre un "new deal" entre la recherche, l'éducation et l'entreprise. Il faut, selon eux, "sortir de l'ère de la glaciation pour entrer dans l'ère de la coopération".

La récente mise en place par le gouvernement de la banque publique d'investissement et du "crédit d'impôt innovation" (CII) témoigne d'une réelle volonté d'agir pour la compétitivité à travers l'innovation au-delà des réflexions et mesures récentes concernant le coût du travail notamment. Il faut préciser que « le pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi », qui reprend en grande partie les recommandations du rapport Gallois, contient trente-cinq décisions concrètes engagées sur huit leviers de compétitivité dans le cadre de la bataille pour l'emploi. Il s'agit donc bien d'une prise de conscience par les responsables politiques de la nécessité de mobiliser les moyens et les outils utiles pour stimuler l'innovation. L'innovation, trait d'union entre la recherche fondamentale, la recherche appliquée et la production, est un moteur essentiel pour nous permettre de redresser notre pays sur le plan économique et en particulier dans le secteur industriel qui a perdu plus de 700.000 emplois depuis 2002.

La compétitivité seule ne suffit plus

Si nous avons un problème de demande dans notre pays, et plus globalement en Europe, nous avons aussi un problème d'offre qui est le résultat de l'absence d'ambition industrielle pendant ces dix dernières années. La problématique de l'offre nécessite la mise en place d'un nouveau cercle vertueux basé sur un carré magique : soutien à la recherche et à l'innovation, actions sur les coûts de production et sur les modes de financement, stabilisation fiscale et visibilité, renforcement de la gouvernance et de la démocratie sociale. La compétitivité seule ne suffit plus car nous vivons dans une économie complexe dans laquelle la circulation de l'information et les interactions jouent un rôle essentiel. Dans ce contexte, et face à l'hyperlibéralisme et la loi du plus fort, se développe un nouveau modèle, celui de la "coopétition", c'est à dire la coopération nécessaire pour faire face à la compétition.

Il est donc urgent d'agir dans le domaine de l'innovation car notre pays a beaucoup reculé ces dernières années en la matière comme en témoigne la longue dégradation et le déficit abyssal de notre balance commerciale. Au niveau mondial, nous sommes à la 5ème place pour la recherche alors que nous n'occupons que la 24ème place pour l'innovation, il y a donc bien un problème de "transformation". Notre pays a de grands atouts, ce sont ses chercheurs et ses entrepreneurs, et a connu des périodes bien plus difficiles dans notre histoire. Il nous faut rouvrir le chemin de l'espérance par la mobilisation de tous les talents, toutes les énergies et toutes les compétences.

L'économie est avant tout politique et morale

Ce qui est nécessaire, c'est la mise en ?uvre d'un "new deal" entre la recherche, l'éducation et l'entreprise dans l'objectif de redresser notre pays.
Il faut développer les espaces et les temps qui permettront à ces échanges de se développer. Pour dépasser les asymétries, il faut commencer par assurer les conditions de développement : gouvernance, participation et coopération. Il faut préciser que les enjeux de l'innovation sont aujourd'hui clairement liés à ceux de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Car elle doit poursuivre l'égalité humaine. Pour poursuivre l'efficience économique et l'égalité humaine, le savoir doit être partagé, accessible. Nos modes de gouvernance doivent évoluer dans toutes les structures. D'ailleurs, ceux qui construisent leur pouvoir sur des systèmes d'information verticaux vont avoir de plus en plus de déconvenues. Il faut sortir de l'ère de la glaciation pour entrer dans l'ère de la coopération qui nécessite une co-gouvernance à travers la participation, l'évaluation et la transparence.

Accélérer les processus de création

Souvent, c'est la multiplication des normes et des interlocuteurs, ou les difficultés d'accès au financement qui freinent les projets. Un problème temporaire de trésorerie peut parfois remettre en cause un projet particulièrement prometteur. Les réussites reposent sur une relation forte entre les TPE, les PME d'un côté et les Universités et les écoles de l'autre, et en particulier avec les laboratoires de recherche. Mais aussi avec les services de l'Etat et les collectivités locales qui sont des soutiens essentiels. Il faut accélérer les processus de création. Nos entreprises et nos territoires doivent être irrigués par le savoir et la recherche. C'est la condition essentielle du redressement économique. Nos chercheurs seront les premiers acteurs du redressement de notre pays.

 

"Entreprendre à gauche" est une groupe d'une dizaine de parlementaires  (qui compte contamment les signataires de ce texte Laurent Grandguillaume, député de la Côte d'O, Thierry Mandon, député de l'Essonne, Sophie Errante, députée de Loire Atlantique) qui a vocation à échanger régulièrement avec les entrepreneurs et tous les acteurs de l'entreprise (syndicats, organisations professionnelles, ...).