Un rêve européen de veto

Pour ceux qui en doutaient, l'Europe est vivante. En tous cas elle bouge encore. Après le vote des italiens, voici une nouvelle secousse qui l'indique. Et c'est encore un vote.
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 Après celui des citoyens italiens, c'est celui des parlementaires européens cette fois. Ce mercredi 13 mars, les députés de l'Union ont largement adopté une résolution pour le moins critique du récent compromis budgétaire du Conseil européen pour la période 2014-2020. 506 voix contre 161 ! Au delà du droit de veto budgétaire exercé, le Parlement qui "rejette sous sa forme actuelle" le projet de budget confirme un affranchissement institutionnel et traduit une vitalité démocratique en mouvement.
Attention il ne s'agit pas d'une révolution ! Evoquons plutôt une riposte, au mieux une révolte. Les députés européens avaient milité, sans succès, pour un budget de l'Union à la fois ambitieux quantitativement et qualitativement. Ils formulaient le v?u d'une enveloppe globale au delà du petit débat autour du 1% du PIB européen, et ils avançaient la nécessité de bousculer les lignes traditionnelles de ce budget en allant porter les efforts aux racines de la crise.

Une critique qualitative
Ce mercredi s'ils menacent d'un futur véto, si les mots et les prises de parole associées expriment eux aussi une fermeté nouvelle, on évoque des "négociations de marchands de tapis", un Conseil coupable de manque de "transparence", on regrette le "fossé entre les engagements politiques de l'Union et ses moyens budgétaires", les parlementaires ne contestent pas les 960 milliards d'euros, fruit malingre du compromis de février. Ils versent plutôt dans une critique et des revendications de dimension qualitative

La création de ressources propres pour l'Union
En particulier ils veulent davantage de flexibilité au sein du budget entre les lignes budgétaires et d'une année sur l'autre. Ils réclament aussi la possibilité de réviser le budget en cours d'exercice. Ils demandent la création de ressources propres pour l'Union, seul moyen, selon eux, d'éviter les marchandages entre Etats et de doter l'Union d'un début de souveraineté budgétaire.
Le président du Parlement, le socialiste allemand Martin Schulz, fait résonner : "un grand jour pour la démocratie européenne". De son côté Guy Verhofstadt chef de file des libéraux affirmait à qui voulait l'entendre que :"de toutes les grandes batailles que le Parlement a menées, celle-ci est sans doute la plus importante ».
Il y a bien une surprise, peut-être surtout pour les parlementaires eux-mêmes qui ne se croyaient pas capables de se rassembler à ce point au delà des clivages des groupes politiques qui composent l'arène européenne. Un vote large et européen, un choc institutionnel et démocratique qui propose aussi un véritable défi à l'ensemble des dirigeants nationaux européens et à la Commission en ouverture de la phase de négociations avec le Parlement : une menace de véto. Peut-être un autre rêve européen.

 

*Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne
Conseil en communication d'influence
Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals
 

 

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