Retraites : ne faisons pas l'économie de la capitalisation !

Pour Sylvain Rousseau, directeur du département prévoyance santé retraites chez Tower Watson, l'idée d'un troisième étage de retraite par capitalisation demeure le parent pauvre du débat sur les retraites lancé lors de la deuxième conférence sociale. Pourtant, il estime que les instruments existent et qu'un vaste effort de pédagogie serait nécessaire auprès des jeunes actifs et des travailleurs aux salaires les plus bas pour les aider à épargner. Une responsabilité qui, selon lui, incombe aussi aux entreprises.
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La réforme des retraites n?est ni de droite ni de gauche, répètent nombre de politiques. Et ils ont raison pour deux raisons simples. Si l?on prend cette distance avec le débat politicien, on peut affirmer que le régime par répartition ne disparaîtra jamais, car il fait partie intégrante de notre système social. Mais on peut aussi dire que l?on sait déjà qu?il ne suffira plus, à horizon 2020, pour assurer les retraites des salariés. On a donc absolument besoin d?un étage par capitalisation pour assurer la stabilité de la fusée retraite à long terme. La question est dès lors de savoir sous quelle forme organiser ce supplément de retraite. Or, pour protéger ce patrimoine vital pour les salariés que sont les pensions de retraite, sans dégrader le pouvoir d?achat des consommateurs, c?est-à-dire en maintenant les niveaux de revenus actuels, on ne pourra faire l?économie de nouveaux efforts d?épargne.

Deux populations salariales menacées

Alors, pourquoi ne pas poser le débat dès maintenant : l?entreprise, elle aussi, doit ? mais surtout, peut ? collecter pour la collectivité et venir compléter le système actuel de nos retraites. La vérité démographique est implacable : une personne sur deux de la génération 1950 atteindra les 92 ans et une personne sur deux les 100 ans pour ceux de la génération 1990. Si l?épargne est bien souvent en France pensée de façon individuelle, comment faire en sorte que demain, l?entreprise joue pleinement son rôle collectif pour permettre à chacun de se constituer son épargne retraite, qui viendra financer le supplément indispensable à nos retraites individuelles?

Deux populations salariales sont en priorité concernées par cette question. S?agissant des jeunes actifs, épargner sur son salaire pour constituer progressivement un capital significatif qui pourra compléter sa future retraite demande une participation régulière qui doit être imaginée sur le temps long, dès 30 ou 35ans. En ce qui concerne les travailleurs aux salaires les moins élevés, leur pouvoir d?achat étant de fait restreint, il devient encore plus nécessaire pour eux de se constituer un patrimoine à même de financer dans l?avenir leur retraite.

Un travail de pédagogie à conduire auprès des salariés
Épargne salariale, actionnariat salarié, CET, Perco, article 83 : une légion de véhicules d?épargne existe dans les entreprises françaises, permettant à leurs salariés de se constituer un capital pour l?avenir. Mais trop souvent, ces dispositifs sont méconnus, sous-utilisés ou demeurent l?apanage des cadres dirigeants, ou des grandes entreprises, qui paradoxalement sont ceux qui ont le moins de difficultés à faire croître leur patrimoine individuellement. Il convient désormais de penser la généralisation de l?utilisation de ces outils, bien souvent utilisés pour la consommation courante! Mais pour que tout cela devienne réalité, il reste un vrai travail de pédagogie à conduire auprès des salariés pour les accompagner dans ces évolutions, notamment au sein des petites et moyennes entreprises.

Aujourd?hui, l?enjeu est clair et personne ne peut le nier. Il faut arrêter de réfléchir en termes de salaires mais envisager ces questions en pensant rémunération globale! Les partenaires sociaux ont tout intérêt à porter ce message pour faciliter la mise en place des régimes de retraite au sein des entreprises, car c?est le meilleur moyen de pérenniser et sécuriser l?avenir de tous les salariés, et pas seulement les plus favorisés : que ce soit au niveau national avec les retraites complémentaires ou bien, au niveau des branches, au travers de la mise en ?uvre des « formats prédéfinis » comme le Pere (plan épargne retraite d?entreprise) ou les Percoi (plan d?épargne pour la retraite collective interentreprises). Reste à définir à quel niveau placer le curseur pour que l?effort réel demandé au salariat devienne un vrai investissement pour financer leur patrimoine futur et ainsi leur assurer des retraites satisfaisantes.

Les avantages de l'épargne retraite collective

Or, il ne faut pas se mentir : en dessous d?un taux de cotisation significatif, disons au moins 3%, difficile de mettre en place un complément de retraite digne de ce nom. Ainsi, par exemple, vingt ans d?épargne à 5% du salaire permettent la constitution d?un taux de remplacement de 5% du salaire de fin de carrière; et 5% du salaire pendant quarante ans donnent 10% de taux de remplacement. L?épargne retraite collective offre des avantages pour des salariés tels que celui de bénéficier de frais plus bas (en moyenne deux à trois fois moins élevés que dans les banques de réseau), d?un contrôle de la rentabilité des gestionnaires, et d?un suivi du risque d?insolvabilité des établissements financiers, ainsi que des méthodes de calcul donnant lors de leur liquidation des rentes plus élevées que celle des souscriptions individuelles. L?entreprise, en collectant une complémentaire retraite collective, participerait efficacement au financement des retraites individuelles.

Les entreprises et les partenaires sociaux vont devoir faire des choix mais pour prendre les bonnes décisions, il faut réfléchir en termes de rémunération globale. Si l?on fait l?économie de cette discussion entre les partenaires sociaux, on ne réglera pas complètement la question! L?État ne peut pas tout, les entreprises ont un rôle à jouer dans le financement de nos retraites, un rôle complémentaire certes, mais indispensable, et les partenaires sociaux, un effort de pédagogie à mener! À eux, à présent, de se retrouver autour de la table des négociations pour poser la question de la rémunération globale afin de l?orienter vers celle des retraites. Ce n?est qu?à ce prix-là qu?on pourra trouver les conditions de succès des retraites complémentaires pour consolider le premier patrimoine des Français : leur retraite!
 

*Sylvain Rousseau est directeur du département prévoyance santé retraite et avantages sociaux chez Towers Watson

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Commentaires 26
à écrit le 01/07/2013 à 20:55
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la capitalisation c'est l'avenir ! Suffit de passer sur un autre article pour en etre convaincu de lire u autre expert .RADICAL : http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20130701trib000773286/le-japon-doit-faire-faillite-.html ce serait dommage...

à écrit le 01/07/2013 à 17:20
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Mort de rire . "une personne sur deux de la génération 1950 atteindra les 92 ans et une personne sur deux les 100 ans pour ceux de la génération 1990" Oui il parait meme que 100% des centenaires auront vecu plus de 99 ans . Et que dire de ces 50% d...

à écrit le 01/07/2013 à 12:30
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Comme tout le monde sera impliqué pour sa retraite par capitalisation imposée, personne n'osera proposer de ne pas sauver le système financier au prochain crash. Bien pensé. Chapeau bas.

le 01/07/2013 à 13:14
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Mais bien sûr. Le régime par capitalisation aurait toute sa valeur uniquement si l'on réformait le système financier mondial. Seuls nos gouvernants profitent de cette escroquerie organisée. Dès lors, ils ne feront RIEN pour en changer.

le 01/07/2013 à 17:23
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tres bien vu !!! et on ne parle pas de la transparence des comptes des assurances qui proposeront des tas de rpoduits a des clients qui on deja du mal a lire l'etiquette glucide lipide d'une plat industriel. Pas de possibilité d'uagmenter les taux d...

à écrit le 30/06/2013 à 19:11
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C'est se moquer du monde ou être ignare que de déclamer qu'il y a besoin d'une retraite par capitalisation pour assurer la stabilité des retraites à long terme, quand il n'y a même pas dix ans que la capitalisation a dépouillé de nombreux retraités, ...

le 01/07/2013 à 17:50
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Avoir confiance en son assureur . c'est essentiel . Assureur pour le mobile , pour la sante , pour l'habitat, pour les vacances, pour l'immobilier.... on attend le supermarché de l'assureur et le site de rencontre de l'assureur .... pour bien faire l...

à écrit le 30/06/2013 à 11:56
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c est la retraite qui est prise en otage comme si c était le mal qui ronge la France et tout cela pour faire plaisir a barosso et Bruxelles . et ces 3% en 2012 des milliards sont disparus avec le scandale du libor ont na pas entendu boroso ni Bruxel...

à écrit le 30/06/2013 à 11:50
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Ils existent des différences de salaire en fonction des postes, heures travaillées, compétences, diplômes, expériences etc. Ce qui normale me semble t il si c'est pas trop excessif. Mais pour ce qui est des gens qui ne travaillent pas - au chômage, ...

le 30/06/2013 à 18:48
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Parce que ceux qui gagnent plus, ont cotisés beaucoup plus ... Il n'est pas aberrant qu'ils touchent plus en cas de chômage. Arrêtons la jalousie et la lutte des classes.

à écrit le 28/06/2013 à 23:38
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économiser pour sa retraite ne marche pas: voir les retraites Rürupp et autres en allemagne. La retraite devait être payées par les impots et être une aumone pour tous (au niveau de l aide sociale). Ceux qui veulent/peuvent économiser le feront. Les ...

le 01/07/2013 à 17:45
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bien vu. c'est d'ailleurs le morceau de phrase que Fiorentino , le barroudeur des médias (bfm, bfm business, france2, france5, canal plus ) prononce avec le niveau sonore adequate : "ceux qui pourront" .... Evidemment pour ceux qui pourront pas c'est...

à écrit le 28/06/2013 à 21:51
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vite marine !

le 29/06/2013 à 11:19
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C'est quoi les solutions de Marine pour les retraites?

le 01/07/2013 à 14:05
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J'avais répondu à La Tete A toto mais j'ai été sensuré...?? c'est la démocratie Française..???

à écrit le 28/06/2013 à 21:42
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L'état aurait pu il y a de nombreuses décennies initialiser et gérer lui-même un fonds garanti. Nous aurions été moins dépendants de créanciers étrangers...Mais le passé est le passé et nous devons tenir compte de l'existence de la pyramide de Ponzi ...

à écrit le 28/06/2013 à 21:30
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Beaucoup de bon sens dans cet article. La retraite coûte cher en répartition, comme en capitalisation. Vue l'évolution de la démographie, il vaut mieux ne pas mettre tous ses ?ufs dans le même panier et épargner pour sa retraite. Si mon entreprise co...

le 28/06/2013 à 22:18
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@Patrick: sauf si ton entreprise s'appelle Enron, Worldcom ou Nortel :-) Aucun dispositif à ce jour n'a prouvé sa viabilité. Sur le papier, on promet toujours monts et merveilles, mais en finale, ce sont toujours les mêmes qui trinquent parce que ces...

le 28/06/2013 à 23:03
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Pour la retraite du canada il suffit d etre present 10 ans avant 65 ans pour la percevoir sans condition d'emploi, il y a ensuite une retraite provinciale selon le nombre d annees cotisées, de plus une aide est fournie aux personnes a faible revenu ...

à écrit le 28/06/2013 à 20:57
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la capitalisation imposee merci bien. Un monopole par entreprise. Pas de cho j.ai de meilleurs resultats de placement que les fonds. ix. La mobilisation de revenus sur des investissements forcee pendant que l.on emprunte pour de l.imobilier. Personn...

à écrit le 28/06/2013 à 18:26
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On a bien vu ce qu'a donné la crise sur les retraites par capitalisation et le fric qui s'est évaporé en bourse. Même nos caisses de retraite complémentaire ont perdu plein de fric. Rien que d'entendre parler de "suivi du risque d?insolvabilité des é...

à écrit le 28/06/2013 à 17:39
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Il est gentil le monsieur, il fait de la pub pour sa profession. Il demande que l'état (nous) participe au financement de son entreprise ....qui ne demande rien n'a rien ...

à écrit le 28/06/2013 à 17:00
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La capitalisation est de l'ordre d'entreprise privée et n'a rien a voir avec l?État ou/et les organisations professionnelle et syndicales, donc, chacun fait son choix. Par contre, un minima forfaitaire peut être versé...correspondant au "smic" pour t...

à écrit le 28/06/2013 à 16:58
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Et quand la bourse plonge, les gugusses qui ont joué avec votre retraite vous disent. Bein retourne travailler.

le 28/06/2013 à 18:11
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Ils imaginent peut-être un système où l'Etat garantie le produit si ça baisse ? Gagnant gagnant (pour eux). Les produits dans les PEA et autres, souvent, on voit des frais de gestion de 2% (entrée, annuels et sortie). Quand ça stagne,ils encaissent l...

le 28/06/2013 à 18:28
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la décence commune ,visiblement tous ces financiers ne connaissent pas.

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