L'élection iranienne, une occasion unique de renouer le dialogue !

L'élection du nouveau président iranien représente pour la communauté internationale une occasion sans précédent de renouer le dialogue avec l'Iran. Ardavan Amir-Aslani, avocat et essayiste spécialisé en droit international, estime même que rater cette opportunité pourrait s'avérer tragique...
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Depuis ce 4 août, le nouveau Président iranien, Hassan Rouhani, assume ses nouvelles fonctions. Il a été élu, contrairement à toutes les attentes, dès le premier tour lors des dernières élections qui aussi dirigées qu?elles l?étaient par le pouvoir, ont néanmoins obtenu l?adhésion de plus de 70% du corps électoral qui, en y prenant part, leur ont donné une véritable légitimité. Il serait tragique pour l?occident de rater cette nouvelle opportunité de dialogue avec ce pays qui se trouve au ban de la communauté internationale depuis plus de trois décennies.

Les iraniens veulent du changement

Tous les signes en provenance de Téhéran indiquent une sincère volonté de sortir de la crise nucléaire qui a décimé l?économie du pays, entrainant son lot de chômage, d?inflations astronomiques et de dévaluation. Les sanctions internationales, en divisant par deux la production de cet important pays pétrolier, ont réduit les exportations iraniennes à une peau de chagrin.

Incontestablement, le mandat donné par les urnes est celui d?un changement tant dans l?orientation belliqueuse de la question nucléaire que dans l?asphyxie de l?économie du pays du fait des sanctions et des erreurs de gestion. Les iraniens veulent le changement. C?est ce qui ressort des urnes. Cet état de choses n?a pas échappé aux dignitaires du pouvoir et encore moins à l?Ayatollah Khamenei, guide suprême, conscient de la nécessité de fournir un avenir aux 70% de jeunes iraniens de moins de quarante ans. Or, cette jeunesse iranienne qui n?a connu qu?opprobre et restriction sociale,a vu dans le candidat Rouhani celui qui des six autres candidats en lice était le plus à même d?embarquer le pays sur la voie de la réconciliation avec l?occident.
 
Règler le conflit nucléaire

Cette nouvelle voie d?ouverture passera d?abord par le règlement du conflit nucléaire qui nécessitera un dialogue direct entre les Etats-Unis et l?Iran. Cette volonté de négociation bilatérale a d?ores et déjà été manifestée par la bouche du premier ministre iraquien qui a fait part de la réelle volonté de l?Iran de sortir de l?impasse. Il a été également confirmé par le guide suprême. Mais 35 années de méfiance réciproque ne sauraient être balayées d?un coup de revers de la main. Les Etats-Unis devront d?abord arrêter la mise en place de nouvelles sanctions à l?encontre de l?Iran. Ici, il appartiendra au Président Obama de retenir le Congrès trop prompt à céder à l?hystérie sécuritaire du premier ministre israélien.

La marche semble déjà engagée avec la décision du Trésor américain d?autoriser la vente libre de certains équipements médicaux. Certes, il s?agit d?un geste symbolique, mais il s?agit tout de même d?une relâche du régime draconien. L?imposition de nouvelles sanctions ne fera que le jeu de ceux des éléments du pouvoir iranien qui chercheront à démontrer que la perspective de tout dialogue avec les Etats-Unis est vaine. Il faudra que Washington donne des arguments au Président Rouhani face au camp du refus.

Après les sanctions, le dialogue

Les iraniens, de leurs côtés, devront donner des gages de bonne volonté également en fermant les installations de Fordow et en arrêtant l?enrichissement de l?uranium à 20%. Graduellement et graduellement seulement, mais dans une durée néanmoins qui ne saurait excéder un an, ils devront aussi soit transférer leur uranium enrichi à 20% à l?étranger soit transformer une quantité suffisante en fuel pour leur réacteur civil, rendant de la sorte leur usage à des fins militaires difficile. In fine, la communauté internationale devra reconnaitre le droit de l?Iran à enrichir l?uranium à des fins civiles, faculté qui est d?ores et déjà directement prévue par le Traité de Non-Prolifération. Parallèlement, étape par étape, le régime des sanctions devra être adouci jusqu?à sa disparition. Les Etats-Unis, pour ce faire, devront dissocier le cas syrien des discussions avec l?Iran. Chaque chose en son temps.

Une feuille de route similaire a déjà était transposée avec succès. Il s?agit du cas Birman, où un régime honni et banni par la communauté internationale a tronqué son statut d?Etat paria en pays fréquentable en un laps de temps record de dix-huit mois. Ce n?est qu?ainsi, à travers une évolution graduelle, qu?un réel « reset » pourra s?opérer. Le temps des sanctions doit maintenant céder la place à celui du dialogue, les sanctions ayant déjà eu l?effet escompté en amenant l?espoir que l?inauguration de Rouhani représente.


*Ardavan Amir-Aslani est Avocat au Barreau de Paris et essayiste. Son dernier livre s?intitule : « Iran-Etats-Unis, les amis de demain ou l?après Ahmadinejad » paru en mai 2013 chez Pierre-Guillaume de Roux

 

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Commentaires 4
à écrit le 08/08/2013 à 1:24
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Moi j'ai toujours pas compris pourquoi on a fait baisser les exportations de voitures Françaises avec ce foutu embargo international sur l'Iran. On se retrouve avec entre autres la fermeture de PSA Aulnays pour l'intérêt des Israeliens. Si j'ai bien ...

à écrit le 07/08/2013 à 1:05
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La seul chose que j'ai retenu de cette article c'est que si on tape assez fort sur un peuple on peut le forcer à passer d'un président qui à maintenu son pays parmi les 7 qui à travers le monde ne sont pas encore endetté, à un bellâtre façon Hollywo...

à écrit le 06/08/2013 à 14:54
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t'as qu'a rever !!! y'aura aucun changement rappellez vous l'année dernière : le changement c'est maintenant !!!

à écrit le 06/08/2013 à 14:15
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Tribune optimiste, j'espère réaliste. Le temps de la détente avec l'Iran est venu.

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