Accord PSA-DongFeng ? La Chine veut des contreparties

Si l'entrée de Dongfeng au capital de PSA est très probable, les autorités chinoises cherchent à savoir avant de se décider ce que cela peut vraiment rapporter. Tour d'horizon des conditions de cet accord, par Jean-François Dufour, président de Chine-Analyse.
Jean-François Dufour, président de Chine-Analyse, revient sur les conditions d'un possible accord PSA-DongFeng | DR

 

La Chine a largement les moyens d'investir à l'étranger, et de s'offrir une part importante de PSA. Pour autant, le pays, engagé dans une stratégie d'investissements à l'étranger sur tous les fronts, et dans une multitude de secteurs, veut des investissements rentables. Non pas en termes financiers - la particularité des investisseurs chinois est précisément de pouvoir regarder sur le long terme. Mais en termes de bénéfices stratégiques - en l'occurrence, de transferts technologiques.

 

Des précédents malheureux

La question est d'autant plus sensible, que la Chine n'a pas que de bons souvenirs en la matière avec la France.

Il y a dix ans, deux opérations françaises symboliques faisaient partie des toutes premières tentatives d'internationalisation de l'industrie chinoise. Lorsque le groupe chinois TCL rachetait coup sur coup les téléviseurs Thomson et la branche téléphones portables d'Alcatel, ces deux acquisitions paraissaient susceptibles de le propulser au firmament de l'électronique grand public.

Dans les faits cependant, les deux opérations se solderont par des échecs retentissants. Leurs cibles révèleront des faiblesses technologiques, aggravées par une gestion chinoise alors peu accoutumée à l'international.

 

Une stratégie qui a évolué

Echaudée par des échecs de ce type, la Chine a fortement fait évoluer sa stratégie d'investissement industriel à l'étranger sur les dix dernières années.

La France en fournit d'ailleurs, à nouveau, une illustration, avec cette fois les deux acquisitions effectuées en 2006-2007 par le chimiste chinois BlueStar.  Rhodia Silicones et Adisseo (ancien Rhône-Poulenc Alimentation Animale), intégrés dans le groupe chinois, lui ont donné les technologies nécessaires à l'ouverture de sites de production majeurs en Chine. Mais ces transferts se sont inscrits dans le cadre de projets industriels qui ont pris soin de maintenir en France les capacités de production acquises, et surtout celles de recherche-développement qui leur sont associées.

 

Construire un projet durable

DongFeng, et surtout le gouvernement chinois qui doit valider et financer l'opération, savent dès lors qu'une coopération avec PSA, pour être porteuse pour l'industrie automobile chinoise, devra s'inscrire dans un projet industriel durable ; qui impliquera financements chinois contre transferts de technologies.

Le cas de Volvo, racheté par le constructeur chinois Geely, constitue un exemple de cette stratégie en deux temps. Au 1,2 milliard d'euros dépensés en 2010 pour l'acquisition elle-même, se sont déjà ajoutés 1 milliard d'euros de prêts, accordés à Volvo par la China Development Bank (CDB, la plus importante des banques « politiques » de Beijing) en 2012. En échange du transfert de technologies à Geely pour le développement de ses propres modèles.

 

Quel coût pour le projet industriel ?

Ce que les autorités chinoises voudront du coup savoir, c'est essentiellement deux choses : d'abord, dans quelle mesure une participation importante mais restant minoritaire permettra réellement des transferts de technologies depuis PSA.

Ensuite, quel sera, par-delà l'acquisition bon marché qui se profile du fait de la situation de PSA, le coût à terme du projet industriel dans lequel s'inscriraient ces transferts, et que devraient financer les banques chinoises.

 

Une décision positive : un bon signe pour PSA

Il faut encore ajouter les données inhérentes à l'attitude des parties tierces - GM pour l'international, et les autres "Majors" chinoises concurrents de DongFeng sur le marché chinois -, et on a alors l'essentiel des données stratégiques que Beijing va s'efforcer de peser avant de prendre une décision sur l'opportunité PSA.

Si cette décision est positive, ce sera bon signe pour PSA. Dans la mesure où cela signifiera que DongFeng a le feu vert, et les moyens, pour financer un projet industriel susceptible de rentabiliser son investissement à terme.

 

Lire aussi :  PSA-DongFeng, et si les Chinois n'étaient pas d'accords ?

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Commentaires 34
à écrit le 20/10/2013 à 11:46
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La contrepartie c'est l?accès a la haute technologie de PSA ! Sans la Chine, PSA est mort, ou devra fermer ou vendre des usines avec des milliers d'emploi a la clé ! PSA a fait dans le passé, de mauvais choix stratégique contrairement aux autres marq...

à écrit le 18/10/2013 à 23:24
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De toutes les façon PSA est mort depuis longtemps il ne savent plus concevoir de voitures sans une assistance technique externe et les sous-traitants. Depuis des années PSA pressure les sous-traitant et externalise aujourd'hui, ce ne sont que des usi...

le 19/10/2013 à 1:14
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c'est gentil pour les dizaines de milliers de personnes en R&D qui ont notamment sorti la nouvelle plateforme EMP2 qui n'a rien a envier à celle de VW Vous pensez que VW ne fait pas appel a des sous-traitants ? parmi ceux ci il y a meme des francais ...

le 19/10/2013 à 4:23
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Dizaines de milliers de personne en R&D!!! Supposons 20 000 puisque c'est dizaineS. Cela fait 10% du personnel PSA en R&D alors là je suis épaté. Trêve de plaisanterie Velizy à tout casser c'est 5000 personnes (administratifs compris). Et d?après mes...

le 19/10/2013 à 11:52
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oui, en effet, vous avez raison, quand je suis passé à la 306, à la 307, je n'ai rien vu de différend, à part le désign.

le 19/10/2013 à 14:06
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Kromagnon : Vous dites des anneries, l'Emp2 est une reference, toute l'expertise technique est detenue par les embauchés Psa et non les soustraitants, et pour avoir bossé chez Bmw le taux de sous traitance est identique voir encore plus fluctuant. De...

à écrit le 18/10/2013 à 22:55
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Nice to have ? Une entrée au capital de Dongfeng bien managée entre équilibres financiers, investissements industriels et transfert de technologies maitrisés, peut être bénéfique, voir salvatrice pour PSA, avec comme stratégie : Développements de mod...

le 19/10/2013 à 9:00
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Les chinois ne sont pas des entrepreneurs, ils bénéficient tout simplement de subventions étatiques d ailleurs dongfang est totalement nationalisé , dans le plus grand marché du monde qui plus est ultra protégé. Ils ne connaissent pas suffisamment la...

le 19/10/2013 à 12:00
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la chine ne veux qu'un transfert de technologie, afin de passer les fameux crash tests qui leur ouvriraient les portes de tous les marchés du monde. Ils n'ont pas besoin de technologie avant gardiste pour économiser 1/2 litre de carburant par ci par ...

le 19/10/2013 à 14:09
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Oui mais les chinois ne pratique pas l esclavagisme ils pillent les matières premières comme à Madagascar, provocant pollution et destruction des infrastructures routières

à écrit le 18/10/2013 à 20:44
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Perte du contrôle à terme ? Dongfeng est un mastodonte de l automobile, détenu par l État Chinois. Une montée au capital de PSA à une telle hauteur par Dongfeng est très dangereuse. Si par la suite des actionnaires ou des membres de la famille ...

le 19/10/2013 à 8:44
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Tout à fait d accord avec vous, c est faisable et réaliste ! Évitons les erreurs du passé !

à écrit le 18/10/2013 à 19:47
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Le seul investisseur semble être le chinois dongfeng... La France est la grande perdante de l opération. Un groupe financé par l état chinois prend la participation dans pas à un coût peu elevé, ce groupe transfert notre technologie et les banques ch...

à écrit le 18/10/2013 à 18:49
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J'entends bien les gens qui critiquent hollande et les socialos derrière leur clavier mais au centre de cette affaire il y a une entreprise PRIVEE à la dérive, une famille qui vit bien on ne sait où et un gouvernement qui essaie LUI au moins ! Qu'il ...

à écrit le 18/10/2013 à 17:56
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Au débit des " merveilleuses " affaires 100 % françsaise " offertes " aux Chinois, ne pas omettre les scandales marionnaud ou cabanon ( entre autres ), boite avec double comptabilité, déficit gigantesque, bilan inexact etc... Ils ont plus que raison ...

à écrit le 18/10/2013 à 17:28
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Peut être envoyer en France 200 000 ouvriers chinois? Merci monsieur Hollande et zero

le 18/10/2013 à 17:40
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C'est Sarko qui aurait fait le même boulo.

à écrit le 18/10/2013 à 17:26
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Peut être rapatrier en Chine les usines françaises? Merci Hollande et zero

à écrit le 18/10/2013 à 16:25
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Un vaste mélange populiste peu propice à l'analyse stratégique. Confondre tout ne mène nulle part. PSA traitera éventuellement à la marge avec un groupe chinois uniquement si ce dernier sert de véhicule financier pour organiser un build-up important ...

à écrit le 18/10/2013 à 14:24
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Si tu vas dans ce sens là , c'en est fini à + ou - long terme .A tous els cas , ma prochaine voiture ne serait plus jamais une Fengjo !

le 19/10/2013 à 12:05
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votre prochaine voiture sera au prix que vous pourrez y mettre, et si vous trouver une Fengjo avec la qualité de conception approchant celles des Peugeot actuelles au prix inférieur à celle d'un Sandero car subventionné par l'état chinois, alors vous...

à écrit le 18/10/2013 à 14:18
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Tout cela n'est pas bon signe, la fin du dernier constructeur de voiture Français. Renault étant déjà largement Nissan. Pas mal pour un pays qui comptait le plus grand nombre de constructeurs au début du 20ème siècle.

le 18/10/2013 à 14:33
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@BEBEL : Vous sembliez vouloir dire que c'est Nissan qui est déjà largement Renault ? Remettons les choses dans le bon ordre, c'est Renault qui possède la plus grosse partie du capital de Nissan et pas l'inverse. Quand au premier actionnaire de Rena...

le 18/10/2013 à 17:07
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Hummm... Vision très "frenchie"... Si Renault est effectivement proprio à 44% c'est en tout cas Nissan qui fait que Renault n'est pas en perte !!! Autrement dit, en terme de commerce, Bébel a raison, c'est Nissan qui donne le ton, pas Renault. Quant ...

le 18/10/2013 à 17:50
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L'industrie automobiles est bien plus importante qu'au siècle passé, @ @tintin, mais moins idéalisée, moins rêvée car d'autres segments sont apparus. Renault a financé et soutenu Nissan qui était en faillite. La société française a choisi cet angle d...

le 18/10/2013 à 18:43
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L'exemple de Renault est un cas d'école en ce qui concerne l'exercice périlleux qui consiste à brasser du chiffre d'affaires et rechercher les volumes ..à très faible valeur ajoutée (Dacia, Avtovaz Lada, Samsung) ... pour un résultat non rentable et ...

le 18/10/2013 à 18:58
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@corso, totalement de votre avis. Vous relevez le niveau de ce débat fangeux.

le 18/10/2013 à 22:37
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@brasser Au contraire, excellente est la stratégie de Renault, déconcertant les groupes qui ne l'ont que tardivement envisagé et pas encore réalisé, il est beaucoup plus facile de monter en gamme doté d'une assise sur tous les continents et pousser e...

le 19/10/2013 à 12:10
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en effet, @godrev, vous avez raison, partager les plateformes, les moteurs, l'électronique permet de refaire de la trésorie an limitant la recherche, permet d'occuper des parts de marchés, notamment en russie. Pour la monté en gamme de renault, il fa...

à écrit le 18/10/2013 à 13:02
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raté, volvo à été racheté par des indiens...

le 18/10/2013 à 13:26
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Erreur ce sont bien les chinois Geely

le 18/10/2013 à 13:47
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Oui, et je vous assure aussi que la China Development Bank n'est pas indienne... :)

le 18/10/2013 à 15:02
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sauf erreur de ma part ce doit être Jaguar et Land Rover rachetés par Tata Motors

le 18/10/2013 à 15:23
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Effectivement. Et engagés depuis cette année dans une coentreprise... avec le chinois Chery. Oui je sais, j'ai l'air un peu monomaniaque, mais on y revient à chaque fois :)

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