La réforme de l'Europe est en marche, sans la France

Le gouvernement britannique pourrait prendre une influence grandissante dans l'évolution européenne, impulsant une politique de dérégulation. La France tarde à réagir. Par Vivien Pertusot, responsable du bureau de l'Institut français des relations internationales (Ifri) à Bruxelles
Vivien Pertusot souligne l'influence que pourraient avoir les britanniques, qui préconisent une dérégulation en Europe

L'Union européenne n'est pas un long fleuve tranquille. Les évolutions au niveau des chefs d'État et de gouvernement sur les grands mécanismes politiques dominent l'actualité et l'attention, mais en trame de fond, un important débat commence à prendre une dimension dont les politiques et entreprises français doivent prendre la juste mesure : l'architecture institutionnelle et réglementaire de l'Union. Il importe, à la veille d'élections européennes, en 2014, qui pourraient donner aux partis eurosceptiques une influence beaucoup plus forte, mais également d'un changement de leadership au sein de la Commission européenne.

Les Britanniques, pionniers de l'évolution européenne?

Tout commence à Londres. A partir d'une position de paria en décembre 2011 - lorsque le Premier ministre David Cameron bloque un traité européen -, les Britanniques se sont engagés dans une stratégie qui pourrait les placer en pionniers de l'évolution de l'Union européenne. Les considérations premières reflètent certes les batailles internes au Parti conservateur, mais l'ambition affichée par le gouvernement est d'incorporer une approche avant tout britannique dans une réforme européenne.

Deux voies sont explorées. La première est de court terme : réformer le régime réglementaire européen. Outre quelques marottes bien connues, telle l'opposition à la Directive sur le temps de travail, le gouvernement et les entreprises britanniques souhaitent aller beaucoup plus loin, à la fois dans la révision de directives et de règlements existants, mais également dans l'approche générale de la régulation.

Mandaté par David Cameron, un groupe de leaders économiques britanniques vient de publier un rapport détaillant les nombreuses mesures à mettre en œuvre au niveau européen afin d'alléger le régime réglementaire, notamment pour les PME - le tout couvrant un large champ de secteurs.

Une stratégie britannique de dérégulation, qui rencontre un écho favorable

Ce rapport a été endossé par le Premier ministre britannique, qui en a informé tous ses homologues, et sera discuté au prochain Conseil européen. Cette stratégie de dérégulation n'est pas nouvelle chez les Britanniques, mais elle trouve un écho favorable de plus en plus large, dans les pays scandinaves, aux Pays-Bas, et de plus en plus l'Allemagne. La France, elle, semble réticente à s'engager dans ce débat, qui pourtant déboule tambour battant sur l'agenda européen.

La seconde voie est de moyen terme. David Cameron a promis un référendum sur l'appartenance à l'UE d'ici 2017, s'il est réélu en 2015. Son objectif n'est pas de quitter l'Union, mais de réviser les termes de l'adhésion britannique, de telle sorte qu'il soit plus aisé de défendre la cause européenne auprès de son électorat.

Il doit entamer des renégociations avec ses pairs, qui s'annoncent complexes, car certaines nécessiteraient de rouvrir les traités, et parce qu'elles s'apparenteraient à un « détricotage » des acquis communautaires.

Un parlement européen plus eurosceptique?

Le soutien européen sera plus difficile à obtenir sur ce point, mais avec un Parlement européen plus eurosceptique, une opinion publique européenne en désaffection avec l'Union, et un débat européen globalement abscons, il n'est pas totalement inconcevable que certains dirigeants se rallient à la vision britannique. L'ignorer en jugeant simplement que « ça leur passera » n'est sans doute pas une solution…

C'est donc un débat de fond et de long terme que la France doit engager, au niveau politique, mais également au niveau des entreprises. Aujourd'hui, le seul pays à offrir un argumentaire alternatif et aux contours construits à l'intégration renforcée - davantage par défaut que par dessein - est le Royaume-Uni, qui propose, en bref, une intégration différenciée.

 Des directives à annuler ou alléger

Au niveau de la réglementation européenne, les Britanniques ont enclenché une dynamique qui fait des émules. La Commission européenne travaille sur la « réglementation intelligente », et elle vient de sortir un premier document listant un certain nombre de règlements et directives qu'il faudrait annuler ou alléger.

Le gouvernement néerlandais en a fait de même en juin dernier. Le Bundesverband der Deutschen Industrie (l'équivalent allemand du Medef) travaille actuellement sur un rapport allant dans le même sens.

La France doit réagir

Si la France ne veut pas se retrouver écartée ou en retard sur ces débats, il est important que les parlementaires et le gouvernement au niveau politique, et les entreprises au niveau économique, se penchent dès aujourd'hui sur ces questions. La perspective des élections européennes est certes une opportunité à saisir, mais ne nous berçons pas d'illusions : le débat ne sera pas clos de sitôt.

Nous avons trop souvent l'habitude, en France, de ne réfléchir à l'Europe que quand les événements l'exigent, en temps de crise, de réforme imminente ou de scrutin. Notre influence et notre capacité de réflexion et d'action en sont trop contraintes : il est temps de changer d'approche.

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Commentaires 39
à écrit le 27/10/2013 à 15:51
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L'Europe est l'Union Soviétique de ce siècle. Elle subira sans doute le même sort, mais après avoir fait combien de dégâts encore ? Et personne ne peut encore prévoir l'immensité du champs de ruine qu'elle laissera derrière elle.

à écrit le 27/10/2013 à 12:17
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"il est temps de changer d'approche." Il est surtout temps de partir.

à écrit le 26/10/2013 à 23:52
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Droite gauche ou centre, nos partis sont inféodés au pouvoir de cette oligarchie des argentiers cupides apatrides sans foi sans loi ni patrie. Nos élus trahissent leur propre peuple. Les traités de Maastricht de Lisbonne et notre mise sous tutelle de...

le 27/10/2013 à 11:38
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désolé de refroidir vos ardeurs utopiques mais pour réveiller les consciences il faut au préalable les instruire , ce n'est pas ce qui est fait , entre la pub , les écolos apocalypse et autres sectarismes et démagogies rien n'est fait pour de la cohé...

à écrit le 26/10/2013 à 19:20
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Nous discuterons avec les Anglais lorsqu'ils adopterons l'Euro et que la City sera une place financière européenne, au service des européens, obéissant aux règles européennes. Bref, un Royaume-Uni totalement en Europe, délesté de ses paradis fiscaux...

à écrit le 25/10/2013 à 11:52
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Cette très juste réflexion bute sur l'obstacle d'une pensée unique incantatoire de nos partis de gouvernement. L'obèse foirail que l'on accepté depuis le début a été organisé avec même un déni français sans scrupule d'un référendum pourtant choisi. ...

à écrit le 25/10/2013 à 11:51
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POUR L INSTANT C EST L EUROPE DES BANQUIERS . ET AUTRE LOBYSTES DU CAT 40 IL FAUT LA FAIRE EVOLUE . ET PENSSE AU DROITS SOCIAUX SINON LE PEUPLE REJETERAS CETTE EUROPE DES MARCHANTS DU TENPLE ? ? ?

le 25/10/2013 à 14:05
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J'ai compté 11 fautes d'orthographe dans votre post (il doit y en avoir plus, mais j'ai renoncé). De plus, veuillez ne pas écrire en majuscules! C'est extrêmement vulgaire. Cordialement.

à écrit le 25/10/2013 à 10:07
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Le débat sur l'Europe est clos depuis que nous avons remis les clés de Bercy à Bruxelles (lire Berlin mais chut faut pas le dire).Le restant n'étant plus que gesticulations stériles,pour amuser la galerie.

à écrit le 25/10/2013 à 8:01
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Voilà que l'on encense un pays qui a un pied dedans et un pied dehors l'union européenne! Qui protège mieux ses intérêts que les autres! Qui joue sur tout les tableaux (même la dérégulation pour ses voisins) alors que les autres essaye de s'entendre ...

à écrit le 25/10/2013 à 6:59
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Les britanniques ont raison! Les français ne comprennent rien ! Il y a clairement trop de régulation qui asphyxie nos entreprises et décourage les gens à travailler. Le paradoxe dans cette histoire est que les bonnes idées viennent d'un pays qui n'es...

le 25/10/2013 à 8:12
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Alors qu'ils nous fichent la paix ! l-EU, on en veut pas

le 25/10/2013 à 14:57
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@God save Europe: quand on voit la misère dans laquelle patauge le peuple anglais, êtes vous bien sûr que les britanniques aient raison? Quand on voit que pratiquement toute leur industrie ne leur appartient plus. Quand on voit la dette de ce pays......

le 26/10/2013 à 9:32
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Si les britanniques ont fait le choix des services au détriment de l'industrie, je pense que ce n'est pas lié à leurs idées libérales (c'est indépendant). Par contre oui ils ont raison de dénoncer une administration européenne qui n'est pas du tout l...

à écrit le 24/10/2013 à 23:13
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Où est l'Europe que l'on nous promettait à la fin du siècle dernier? Où est ce Europe du plein emploi, du Grand Marché Unique, de la paix et de la démocratie? Grâce aux marchands du Temple, aux tenants de l'ultralibéralisme et aux apôtres de la destr...

le 25/10/2013 à 8:11
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+ 10000 l'EU a foiré SALEMENT !!!

à écrit le 24/10/2013 à 21:31
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L'EU = DEHORS !!

à écrit le 24/10/2013 à 21:08
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Si les britanniques arrivent à dégonfler le goître règlementaire et administratif bruxellois, laissons-les faire, ça nous arrange !

le 26/10/2013 à 15:27
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vous devriez être plus... prudent.... c'est vrai qu'il y a parfois un carcan normatif en europe, mais c'est l'arbre qui cache la forêt...... curieusement, les britanniques sot à l'attaque..... en plein dans la période ou l'Europe va négocier l?acco...

le 26/10/2013 à 19:05
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Nous n'avons pas besoin de l'Europe pour défendre notre économie. Chacun défend son pays et c'est bien normal. Nous pouvons nous aussi baisser de manière importante le coût du travail et redistribuer par l'impôt pesant sur les personnes physiques.

le 26/10/2013 à 23:59
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Qu'attendons-nous donc pour le faire ???

à écrit le 24/10/2013 à 21:07
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nos anciens doivent se retourner dans leur tombe de voir ce qu est devenu notre pays en si peu de temps c est dans le monde entier que l on se fait ridiculiser avec ce gouvernement a part nous purger le porte feuille ils font quoi et bien rien ils vo...

à écrit le 24/10/2013 à 19:47
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Les anglais mettent leur véto seuls quand ils le veulent .Je vois pas pourquoi la France ne pourrait pas faire de meme.

à écrit le 24/10/2013 à 18:32
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Mais quelqu'un sait ou est Fabius?

le 24/10/2013 à 19:36
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il fait la guerre au Mali

à écrit le 24/10/2013 à 17:55
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Ou peut etre que la France ne devrait pas reagir afin d'arreter de vouloir mettre du social/pariste partout en europe?

à écrit le 24/10/2013 à 17:51
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Même que le FN reçoivent 100% des voix , aujourd'hui a été cassé définitivement le pacte républicain entre le peuple et son exécutant (l'état) L'état va nous taxer a 15,5 % avec effet rétroactif des 16 dernières années!!!!!! Quand on en arrive a ce s...

à écrit le 24/10/2013 à 17:41
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L'Union européenne est morte ou le sera bientôt

à écrit le 24/10/2013 à 16:52
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Avec un risque de FN à 24%, c'est mal barré pour augmenter notre influence en Europe, pauvre France.

le 24/10/2013 à 17:36
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vive le vrai fn dur

le 24/10/2013 à 18:13
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Il faut disparaitre de L'europe

le 24/10/2013 à 18:42
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durs avec les plus faibles et aux ordres des puissants, c'est bon on connait, reprenais un livre d'Histoire.

le 24/10/2013 à 21:31
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vive MARINE , VIVE LE FN !!!!

le 27/10/2013 à 11:45
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avec de tels arguments l'Europe a eu peur de l'Allemagne de 1900 a 1945 , bon a présent c'est a l'Europe de prendre peur de la france et de sa dérive car ce pays a la bombe H et A contrairement a ses voisins sauf ... l'UK .. l'Europe est a un tournan...

à écrit le 24/10/2013 à 16:18
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On ne peut pas demander a un gouvernement dont la vision internationale se limite a savoir si Leonarda va revenir ou non en France, de definir une vraie direction matiere de politique etrangere. Aujourd'hui, l'amateurisme et l'emotionel sont les prin...

le 24/10/2013 à 18:30
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Vous avez très bien décrit la situation, merci pour votre pertinent commentaire

le 24/10/2013 à 19:01
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@touti : Seulement DeGaulle, svp!!!

le 25/10/2013 à 8:16
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Surtout De Gaulle !!! car entre De Gaulle et Mitterand, tout de même...hein? ! mais merci pour le pertinent commentaire

le 26/10/2013 à 13:47
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de toute façon moi president je sais pas comment faire ayraut est là tant mieux ce sont tous des acteurs en interim

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