Laissons l'initiative du dialogue social aux acteurs de l'entreprise !

Le dialogue social serait-il confisqué par une élite syndicale déconnectée de la réalité ? Par Romain Mifsud et le collectif des Innovateurs, un club de jeunes professionnels engagés pour les valeurs libérales.
Et si on laissait le dialogue social à ses vrais acteurs ? L'appel de Romain Mifsud et du collectif des Innovateurs

Débats idéologiques sur l'ouverture dominicale, remise d'un rapport trop consensuel sur la représentativité patronale, mouvements sociaux à répétition… Alors que l'explosion du chômage vient d'être confirmée, les acteurs du dialogue social donnent à l'échelle nationale une bien triste image d'eux-mêmes.

Et pourtant, dans n'importe quelle entreprise de France, le dialogue social est une réalité locale qui marche. Loin des cénacles parisiens, patrons et salariés œuvrent ensemble au développement économique, à la compétitivité, à la qualité de l'emploi et des conditions de travail, en dehors de toute posture et avec pour seule ambition, l'Entreprise.

Alors que notre système de retraite doit faire l'objet d'une réforme courageuse et que notre pays doit s'adapter aux évolutions des modes de production ou de travail, le temps n'est-il pas venu de laisser l'initiative du dialogue social à ceux qui sont les mieux placés sur le front de l'emploi dans nos territoires ?

Une gouvernance trop exclusive

Le dialogue social français, tel que nous l'exerçons aujourd'hui, provoque des ruptures générationnelles, des ruptures sociales et des ruptures territoriales. La Gouvernance de notre démocratie sociale est exclusive, trop centralisée et finalement trop mal connue des Français. La nécessité de la réformer est vitale.

Avant de débattre de la pertinence des mesures à prendre en faveur du travail, il nous faut nous interroger sur la légitimité et l'efficacité de ses acteurs, de ses représentants. L'enjeu est simple : défendre le Travail plutôt que les travailleurs … ou leurs représentants...

Imposer le choc démocratique

Malheureusement, le cadre actuel des négociations et les petites mesures d'ajustements proposées jusqu'à présent sont tout simplement illégitimes car elles confirment l'exclusion de tout un pan de nos emplois et de nos entreprises. Notre dialogue social gagnerait à être plus légitime et à rompre avec la logique conflictuelle et idéologique des relations sociales dans lequel il s'inscrit. Un choc démocratique s'impose donc.

On ne peut plus cautionner la situation qui consiste à faire accepter le diktat intellectuel de certains sous prétexte qu'ils détiennent leur représentativité de l'usage et la vérité de la pratique habituelle qu'ils ont des institutions. Moins les syndicats seront ouverts et compteront d'adhérents, plus leurs prises de positions se radicaliseront et moins l'intérêt général pourra s'exprimer.

En finir avec le monopole de syndicats qui ne représentent personne

Depuis la Loi Larcher, la consultation des organisations représentatives est obligatoire sur « tout projet de réforme envisagé par le Gouvernement qui porte sur (le travail) ». Ces consultations aboutissant la plupart du temps à la conclusion d'Accords nationaux interprofessionnel ont vocation à être transposées dans la loi sans changements, pour respecter « l'esprit du texte» et « les signataires ». Ils deviennent alors des lois opposables à tous. Et pourtant, le taux de syndicalisation en France est inférieur à 10% !

Peu importe le crédit dont se vantent les organisations syndicales : l'adhésion est le seul socle de la légitimité. Il est donc nécessaire d'expérimenter l'obligation pour l'ensemble des travailleurs, salariés, employeurs et indépendants, d'adhérer à une organisation patronale ou syndicale. Cela nous amènerait à plus d'ouverture d'esprit et à plus de proximité. Cela renforcerait la légitimité des négociateurs et permettrait de sortir des positions dogmatiques et idéologiques qui nous conduisent systématiquement dans l'impasse et qui tuent les réformes dont le pays a besoin ! A cet élan de démocratisation succéderait un vent salutaire de décentralisation dans les relations du travail.

Pour un nouveau dialogue social

Il est donc de notre responsabilité d'inventer un dialogue social pragmatique et non plus idéologique, fondé sur des défis précis et empiriques, qui associe tous les travailleurs. Un dialogue social en lien avec les spécificités de chaque territoire. Un dialogue social avec autant de particularités qu'il y a de régions, avec autant d'interlocuteurs qu'il est nécessaire et qui y associe aussi bien les partenaires sociaux que les collectivités territoriales compétentes.

Le dialogue social doit s'employer à organiser les relations sociales au plus près des besoins des travailleurs, selon les enjeux locaux, selon les réalités des bassins économiques dans lesquels les entreprises sont installées et au sein desquels employeurs et employés vivent au quotidien.Tant que les entreprises et les salariés n'auront pas pris pleinement leur place dans la négociation collective, le dialogue social ne pourra pas servir de levier pour l'emploi.

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*Le Collectif des Innovateurs est un groupe de jeunes professionnels libéraux fondé par Romain Mifsud, Héloïse Biard, Nicolas Bammez, Aurélien Bon, Alexis Bouygues, Charles Chapouilly, Claude-Edouard Crochet, Mohamed Dagdag, Xavier de Bonnaventure, Luc de Torquat, Youssef Hadine, et Alexandre Vesperini. 

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Commentaires 3
à écrit le 01/11/2013 à 20:23
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Vous censurez sec sur la question du dialogue social, dès qu'il s'agit de la réalité ! LOL

à écrit le 01/11/2013 à 16:32
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Le dialogue social pour faire passer en force le CICE sur lequel mon patron va se goinfrer est : saucissonnage du brut en ajoutant des heures inexistantes pour tomber en deçà de 2.5 x SMIC, et donc sacrifice délibéré de nos retraites par suppression ...

à écrit le 31/10/2013 à 12:48
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Amusant le mot "idéologique" utilisé par l'auteur de cet article. Depuis quand les chefs d'entreprise viennent ils débattre, lorsqu'ils le font, avec les salariés sans idéologie ?? Le, libéralisme, la baisse du coût du travail et tout ce va avec, so...

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