Des "emplois de croissance" pour relancer l'économie

Pour lutter contre le chômage, il ne faudrait créer des emplois de croissance, à savoir la mise à disposition de PME de chômeurs volontaires, qui seraient embauchés en cas de reprise. Par Olivier Regis, président délégué du Forum pour la Gestion des villes et des collectivités territoriales.
Pour Olivier Regis, président délégué du Forum pour la Gestion des villes et des collectivités territoriales, les chômeurs devraient pouvoir être mis à disposition des PME, sur la base du volontariat

Voici plusieurs années que chaque Gouvernement essaie de trouver des solutions à la crise de l'emploi en France. Pour cela, deux logiques s'opposent, celle de la gauche qui favorise l'emploi subventionné, et celle de la droite qui préfère laisser le marché de l'emploi se réguler en appliquant des baisses de charges.

Cependant, force est de constater que la situation du chômage ne s'améliore pas. Le rapport public de l'Unedic sur la situation financière de l'Assurance chômage à fin mars 2013, atteste de la nécessité de changer de modèle sur le rapport entre indemnité et emploi. En effet, l'expérience, depuis le premier recours à l'emprunt par l'Unedic en 1994, montre la quasi impossibilité du retour à l'équilibre du régime paritaire de l'indemnisation du chômage.

Une nouvelle voie pour accélérer le retour à l'emploi

Les mécanismes habituels du rééquilibrage faisant varier les taux, la durée et le montant de l'indemnisation ainsi que l'espérance du retour à la croissance ont montré leurs limites. Je propose d'ouvrir une nouvelle voie pour accélérer le retour à l'emploi qui, sans léser aucun des partenaires sociaux ni les salariés, doit redonner la confiance aux entrepreneurs et aux demandeurs d'emplois.

Je pense, en effet, qu'il faut aujourd'hui être plus audacieux et proposer une solution à mi-chemin entre les deux logiques précédemment évoquées. Pour ma part, le principal défaut de la couverture chômage repose sur le fait que le chômeur est inactif et se dévalorise à mesure qu'il reste au chômage alors qu'il détient une force de travail inexploitée. Aussi, je propose que notre pays s'appuie sur cette main d'œuvre au profit du secteur privé producteur de richesse plutôt que sur le secteur public non créateur de richesse.

Un apport complémentaire de main d'œuvre

Pour ce faire, je propos que soient créés des « emplois de croissance » afin de doper notre économie et nos PME-PMI, véritable sein nourricier de notre économie. Ce dispositif, mis en place exclusivement au profit de ces entreprises, permettrait de mettre à leur disposition des chômeurs indemnisés gracieusement pendant une durée limitée et sous certaines conditions. Cet apport complémentaire de main d'œuvre non chargée permettra à nos entreprises de booster leur activité et à créer les conditions du recrutement pérenne.

Une aubaine pour l'entreprise

Le fait que l'entreprise ne supporte aucune charge salariale, puisque le travailleur est toujours indemnisé par Pôle emploi, est une aubaine pour l'entreprise. Bien entendu, ce dispositif doit être encadré et limité dans le temps afin qu'il ne crée pas une tension à la baisse sur le marché du travail, ni crée une catégorie de travailleur au rabais. A l'instar d'autres règles du droit du travail, les entreprises ayant eu recours à des licenciements dans les 6 mois précédents, ne pourraient pas être éligibles au dispositif.

 

Mais des conditions

Par ailleurs, le dispositif serait également conditionné à l'embauche du salarié en cas d'amélioration de l'activité. Dans le cas, où l'entreprise ne pourrait pas garantir la pérennité de l'emploi et donc de l'efficacité de cet apport de main d'œuvre complémentaire, elle ne pourrait pas avoir de nouveau recours à ce dispositif. La durée de ces contrats aidés serait d'une durée d'un an (4 mois renouvelables 3 fois).

Pour le demandeur d'emploi, cette mesure prorogerait d'autant son indemnisation afin qu'il ne soit pas pénalisé en cas de non embauche par l'entreprise. Enfin, compte tenu de l'effort du demandeur d'emploi et de la mise à disposition de sa force de travail, les mois passés en entreprise seraient pris en compte pour leurs droits à la retraite, donc valorisés.

Sur la base du volontariat

Afin de responsabiliser l'ensemble des acteurs et de redonner une valeur au travail pour les demandeurs d'emploi, ce dispositif doit être basé sur le volontariat. Ainsi, plutôt que d'indemniser simplement des chômeurs, cette période de prise en charge pourrait être pleinement valorisée et ainsi éviter que le demandeur d'emploi ne déprécie ses compétences et son savoir-faire par une inactivité professionnelle subie.

En définitive, ces mesures alliant volontariat et solidarité nationale amélioreraient immédiatement la productivité des entreprises françaises. Ceci aura un effet bénéfique tant sur, leur prix de production et de vente, que sur la croissance nationale et le marché de l'emploi de manière mécanique.

 

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Commentaires 6
à écrit le 20/11/2013 à 9:52
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Effectivement, il faut un CDI à l'issue et sinon plus de possibilité de recourir au dispositif. Pour éviter les situations discriminatoires, les entreprises pourraient verser un prime compensatrice non chargée pour compléter l'indemnisation de Pôle-E...

à écrit le 19/11/2013 à 1:33
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Pour information, les entreprises peuvent déjà faire travailler des chômeurs gratuitement puisqu'ils continuent à être indemnisés par PôleE. Outre l'effet d'aubaine et le déplacement (on n'embauche pas de vrais salariés qui coûtent un salaire, a...

le 19/11/2013 à 12:52
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Ou donc avez vous vu qu'une entreprise pouvait employer gratuitement des chômeurs indemnises??!!!!

à écrit le 18/11/2013 à 22:51
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Intéressant comme idée, mais il faudra de très solides gardes-fou. Le salarié travaillant gratuitement, que faire de l’argent gagné par l’entreprise par ce travail ? Il faut s’assurer qu’il ne serve pas à augmenter les dividendes ou à rémunérer p...

à écrit le 18/11/2013 à 15:56
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Idée très interressante, à creuser. Toutefois, ne pas en confier l'étude à des technocrates administratifs inféodés auprès des intitutions financieres

à écrit le 18/11/2013 à 13:48
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Je suis chomeur depuis 1 an et demi apres 25 ans sans arret de travail et je suis assez favorable a votre initiative mais il faudrait l'assortir d'une contrepartie d'embauche en CDI au bout de la periode d'un an sans possibilite de reprendre un chome...

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