Pourquoi l'Allemagne a-t-elle saboté l'union bancaire ?

L'union bancaire votée la semaine passée est loin de contenter tout le monde : mécanisme de stabilité complexe, financement insuffisant... Pour Michel Santi, l'Allemagne a clairement saboté cette mutualisation et met en péril la croissance de la zone euro en 2014.
Pour Michel Santi, l'Allemagne a saboté l'Union Bancaire alors que le système bancaire allemand est le premier malade d'Europe...

Quelle union bancaire nous sert-on ? Celle qui implique un processus de décision d'une rare complexité ? Celle qui ne peut être efficiente qu'après consultation de toute une série d'organismes, de gouvernements et d'officiels ? Celle qui ne dispose même pas de fonds suffisants ?

Celle qui ne saurait être financée par les marchés, tout simplement du fait d'un mécanisme d'une rare opacité ? Ou celle qui ne sera réellement en place qu'en 2025, alors même que la fréquence des crises bancaires et financières aurait exigé une action immédiate ? A moins que cette union bancaire dont nos responsables politiques se montrent si fiers ait finalement rompu le nœud gordien entre banques et Etats ?

 

Un cagnotte de sauvetage insuffisante

Pourtant, jugez-en par vous-même : c'est bel et bien les fonds publics qui seront sollicités - et qui ne manqueront évidemment pas de l'être ! - dès lors que la cagnotte prévue à cet effet s'avèrera insuffisante. Car, dans le meilleur des cas, l'accord prévoit que les gouvernements européens respectifs auront la possibilité - pour soutenir leurs banques - de contracter des emprunts au Mécanisme Européen de Stabilité (MES).

C'est donc ainsi que nos dirigeants comptent opérer une ligne de démarcation entre risque bancaire et risque souverain. La priorité des priorités - qui est d'éviter que le contribuable fasse toujours les frais des crises financières - serait donc atteinte en forçant les Etats - c'est-à-dire nous ! - à contracter de nouveaux emprunts pour sauver les banques…

L'Allemagne continue d'imposer le chacun pour soi

Union bancaire de toutes les ambiguïtés et de tous les non-dits car, à des années lumière du mécanisme automatisé de transferts en vigueur aux Etats-Unis par exemple, l'Allemagne continue d'imposer le chacun pour soi dont on sait pertinemment bien qu'il exacerbe la vulnérabilité des banques fragiles de l'Union.

Hormis le processus lourd du déclenchement de ces fonds mis à disposition des banques en péril, les sommes elles mêmes dédiées à cet effet seraient tout juste suffisantes pour secourir une, voire deux, banques de taille moyenne de l'Union. Comment s'y prendra-t-on dès lors qu'une banque majeure aux activités transfrontalières sera sur la sellette ? Comment se fait-il, par ailleurs, que rien ne soit prévu pour recapitaliser celles des banques qui en auront besoin à l'issue des stress tests qui seront entrepris en 2014 ?

 

Un sabotage permanent

En outre, comment les 6000 banques de la zone euro seront-elles supervisées au niveau européen, quand il est prévu que la BCE et que le nouveau mécanisme créé par l'union bancaire aient sous leur tutelle tout au plus 330 établissements ?

Pourtant, telle est l'illusion qui berce encore les officiels européens, qui ne parviennent décidément pas à reconnaître publiquement que l'Allemagne sabote systématiquement toutes les velléités de plan prévoyant la moindre mutualisation des risques et des engagements au sein de cette Union européenne dont elle fait pourtant partie intégrante.

 

Pourtant, nos voisins d'outre-rhin sont des spécialistes de la crise bancaire

Alors que c'est les banques allemandes qui ont le plus bénéficié avant 2008 des subsides européens, exactement comme c'est les banques allemandes qui seront certainement les premières en ligne à montrer des défaillances à l'avenir. L'Allemagne n'est-elle pas en effet une sorte de spécialiste des crises bancaires, distançant en cela de très loin tout à la fois l'Espagne, l'Italie et l'Irlande ?

L'Allemagne ne nous a-t-elle effectivement pas habitué à ses secousses bancaires à répétition comme à ses banques sous capitalisées et, ce, dès 1974 et l'effondrement de la Herstatt Bank? Ironie du sort : n'est-ce pas la maladie chronique du système bancaire allemand qui a nécessité la mise en place du Comité de Bâle censé préserver l'ensemble de l'édifice, notamment des carences germaniques ? En outre, la majorité des aides gouvernementales européennes - depuis les années 2008 et 2009 - n'a-t-elle pas été destinée aux banques allemandes, tant et si bien qu'il est possible d'affirmer que les contribuables de cette Europe périphérique tant discréditée ont sensiblement participé au sauvetage des banques allemandes ?

 

L'année 2014 s'annonce mal

L'opposition farouche de ce pays à une union bancaire digne de ce nom semble dès lors hypocrite, mais il est vrai que - pour l'Allemagne - les enjeux dépassent largement le cadre de ce simulacre d'union bancaire qui la laisse de marbre. Mais qui lui permet néanmoins de sauver la face et surtout de retarder - voire d'enterrer ? - l'union fiscale…

S'il est vrai que 2012 et que 2013 furent indiscutablement les "années BCE", s'il est vrai que l'habileté florentine de Mario Draghi autorisèrent le sauvetage - au moins dans la forme - de l'euro. L'année 2014 s'annonce mal car c'est les Etats qui doivent à présent prendre le relais d'une banque centrale totalement bridée et qui a d'ores et déjà dépassé les limites formelles de son mandat. Comment nos Etats européens stimuleront-ils la croissance s'il leur est déjà si difficile de s'accorder sur une coordination bancaire élémentaire ?

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Commentaires 28
à écrit le 04/01/2014 à 12:16
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La mise en place du bail-in associe a des regles en capitaux toujours plus elevees (au detriment de la capacite de pret) permettant d'imposer les pertes sur les crediteurs devrait eviter cela. Que l'auteur s'amuse a calculer les pertes que devraient ...

à écrit le 24/12/2013 à 0:34
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Puisque les États ont été rincés par celui de 2008, le prochain krach va enfin permettre de recouvrer la souveraineté populaire. Stockez du riz, des haricots et du cash...

à écrit le 23/12/2013 à 18:18
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Ce n'est pas étonnant car l'Allemagne avec toutes ses banques régionales à sauver serait en très mauvaise posture et en les liquidant devrait spolier une grande partie de ses citoyens.

à écrit le 23/12/2013 à 17:08
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vous parlez de l'allemagne vous ne savez même où ça se trouve !!

le 26/12/2013 à 21:30
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y manque un pas apprends à ecrire

à écrit le 23/12/2013 à 15:51
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l'economiste germanophobe anti tout et partisan de la dette est ressorti pour Noël. On essaye d'absoudre Hollande et le faire redemarrer sur le dos des Allemands, les Français ne seront pas dupes.

le 23/12/2013 à 17:02
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En effet les français ne sont plus dupes car ils sont conscients qu'il faut passer d'une responsabilité individuelle de quelques boucs émissaires a une responsabilité collective. Il veulent un nouveau projet de société que l'Europe veut absoluement b...

le 24/12/2013 à 17:11
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Ce genre de discours à amené la guerre de 14 et les cents ans de déclin qui ont suivi. Seul un avenir commun et pacifique des Européens sera à la mesure des enjeux mondiaux actuels, mais les politiques préfèrent être les dictateurs de leur village pl...

le 26/12/2013 à 3:17
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En fait, je crois qu'il serait salutaire de passer plus vers une responsabilité individuelle. Si chaque Français (je dis "chaque") accepte plus de responsabilité pour sa propre vie et attendra moins de l'état de lui faciliter la vie les depenses publ...

à écrit le 23/12/2013 à 15:43
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En fait, tout les francais s'aperçoivent que l'Allemagne veut anschlusser a bas prix tous les pays d'Europe du sud dont la France, qui vont d'ailleurs se vendre a bas prix a ce nouveau 3e Reich dans un contexte déflationniste évident pendant plusieu...

le 07/01/2014 à 23:18
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Ayez l'esprit sportif au lieu de vouloir écarter en trichant un compétiteur et partenaire. Essayez de faire en sorte que le monde s'arrache les produits français. Peut-être faudrait-il envisager de LIBERER les énergies en diminuant le périmètre de l'...

à écrit le 23/12/2013 à 14:53
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la bonté n existe pas: les allemands defendent leurs interets. Ne leur reprochez pas cela. Si vous croyerz a leur bonte, alors la vous vous trompez. De plus, les allemands ont un sens quasi inegalé de "avoir raison". Quand ils font quelquechose, ils ...

le 23/12/2013 à 17:24
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c'est sûr, le Deutschland über alles est encore très présent dans leur esprit.

le 04/01/2014 à 17:44
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DIETRICH

à écrit le 23/12/2013 à 14:24
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Tout d'abord, il est normal que celui qui paie, commande. Ensuite il n'est pas normal que la collectivité doit payer pour sauver des banques, je pense qu'il est beaucoup mieux que ce sont les clients de cette banque qui payent. Après c'est au client...

le 23/12/2013 à 19:59
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Ah bon ? Ils payent quoi et qui les allemands ? C'est marrant mais personne n'en voit la couleur du pognon des allemands ...

le 23/12/2013 à 22:06
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Les allemands ont déjà payé dans presque tout les pays de l'Europe du Sud et les allemands, mais aussi les suisses achètent la dette française. Sans eux, la France serait à nouveau en faillite. (Ce serait déjà la 11ème fois, donc rien de nouveau)

le 24/12/2013 à 7:29
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La bundesbank via les comptes Target 2 de la BCE finance à hauteur de 700 Mds d'Euro le déficit de la balance des paiements des pays du Club Med.

à écrit le 23/12/2013 à 14:21
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Mais, l'Union bancaire est-elle conçue comme une union des banques, ou une union contre les banques ? de qui ? pour quoi ? Qui peut faire croire à une réglementation par qui et de quoi? quand les Etats et les Financiers sont associés comme commandité...

à écrit le 23/12/2013 à 14:18
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Il faut reconnaitre que dans l'état actuel des situations respectives de nombreux pays d'Europe, l'Allemagne craint sans doute de passer seule à la caisse en cas de problème bancaire grave...elle n'a pas tort. les autres pays doivent faire les effort...

le 23/12/2013 à 17:29
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Déjà qu'il arrête de faire du dumping social, ensuite de faire fabriquer dans les pays de l'est leurs produits qui sont juste assemblés en Allemagne pour profiter de la notoriété (injustifiée) du made in Germany. Qu'ils acceptent également une dévalu...

à écrit le 23/12/2013 à 13:37
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Les arguments de cet article sont insuffisants. La décision sur les modalités de cette union bancaire a été pris par 27 ministres et non pas l'Allemagne toute seule. Anti allemand comme en 14 Monsieur Santi ? de plus l'Union européenne n'est pas un é...

à écrit le 23/12/2013 à 13:26
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Merci pour votre propagande ... J'espère que vous êtes bien rémunérés pour cela, car en attendant cette UE et cet Euro tue gentiment tous les pays de la zone ... Les allemands ont raison de défendre leurs intérêts car il n'y en a plus pour très longt...

à écrit le 23/12/2013 à 13:23
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Franchement moins convaincant et brillant que d'habitude monsieur Santi. Dommage, on aurait aimé un plus joli cadeau de Noël que ce texte proche des convictions délivrées à la cantoche.

à écrit le 23/12/2013 à 12:25
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Franchement moins convaincant et brillant que d'habitude monsieur Santi. Dommage, on aurait aimé un plus joli cadeau de Noël que ce texte proche des convictions délivrées à la cantoche.

le 23/12/2013 à 13:01
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O Berruyer et J Sapir expliquent assez bien, avec des visions différentes, les raisons de l'échec de l'union bancaire

à écrit le 23/12/2013 à 12:06
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l'Allemagne se la joue perso depuis l'introduction de l'euro, cessons de consommer allemand afin de rééquilibrer note balance commerciale avec ce pays (partenaire?)

le 26/12/2013 à 9:52
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C'est pour cette raison que l'on vous voit tous les jours chez LIDL ou ALDI.

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