En 2014, les Émergents seront à la fête... ou pas ?

Par Romaric Godin  |   |  490  mots
Manifestants dans les rues de Rio de Janeiro, en juillet 2013. Des mouvements de protestation qui pourraient toucher d'autres pays émergents en cas de ralentissement inflationniste. / Reuters
Le 13 juillet 2014, dans le stade de Maracana, à Rio de Janeiro, la Coupe du monde de football sera remise à l'équipe qui remportera la finale. Ce sera l'apogée de cet événement mondial organisé par le Brésil pour la première fois depuis 1950.

Ce sera aussi l'occasion, quelques mois après les Jeux olympiques d'hiver de Sotchi - et alors que le Brésil organisera les prochains JO d'été et la Russie la Coupe du monde de football de 2018 - de prendre conscience de ce fameux « basculement du monde », où les émergents deviennent le principal moteur de l'économie mondiale.

L'image semble pourtant émoussée

Désormais, les émergents doivent faire face à une croissance plus faible, tandis que les pays développés reconstituent progressivement leur potentiel de croissance. 2014 sera donc encore une année à risque pour les émergents.

Deux éléments pourraient même les faire tomber dans une véritable crise. Le premier, c'est le ralentissement chinois. Le pouvoir chinois a entamé un virage très périlleux en affichant sa préférence pour la qualité plutôt que pour la quantité en matière de croissance. Mais un trop fort ralentissement serait très risqué : en dessous de 7 %, les investisseurs commenceront à s'inquiéter de voir les campagnes s'agiter. L'emballement de l'immobilier et l'obscurité du secteur bancaire sont également des risques qui, en cas de ralentissement, deviendront sensibles.

Or, si la Chine tousse, les autres pays émergents seront grippés, notamment les pays exportateurs de matières premières (Brésil et Russie, notamment). De façon générale, les investisseurs iront chercher les rendements et la croissance ailleurs. D'autant que, parallèlement - et c'est le second risque pour la zone - la fin du Quantitative Easing de la Fed entraînera un mouvement d'aversion au risque et un rapatriement des capitaux vers les pays développés. Un mouvement déjà observé au printemps 2013 et qui pourrait s'entretenir lui-même : les monnaies des grands émergents baissant, la fuite s'accélérera.

Or, pour le Brésil, la Russie, l'Inde, la Turquie ou encore l'Afrique du Sud, ce double risque est très dangereux. Dans ces pays, l'inflation demeure élevée et les pays accusent des déficits courants chroniques. En cas de dépréciation accélérée de la monnaie, les banques centrales n'auront pas d'autres choix que de relever sensiblement les taux. Donc de faire ralentir une croissance qui a déjà ralenti. Les conséquences sociales en Inde et au Brésil, mais aussi en Russie, d'un ralentissement inflationniste pourraient déboucher sur des mouvements de protestation de grande ampleur, comme celui qui a touché le Brésil en 2013. Car l'expérience montre que les effets bénéfiques sur la croissance d'une Coupe du monde ou de Jeux olympiques sont limités.

La situation est d'autant plus délicate que l'Inde et le Brésil votent l'an prochain. Dans les deux cas, le pouvoir pourrait sortir affaibli de ces votes, ce qui ne rassurera guère les marchés. Le risque d'une déstabilisation des pays n'est donc pas à écarter entièrement. La croissance mondiale en subirait alors un contrecoup violent...