Comment remanier Bercy : redonner du poids à l'Industrie

Il est acquis que le nombre de ministres à Bercy va diminuer, que l'ensemble sera vraiment dirigé. Reste à savoir quelle place donner à l'Industrie. La logique voudrait que les questions d'énergie soient rattachées à ce ministère. Par Felix Lequat (pseudonyme d'un haut fonctionnaire)

 Alors que les réflexions sont en cours sur le remaniement, notamment à Bercy où cohabitent sept ministres, il faut comprendre que les fameux « couacs » gouvernementaux ne sont pas tant des questions de personnes et de communication que des questions de structure des compétences ministérielles. Les arbitrages entre le Trésor, l'industrie et l'écologie seront des clefs importante de l'efficacité du prochain gouvernement.

 Des ministères économiques et sociaux à géométrie variable

Il est courant que la formation d'un gouvernement s'accompagne d'une redistribution des structures des ministères. Autant les grands ministères régaliens font-ils montre d'une continuité impressionnante à travers l'histoire, autant les ministères économiques et sociaux présentent des domaines de compétences et des frontières à géométrie variable. Même pour leurs dénominations, l'imagination administrative peut se donner libre cours, reflétant les orientations politiques que le gouvernement entend imprimer à son action.

Trop de ministres et secrétaires d'État à Bercy

Un des défauts les plus fréquemment commentés des structures actuelles est la multiplication excessive des ministres et secrétaires d'État à Bercy. Une architecture complexe de ministres de plein exercice, de ministres délégués, de secrétaires d'Etat, de rattachements complexes de directions et de services, de "mises à disposition en tant que de besoin", générateurs de disputes administratives, de « couacs » de communication. Le dessin des décrets d'attribution ne prend que quelques jours, voire quelques heures immédiatement à la suite de la formation du gouvernement et de la désignation des ministres. Les spécialistes savent qu'ils donnent lieu à de sévères bras de fer, arbitrés en fonction des poids politiques respectifs et des orientations gouvernementales.

Bercy a besoin d'un pouvoir a sa tête, c'est admis

L'évidence est maintenant largement admise : Bercy a besoin d'un pouvoir fort à sa tête imposant son autorité. Mais il faut se méfier des vérités convenues et les soumettre à examen. Parmi tous les concurrences internes, celle du ministère de l'industrie est sans doute la plus déstabilisante.

Et ce d'autant que le centre de la toute-puissance administrative- la direction du Trésor, est-elle même  déstabilisée par le mouvement général de l'économie et de la finance. La libéralisation a fait reculer les pouvoirs réglementaires. L'Europe les a déménagés à Bruxelles, l'euro à Francfort. Wall Street et la City , le règne des marchés financiers ont remplacé le dirigisme d'État. L'administration centrale a dû déléguer ses pouvoirs aux autorités indépendantes- ainsi la régulation des marchés financiers, le contrôle prudentiel, à l'ACP, l'AMF. Jusqu'au cœur de la compétence -l'Etat-actionnaire- qui a été délégué à l'agence des participations d'état. Pour la fonction internationale, là encore on a observé la décentralisation la masse des services commerciaux à l'agence Ubifrance, pendant que le Quai d'Orsay revendique son monopole plein sur la relation internationale de l'État.

Un ministère de l'Industrie personnifié depuis 2012 par une personnalité charismatique

Le ministère de l'industrie est une création historique récente (relativement). Issu du constat du déclin économique de la France sous-industrialisée, fruit conjoint et (apparemment) paradoxal de régimes aussi différents que le Front populaire anticapitaliste, l'Etat-corporatiste de Vichy, la Reconstruction de l'après-guerre il a regroupé l'ancien ministère du commerce du colbertisme avec les mines, l'énergie, les industries lourdes rattachées à l'ancien ministère des travaux publics. Il a été ensuite l'instrument des grands projets du gaullisme- le pétrole d'état, le nucléaire, le spatial.

Sa dénomination a été modifiée quasiment à chaque gouvernement, successivement appelé production industrielle, développement industriel et scientifique, industrie et recherche, recherche et industrie, , redéploiement industriel et commerce extérieur, industrie et PTT, etc : aujourd'hui redressement productif.

Ses compétences s'étiolaient lentement face à la rue de Rivoli, aujourd'hui Bercy. Sa raison d'être était évanescente face au mouvement de l'histoire économique. Il a fini par être absorbé par le ministère de l'économie et des finances au sein du gouvernement Jospin en 1997. Il est personnifié depuis 2012 par un ministre charismatique, politiquement plus influent dans les équilibres internes de la majorité que le chef en titre du ministère, indépendant mais installé au cœur de la place, porteur d'une vision différente de celle des administrations financières. Avec peu de moyens d'action il a fait beaucoup, avec la parole, la présence et l'infatigable énergie pour imposer le débat sur le déclin industriel, les fermetures d'usines, la surévaluation, la compétitivité, la politique de l'offre, observé avec curiosité par les milieux financiers internationaux.

Les Allemands avaient rattaché à l'énergie à un ministère de l'Écologie, ils ont fait machine arrière

Autre bouleversement lourd de conséquences structurantes sur l'action publique : le rattachement de l'énergie à l'écologie incarné dans l'innovation audacieuse- et sans équivalent étranger- de la création en 2007 du ministère de l'écologie, du développement durable, de l'énergie, des transports et de l'aménagement du territoire. Or l'énergie était historiquement le cœur de l'État productiviste, dirigiste, nationalisateur. Le ministère de la production industrielle était principalement le ministère du charbon puis celui des grands projets- dont le nucléaire. D'où là aussi source de "couacs", d'intensité aussi audible qu'avec les finances.

C'est depuis longtemps que l'Allemagne avait montré l'exemple en rattachant l'énergie et la sûreté nucléaire à l'environnement (Uwwelt), faisant en réalité bien moins bien moins que notre ministère de l'écologie et du développement durable précité. De là résulta la spectaculaire expansion des énergies éolienne et photovoltaïque, et l'arrêt du nucléaire. Nos voisins viennent de s'apercevoir du coût intenable des subventions. Par prudence politique la coalition CDU - SPD n'en a rien dit dans son accord de gouvernement. Beaucoup plus significatif bien que délibérément passé inaperçu est le déplacement de l'énergie, désormais rattachée au ministère de l'économie confié au chef de file du SPD.

Les liens entre stratégie et structures sont une question centrale dans le management de l'entreprise. Ils le sont encore plus dans la gestion de l'Etat.

 

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Commentaires 30
à écrit le 31/03/2014 à 11:15
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Ce texte a-t-il été écrit par un robot ? En tout cas il est d'une qualité exécrable !

le 05/04/2014 à 0:50
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Non, il a été écrit par un haut fonctionnaire du ministère de l'industrie, qui militait pour le rattachement de l'énergie à l'industrie ! La qualité du texte explique peut-être pourquoi en France, l'industrie se porte si mal...

à écrit le 31/03/2014 à 5:12
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La production d'énergie passe par la transformation de matières premières et la mise en œuvre de machines. Il serait sensé de la rattacher au ministère de l'industrie qui doit d'ailleurs recouvrer son nom. Le nom à rallonge actuel (redressement produ...

le 05/04/2014 à 0:55
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Le concept de développement durable est presque un oxymore ! Il visait à l'origine à apaiser les tensions entre le ministère de l'industrie et le ministère de l'environnement. Et à répondre aux tenants de la décroissance, en soulignant qu'on pouvait ...

à écrit le 30/03/2014 à 20:21
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Quelques exemples des propositions de l'IFRAP -Réforme de l’État et des Institutions Mettre la Cour des comptes au service du Parlement Mettre la partie évaluation de la Cour (200 personnes) directement au service du Parlement. -Syndicats et Soci...

à écrit le 30/03/2014 à 20:20
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Quelques exemples des propositions de l'IFRAP -Réforme de l’État et des Institutions Mettre la Cour des comptes au service du Parlement Mettre la partie évaluation de la Cour (200 personnes) directement au service du Parlement. -Syndicats et Soci...

à écrit le 30/03/2014 à 17:43
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D'abord faut taxer les entreprises, et pour résorber le chômage il faut passer a 2o heures. Martine aurait dû y penser avant.

à écrit le 30/03/2014 à 17:40
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nous n'avons plus les moyens de notre social: sécu, retraite, chômage, allocations et fonctionnaires trop nombreux etc alors qui va avoir le courage de dire aux Français , voila soit on baisse les prestations, et l'on met pour tout le monde à la retr...

le 31/03/2014 à 5:11
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Ah bon, la France est moins riche qu'à la Libération ?

le 31/03/2014 à 15:10
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Le contexte n'est plus du tout le même : la France d'après-guerre, c'était le Plan Marshall, la reconstruction et le rattrapge après deux guerres mondiales, et l'énergie bon marché. En particulier, l'énergie bon marché, c'est terminé. Mais comme t...

à écrit le 30/03/2014 à 16:13
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Les actions à venir devront être percutantes pour réduire les dépenses de l'Etat et de l'administration sur ce que dénonce inlassablement "La cours des comptes" et les SOLUTIONS que préconise l'IFRAP la « Fondation pour la Recherche sur les Admi...

à écrit le 30/03/2014 à 10:38
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que de fautes d'orthographe dans un article dont la forme ne devrait pas prendre le pas sur le fond.

à écrit le 29/03/2014 à 10:56
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Il faut planter des rutabagas.

à écrit le 29/03/2014 à 10:55
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Il faut le demander à l'élite. L'élite sait tout.

à écrit le 29/03/2014 à 10:39
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Vue depuis l'intérieur, la DGFIP née de la fusion DGI/DGCP est un monde de fous dans lequel la moitié des cadres est payée à fliquer l'autre, alors que les effectifs des "productifs" (ceux qui renseignent, contrôlent les usagers, assurent le recouvre...

le 29/03/2014 à 11:52
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bonne description....

le 30/03/2014 à 16:06
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ne vous inquietez pas, c'est pareil dans le privé, de moins en moins deposte productifs, de plus en plus de bullshit jobs

le 30/03/2014 à 16:28
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Très juste mais il faut s'inquiéter de ce mimétisme! Il y a beaucoup de ménage à exécuter!

à écrit le 29/03/2014 à 9:47
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on a mit 2 ans et une bonne fessé électorale pour se rendre compte que 7 ministres c était peut être trop il faudra bien 20 ans pour qu on commence a se poser les bonnes questions sur la mondialisation et sur le monde du travail ; la fête continue...

le 29/03/2014 à 10:35
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Excellent!

à écrit le 29/03/2014 à 9:28
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Redonner du poids a l'industrie ,trop tard: Poids de l'industrie dans l’économie France = Grece ( 16 sur 17 dans l'UE) Allemagne = 2,5 France

à écrit le 29/03/2014 à 7:05
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Louis GALLOIS à la place de MOSCOVICI et Didier MIGAUD à la place de CAZENEUVE. Tous les autres ministres ou sous ministres de Bercy : dehors.

le 29/03/2014 à 9:24
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Bravo! Mais en Hollandisme impossible : pas assez florentin

à écrit le 29/03/2014 à 6:37
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L'objectif est de basculer la fiscalité du travail sur la fiscalité énergétique; il faut regrouper dans un super ministère la fiscalité, le travail, l'énergie.

à écrit le 28/03/2014 à 20:22
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BERCY c'est comme le mille administratifs, beaucoup de ministres, de conseillers, de bureaux et depuis la fusion de la dgi et de la comptabilité publique devenus dgfip c'est encore pire ....couac dans la communication mais surtout abondances de notes...

le 30/03/2014 à 16:25
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Les actions à venir devront être percutantes pour réduire les dépenses de l'Etat et de l'administration sur ce que dénonce inlassablement "La cours des comptes" et les SOLUTIONS que préconise l'IFRAP la « Fondation pour la Recherche sur les Admi...

à écrit le 28/03/2014 à 18:42
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Il faut redonner du pods à l'industrie : il faut augmenter les salaires des ministres et des sénateurs et qu'ils organisent un débat qui durera 5 ans.

le 29/03/2014 à 9:50
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avec des comités études régional un livre blanc une mission parlementaire et pourquoi pas une mission pour anne l auvergeon pour arrosé tous les copains qui collerons les affiches au prochaine élections

à écrit le 28/03/2014 à 18:08
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Il faudrait faire comme au Japon, un super ministère de l'économie et de l'industrie, et pourquoi pas y intégré un département des affaires touristiques et supprimé le ministère actuel du tourisme

le 28/03/2014 à 22:24
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C'est sur qu'au rythme au ça va, nous allons pouvoir organiser du tourisme industriel !!! Prochaines ouvertures les musées suivants : les hauts fourneaux de Florange, l'usine d'Aulnay etc. Votre idée m'a bien fait marrer !

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