Transition écologique : l’Etat n’y arrivera pas tout seul !

Par Christophe Clergeau  |   |  525  mots
Par Christophe Clergeau, 1er Vice-président de la Région des Pays de la Loire et Représentant des Régions au Conseil national de la transition écologique.

La nouvelle ministre Ségolène Royal va réunir ce mardi pour la première fois le Conseil national de la transition écologique. La stratégie que construira la France sera largement observée dans le monde, puisque notre pays accueillera le prochain sommet mondial sur le climat en 2015. Il serait regrettable que la France s'obstine à construire cette stratégie depuis Paris, sans tenir compte du rôle et de l'apport des territoires.  

Le sommet de Johannesburg en 2002 avait permis de faire des acteurs locaux des pivots de l'action environnementale pour passer des intentions et des discours aux actes. Depuis 2012, face à l'aggravation des grands problèmes économiques, sociaux et environnementaux de la planète, les participants du sommet de la Terre « Rio+20 » ont décidé de recentrer les priorités des États sur un nombre limité mais précis d'objectifs de développement durable (ODD). Dans les mois et les années à venir, cette logique s'imposera à tous : entreprises, Etats et, bien sûr, collectivités locales. 

 Les territoires ignorés

Si on peut se féliciter que l'État se dote enfin d'une réelle stratégie dont, il faut aujourd'hui malheureusement constater que le texte actuellement préparé ignore superbement les territoires. Y compris les Régions, faites « chefs de file » pour l'énergie, le climat et la biodiversité par une loi il y a peu. Sous la plume de hauts fonctionnaires parisiens, l'Etat reprend d'une main ce que le Gouvernement octroie de l'autre : « les services de l'Etat poursuivront l'élaboration et le déploiement de projets territoriaux de développement durable et d'agenda 21 locaux ». 

 C'est bien mal connaître la réalité des territoires que de traiter ainsi l'action des collectivités. Elle est pourtant souvent efficace et innovante et elle s'inscrit largement dans les objectifs de la France. Ainsi, la Région des Pays de la Loire est la première à décliner localement des « ODD » d'inspiration onusienne. Elle a arrêté avec ses partenaires, publics et privés, six objectifs communs autour de la formation des citoyens, de la solidarité, de l'évolution vers une société post-carbone, du développement des territoires.

 Une capacité unique à impliquer les citoyens

Ignorer les milliers d'actions concrètes engagé depuis des années par les collectivités, et leur capacité unique à impliquer les citoyens dans les changements nécessaires des politiques publiques pour répondre aux enjeux climatiques n'est sans doute pas la meilleure manière d'engager cette démarche de transition écologique. Mais il est vrai que, vu de Paris, il est dans l'air du temps de ne voir les collectivités que comme un mille-feuille inefficace et coûteux, et les services déconcentrés de l'Etat comme les pionniers et pilotes de l'action locale, sans aucun budget d'intervention…

Les régions et toutes les collectivités en général se tiennent à la disposition de Ségolène Royal qui connaît bien la contribution locale à ces questions dont elle a été une pionnière, pour améliorer une stratégie nationale de transition écologique qui devra être concrète pour être crédible. Tout seul, l'Etat n'y arrivera pas !